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La Bretagne

Amiens De la pomme à l'alcool Pays vannetais et Vannes
Angers De l'agriculture au tourisme Pêche
Anjou, pays du vin et des roses Enclos paroissiaux et leur calvaire Péronne
Apprendre la Bretagne Golfe du Morbihan Phares
Art religieux breton Guérande Pierres levées
Auray Ile aux Moines Poix de Picardie
Barfleur La Hague Pont de Brotonne
Bayeux La Manche Pont de Normandie
Beauce Le Nez de Jobourg Pont de Tancarville
Bains de mer Légende bretonne Port Louis
Bono Les Veys et la presqu'île du Cotentin Produits laitiers
Bretagne Lizio Rochefort en Terre
Bretagne folklorique Locmariaquer Saint Vaast la Hougue
Caen Malestroit Sainte Anne d'Auray
Cambrai Morbihan Sainte Mère l'Eglise
Cap Lévy Neufchâtel en Bray Saumur
Caudebec en Caux Normandie Tapisserie de Bayeux
Chartres Océarium du Croisic Tours
Coutances Oiseaux migrateurs Valenciennes
    Vendôme

 

Sauvenière, fin juin 2002,

Après avoir visité l’Alsace en 1991
La Bretagne du nord en 1992
Paris et le Périgord en 1993
Les châteaux de la Loire en 1994
L’Angleterre et le Jura en 1995
La Normandie et la Tchéquie en 1996
L’ Ile de Texel en Hollande et la Provence en 1997
Les Villes Royales de France et l’Autriche en 1998
La Sicile et la Bourgogne en 1999
Les Hautes Alpes et à nouveau l’Alsace en 2000
L’Italie et la Champagne Ardenne en 2001,

Copin’Age a bouclé ses valises afin de partir à la découverte de la Bretagne du Sud.

La dernière ville belge que nous avons côtoyée est Mons et tout de suite après la France nous accueillait.

Au gré de notre itinéraire nous avons vu ou entre aperçu tout au long de notre itinéraire :

Valenciennes

Disputée à l’Espagne la ville fut prise par Louis XIV en 1677 et réunie à cette date à la France. Célèbre autrefois pour la fabrication de ses dentelles. C’est la patrie du peintre Watteau connu pour ses scènes champêtres et scènes galantes, également de Carpeaux sculpteur du mouvement et de la danse. Plusieurs de ses oeuvres sont exposées au musée d’Orsay.

Cambrai

Célèbre dans les annales de la Première Guerre Mondiale, Cambrai est une ville flamande traditionnelle depuis longtemps associée au commerce du textile et où se fabriquait la fine batiste. Malgré les destructions dues à la guerre, Cambrai reste pittoresque avec ses vieilles rues pavées bordées de maisons des XVIIème et XVIIIème siècles. Elle possède aussi une citadelle due à Vauban.

Péronne

Soixante six ans après la bataille de la Somme, le 16 juillet 1992, le conseil général du département ouvrait à Péronne l’historial de la Grande Guerre. Plus qu’un musée contant les batailles, les mouvements des troupes et les horreurs perpétrées par les Allemands, ses fondateurs ont voulu établir un lieu de mémoire, de compréhension, de fraternité dans les épreuves endurées et leur souvenir partagé. L’historial évoque et honore la mémoire des centaines de milliers d’hommes venus de toutes les contrées du monde pour souffrir et mourir dans les campagnes picardes. Il s’efforce de faire comprendre les sociétés d’alors, la vie des peuples engagés dans ce conflit fratricide et celle des combattants des deux camps afin que l’on connaisse mieux ces quatre années qui changèrent la face du monde et le destin de l’Europe. En dehors de cela, Péronne est une petite ville de 10.000 habitants qui a deux faits assez exceptionnels dans ses archives. Deux rois ont été prisonniers de ses murs. En 920 le comte Herbert garda le roi Charles le Simple prisonnier dans le château, et Charles le Téméraire y retint prisonnier Louis XI en 1468 au cours d’une célèbre entrevue. Péronne a subi de très lourdes destructions au cours des 3 guerres: 1870-71, 1914-18 et 1939-45.

 Au sujet de cette contrée, il y a un livre très émouvant qui relate l’épopée de la guerre de 14-18 : « Derrière la colline » de Xavier Hanotte – collection Belfond.

Amiens

De tout temps, Amiens a été un carrefour routier important. Aux XVIIème et XVIIIème siècles. Les gouverneurs, les intendants, les municipalités réunirent leurs efforts pour embellir la ville. C’est à cette époque que se développe l’industrie textile. Amiens a subi d’énormes dégâts en 1940. Sa cathédrale Notre-dame est une des plus belles réussites de l’art gothique et elle est la plus vaste église de France avec ses 143m. de long et une superficie de 8000 m2. Construite à partir de 1220, elle présente un élancement et une légèreté inégalées. Amiens a été longtemps capitale du velours, de la serge et de la confection pour hommes, ville de tradition ouvrière aux petites maisons de briques rouges. Mais aujourd’hui de grands travaux sont entrepris pour remodeler le centre de la cité. C’est une ville d’étudiants: on crée de nouveaux laboratoires à la faculté de sciences, un nouvel institut supérieur du management, une nouvelle école supérieure d’ingénieurs en électronique et électrotechnique. Dotée dans les années 1960 d’une zone industrielle qui fut longtemps considérée comme un modèle, Amiens a affirmé son rôle dans l’équipement automobile avec Goodyear et Dunlop pour les pneumatiques, Valéo pour les embrayages et Procter et Gamble est ici pour les détergents et les savons tandis que Whirpool l’est pour les lave-linge. Ces entreprises ont relayé le textile en plein effondrement. Quelques rares usines de confection, dont certaines de haut de gamme subsistent cependant encore.

Nous quittons avec grand plaisir l’autoroute et empruntons déjà les routes nationales qui nous permettent de mieux découvrir au passage de beaux paysages et des paisibles petites bourgades et notamment :

Poix de Picardie

Station verte de vacances et de tourisme. 

Neufchâtel en Bray

Fromages réputés depuis le XVIème siècle et productrice de cidre.

Fin de matinée, nous arrivons à Rouen où nous prenons notre premier repas, premier d’une longue série gastronomique.

Capitale de la Normandie, chef-lieu de la Seine-Maritime, Rouen est à la fois une ville terrienne et un port.

A l’origine des temps historiques, un bourg gaulois que les Romains transformèrent en ville de garnison, édifiant remparts et monuments. La cité entra dans l’histoire avec les invasions des pirates scandinaves. Elle rentre définitivement dans le royaume de France après la guerre de cent ans. Dès lors sa prospérité croît avec les années. D’admirables monuments s’édifient à partir du XVème siècle. La dernière guerre lui cause des dégâts considérables tant par les incendies allemands de 1940 que par les bombardements alliés des années suivantes. Quand les troupes canadiennes entrent dans la ville en août 1944, la cité est en ruine. Sur 130 ha. 9.500 maisons sont détruites. De nos jours, Rouen offre un visage d’une ville entièrement ressuscitée. Au delà des monuments qui témoignent d’un art régional particulièrement riche, Rouen est aussi la ville des souvenirs. Tout d’abord, celui de Jeanne d’ Arc qui fut brûlée sur la place du Vieux Marché en 1431 et dont les cendres furent jetées au vent de la Seine. Les souvenirs sont aussi ceux de deux grands écrivains: Pierre Corneille et Gustave Flaubert, tous deux d’origine rouennaise.

Trois ouvrages d’art assez impressionnants sont érigés dans la région. A savoir :

Le Pont de Normandie

Pont routier enjambant l’estuaire de la Seine, près de Honfleur. Inauguré en 1995, il est le plus grand pont à haubans du monde avec une portée centrale de 856 m. entre ses deux  pylônes de 215m que soutiennent 92 paires de haubans : sa longueur totale est de 2.141,25m, soit presque celle des Champs Elysées.  Le trafic routier traverse l’estuaire de la Seine à plus de 50m au-dessus des eaux. Lors de sa construction, cela représentait l’un des plus grands chantiers de France : 500 personnes y travaillaient. Il peut résister à des vitesses du vent de 300 Km/heure.

Le Pont de Brotonne

Mis en service en 1977, il enjambe la Seine en amont de Caudebec en Caux. C’est un pont routier à péage. Il est caractérisé par une longueur de 1280 m., un tablier suspendu à 50 m. au dessus des eaux et des pylônes de 125m.

Pont de Tancarville

Mis en chantier fin 1955, il a été ouvert à la circulation en juillet 1959. Long de 1400m, il est l’un des plus grands du type suspendu en Europe. Le pont dont le tablier est suspendu à 48m au-dessus des hautes eaux. Il est supporté par deux pylônes hauts de 125m, cas unique au monde pour des piliers en béton armé. La travée centrale, d’une seule portée, a 608m de longueur.

Caudebec en Caux

La ville connut un essor considérable grâce à l’industrie des gants et des chapeaux de feutre. Elle a été anéantie lors de la révocation de l’Edit de Nantes. La ville a été détruite à 80% en 1940. Elle garde des restes de fortifications du 14ème siècle et présente quelques remarquables demeures anciennes. Sur son territoire s’étend le parc naturel régional de Brotonne. Les parcs naturels régionaux diffèrent des parcs nationaux par leur conception et leur destination. Ce sont des zones habitées, choisies pour être l’objet d’aménagements et de terrains d’activités propres à développer l’économie (création de coopératives, promotion de l’artisanat), à protéger le patrimoine naturel et culturel (musées d’architecture), à initier les gens à la nature. Le parc naturel régional est géré  par un organisme : syndicat mixte, association comprenant des élus locaux, des propriétaires, des représentants d’associations, etc. Une charte établie avec l’accord des habitants définit sa limite et son programme. Créé en 1974, le parc naturel régional de Brotonne se compose de 58 communes, des départements de l’ Eure et de la Seine Maritime et s’étend  sur 58.000 ha autour de la forêt de Brotonne.

Les kilomètres défilent sans que l’on s’en rende compte et nous voici déjà en

Normandie

La Normandie est l’une des plus historiques et des plus pittoresques régions de France. Que la Normandie soit restée si belle et si authentique est déjà une petite merveille. Cette région de France a de nombreuses fois subi les horreurs de la guerre, depuis que Charles le Simple rencontra les Vikings en 911, les conflits se poursuivant pendant le Moyen Âge et pendant le XVIème siècle avec les guerres de religion et jusqu’à  des temps plus récents avec les conflits encore présents à nos mémoires. C’est grâce à la détermination du peuple normand que la province ne porte aujourd’hui que peu de traces de cette époque terrible, si ce n’est grand nombre de cimetières et une côte ponctuée de mémoriaux.

La Normandie, outre une longue côte, un arrière pays verdoyant et bon nombre de belles villes et cités, peut s’enorgueillir d’une des grandes cuisines de France. Sa réputation est fondée sur les excellents produits frais que mer et terre offrent à profusion. Poissons, crême, beurre, fromages dont le plus célèbre est le camembert. On peut y ajouter cidre et calvados, les deux grandes boissons normandes.

Le nom de Bocage est donné à une région comprise entre Avranches, Coutances et le pays de Vire. Haies vives sur de hauts talus entre lesquels serpentent des chemins creux. C’est le Cotentin. Les maisons du Cotentin  sont écrasées au sol pour ne pas donner de prise au vent. Elles sont de schiste, de grès ou de granite, souvent couvertes de tuiles de pierre,  à l’image des lauses des pays de montagne. Les façades, rythmées par les linteaux des fenêtres et les encadrements des portes annoncent la Bretagne voisine.

La côte normande s’étire sur plus de 500 Km  et déploie tous les types de littoraux. Le Cotentin, est ourlé de dunes ponctuées de havres avec les baies bordées en leurs extrémités de pointes granitiques. Plus au Nord, ce sont de hautes falaises, des promontoires abrupts, des caps battus par les vents. Vers le Sud, un long ruban sableux s’achève par la baie de Veys, paysage original de basses terres et marais aux horizons fuyants. L’homme y a creusé des canaux pour drainer, bâtir des ponts avec portes à flot pour que les rivières puissent déverser leur eau dans la mer. Vers Honfleur, les paysages sont spectaculaires avec les falaises, les blocs de craie éboulés et les parois argileuses ravinées sans cesse.

Une petite anecdote est parfois amusante à raconter…

Les bains de mer

Longtemps, la mer est demeurée répulsive: affaire des seuls marins et des voyageurs, et si le premier établissement de bains ouvre à Dieppe en 1778, il ne s’agit encore que d’une maison de santé destinée aux grands malades. Sous la Restauration, pourtant, la duchesse de Berry franchit le pas et lance une nouvelle mode. Une initiative hardie ! Le canon tonne lorsqu’elle pénètre bravement dans les flots sous la surveillance attentive de son médecin. La curiosité le cède rapidement à l’engouement. Et désormais la côte normande ne connaîtra plus d’éclipse. Les stations surgissent et se développent au rythme de l’arrivée du chemin de fer.

La pêche

Le temps est bien révolu de la pêche lointaine à la morue, des terre-neuvas partis pour des campagnes de plusieurs  mois au large des côtes canadiennes. Pierre Loti a longuement décrit la rude vie de ces hommes dans ses romans. La région de Granville constituait le premier quartier maritime de France à la veille de la Révolution, armant plus de cent navires pour le « grand métier ». Aujourd’hui Grandville n’est plus que le 17ème port français. Seule persiste une pêche côtière au chalut, agrémentée de ramassage de coquillages à marée basse. Une survivance davantage qu’une activité dynamique, malgré l’envoi de navires surgelant le poisson à bord. L’un ou l’autre port vivote du ramassage de la coquille St Jacques. Pour le reste, les navires de plaisance ont souvent remplacé les bateaux de pêche. Le port de Cherbourg offre 1000 anneaux ce qui le place en deuxième position après Cannes. 

De l’agriculture au tourisme

La Normandie a tout à gagner à développer son patrimoine touristique, perpétuant ainsi une vieille tradition d’accueil. Pour certains, c’est une manière d’échapper au marasme. Les agriculteurs trouvent ainsi dans la location et le tourisme à la ferme une compensation à la baisse de leurs revenus. Certains se résignent même à vendre à quelque étranger en quête d’une maison à colombage. Restent encore, cependant aujourd’hui de forts contrastes entre une presqu’île du Cotentin encore très enclavée et sous - équipée en hébergement, une côte haut-normande peu fréquentée et une Normandie centrale fière de ses stations balnéaires réputées dispersant loin dans l’ arrière-pays un maillage de résidences secondaires.

De la pomme à l’alcool

La Normandie passe pour le pays du cidre. Il n’en a pas toujours été ainsi. Sait-on que le « sildré »  y fut importé de Biscaye vers le XVème siècle. et qu’il resta une boisson de luxe jusque vers 1820 ? Aujourd’hui, chaque fermier normand fabrique son cidre et garde les secrets de sa fabrication. Il y a une saison pour tout, et principalement pour les cidres. On les élabore par temps froid, lorsque les pommes sont parvenues à maturité avancée, presque blettes. La première opération est le broyage des fruits. Les meules de jadis ont été remplacées par des broyeurs mécaniques. Il faut ensuite laisser macérer plusieurs heures le moût ainsi obtenu avant la mise sous presse. Puis le pressage est la phase essentielle. Dans les fermes, on utilise le pressoir à charge carrée et à vis verticale. Le moût est monté par couches épaisses d’environ 4 pouces et séparées par des lits de paille. Cette colonne stratifiée atteint 0,80m. de hauteur. Une sorte de palissade l’enferme, au sommet de laquelle on dispose le « mouton » c’est-à-dire un plancher sur lequel repose l’appareil de pressage. Un premier pressage donne le « pur jus ». Par souci d’économie, la même cuvée peut être pressée une deuxième et même une troisième fois : on obtient alors le « mitoyen ». Il faut démonter le pressoir pour en retirer le moût et la paille avant de monter une autre cuvée. Le jus est mis ensuite en fûts, mais il ne faut pas mélanger le pur jus et le jus de deuxième ou troisième pressage. Dans les jours qui suivent la fermentation s’opère. Les impuretés remontent en « chapeau » à la bonde. Deux soutirages, à quinze jours d’intervalle suffisent. Un bon pur jus obtenu en janvier sera mis en bouteilles à la fin de février et donnera un excellent cidre bouché. Avec le mitoyen, beaucoup plus allongé d’eau, on obtiendra le cidre de consommation courante. Naguère, chaque ferme possédait son alambic pour distiller le cidre. Chaque espèce de pommes, chaque terroir donnent en effet des cidres de saveurs variées, qui, par distillation produisent des alcools blancs très divers dont le calvados est le plus célèbre. Le « calva » est surtout augeron. Dans le Bocage, on lui préfère la « blanche ». Elle s’obtient en faisant bouillir à l’alambic du pur jus. L’alcool doit ensuite vieillir une bonne quinzaine d’années en fût, ou, mieux encore, en bouteille de grès. La blanche, qui titre honnêtement ses 72°, possède un arôme et un fruité incomparables.

Restent de bons produits laitiers

Les vaches des herbages normands sont de grandes productrices de lait. Les vaches se comptent ou se comptaient par milliers. Quand on sait qu’une vache produit en moyenne 3.600 litres de lait par an, on devine l’importance dans l’économie locale. Il faut dire que cette production est des plus simples, car les vaches sont au pré durant presque toute l’année. Elles effectuent une courte stabulation en hiver.

Aujourd’hui, la traite est assurée par le producteur et non plus par les « triolettes » ces femmes qui jadis étaient employées à cet office. 40% des producteurs disposent d’une machine mobile ou même d’une salle de traite. Un réseau de ramassage assure le transport du lait vers les grandes laiteries d’Isigny, de St Lo, de Bailleux ou d’ailleurs. Fabriquer son beurre était autrefois l’une des principales activités de la ferme. La Normandie est de fait le domaine privilégié des fromages à pâte molle. Camembert, Pont-l’évêque, Livarot sont des noms célèbres. Des fromages français étaient déjà fabriqués au pays d’Auge au 12ème siècle. C’est au 20ème siècle que la vocation fromagère de la Normandie s’affirme pour prendre l’extension que nous lui connaissons aujourd’hui.

Caen

N’offre aujourd’hui que des abords peu séduisants. Une grande plaine l’environne, couverte de vastes et modernes exploitations agricoles et d’étendues de terres labourées. Une banlieue tentaculaire l’enserre. Mais au-delà de cet environnement, Caen apparaît dans toute sa beauté. De nombreux édifices, églises et abbayes ont miraculeusement survécu aux combats de la libération. Endommagés par la bataille de Caen qui dura deux mois, ils ont cependant été habilement restaurés. Ville animée et commerçante, Caen possède un port, le 9ème de France en importance. Caen est aussi un important carrefour touristique, centre artistique et culturel de la province.

 Thierry et moi n’avions pas osé nous engager en promettant un arrêt

Bayeux

Le trajet s’étant effectué sans aucun problème, c’est avec beaucoup de plaisir que l’on a pu vous annoncer un arrêt dans cette ville toute proche des plages du débarquement. Bayeux fut miraculeusement épargnée en juin 1944. Première ville française libérée dès le 8 juin, la capitale du Bessin rappelle au fronton du Mémorial britannique inauguré en 1955 qu’ici trouvèrent la mort 1837 soldats. Si le vieux Bayeux recèle encore d’admirables maisons à pans de bois Renaissance et du XVIème siècle, la ville est surtout célèbre par une oeuvre unique au monde, 

La «  Tapisserie de Bayeux »

Une bien jolie légende en attribuait la réalisation à la reine Mathilde trompant ainsi son ennui lors des longues absences de son époux, Guillaume le Conquérant. Mais plus vraisemblablement, les créateurs de cette longue broderie en laine de huit teintes, au point de couchage et de tige, sur fond de toile de lin bise, seraient des brodeurs anglo-saxons. Constituée de huit pièces d’inégales longueurs, assemblées par de très fines coutures, elle relate, sur près de 70 m. en quelque 1500 sujets et des inscriptions latines, la lutte du duc Guillaume et d’Harold le parjure et l’heureuse issue de la bataille, qui fit le duc de Normandie, roi d’Angleterre. Cette immense tenture surprend par l’étroitesse de ses proportions. Elle n’a que 0,50 cm de haut, le motif historique se trouvant encadré de bordures décoratives animées d’un riche bestiaire. Celles-ci s’opposent par leur caractère fantastique au réalisme du thème central : l’habillement, le harnachement, l’armement et maints détails de la vie quotidienne au XIème siècle  y étant rendus avec précision. La galerie qui l’abrite offre une impression de recueillement. Une ambiance feutrée règne tout au long de l’allée en forme de U de 70m. et la lumière savamment dosée de la vitrine seule semble dans la pénombre générale, émaner de la tapisserie elle-même. La charpente, à peine visible, en forme de carène renversée de navire, souligne heureusement le rôle important joué par les bateaux de Guillaume et son rôle primordial dans le déroulement de l’ Histoire. Elle célèbre la victoire que Guillaume, duc des Normands, remporta à Hastings le 14 octobre 1066 et qui lui valut de s’emparer du royaume d’Angleterre. La toile semble avoir eu une teinte bise ; c’est une pièce assez finement tissée. La broderie est exécutée au point de tige pour tous les éléments linéaires, pour les contours, et pour les lettres au point lancé et couché pour les parties pleines. Cinq couleurs principales sont utilisées, le rouge brique, le vert bleu, une couleur vieil or, le vert olive et le bleu. L’histoire est encadrée. L’histoire suit l'ordre chronologique des événements. Les bordures sont parfois ornementales : soit elles évoquent des fables, soit elles dépeignent une action secondaire. La plupart des experts estiment que la tapisserie a été faite dans le sud de l’Angleterre et ce avant 1082. On la trouve mentionnée pour la première fois au 14ème siècle. En 1476, elle est signalée dans l’inventaire de la Cathédrale de Bayeux.

Après cette découverte magnifique, nous approchons de notre premier lieu de séjour. 

Les Veys et la presqu’île du Cotentin

Large de 6 Km, profonde de 8, la baie des Veys sépare le Calvados de la Manche. Les Veys, autrefois, c’étaient les deux gués qui permettaient de passer, sans trop se mouiller les pieds, du bocage du Bessin à celui du Cotentin en traversant les immenses marécages de la plaine de Carentan. Une fois drainée, cette dépression se couvrît de pâturages assez gras pour rassasier le bétail, et les laitages de Carentan et d’Irigny connurent la célébrité. Des polders tout neufs poursuivent la mise en valeur de la baie.

L’on peut dire que c’est ici que commence le Cotentin. Derrière le sable blanc des dunes, l’on commence à voir çà et là des tamaris, des hortensias, des palmiers. Aux prés luisants succèdent les champs de choux-fleurs. Les maisons se tassent, se resserrent, utilisent le schiste et le granite, ce granite qui peu à peu hérisse la plage de rochers sombres. Il y a une certaine douceur dans l’air : le gulf stream n’est pas loin, cela sent la Bretagne.

Nous passons deux nuits à Carentan, à l’hôtel Anse de la Baie ou un accueil très chaleureux nous est réservé. Le programme de notre deuxième journée est réservé à la découverte de la presqu’île du Cotentin.

Coutances

Sa cathédrale est une des premières à avoir adopté la croisée d’ogives. Elle se dresse fièrement au sommet de l’éperon rocheux qui porte la ville. Des lieues à la ronde, on distingue ses flèches de pierre, mais c’est de la place du parvis, face à elle, que l’on découvre le mieux sa splendide façade. De part et d’autre du grand portail, les deux tours, carrées à la base et octogonales dans la partie supérieure, se hérissent d’un faisceau de tourelles aiguës d’où émergent, à 77 m. au-dessus du sol, deux flèches élancées. La seule parure de cette audacieuse façade est la dentelle de la « galerie des roses » qui depuis le XIVème siècle réunit ces deux tours à plus de 30 m. de hauteur. Derrière elle, on découvre la tour lanterne octogonale haute de 57m. que les coutançais appellent « le plomb ». Bâtie au dessus du carré du transept, elle est flanquée de quatre tourelles d’escalier: Ses arêtes et ses parois portent une décoration de crochets, magnifiques fleurs de pierre épanouies et une simple galerie la couronne. Emplie de lumière, la nef est longue de 95 m. Des voûtes d’ogives couvrent ses huit travées, hautes de trois étages. Le triforium est orné de baies aveugles. Mais le principal attrait de la cathédrale c’est sa magnifique lanterne au décor Renaissance. La fine galerie qui l’entoure tient sur quatre piliers, formés de fines colonnettes et qui filent d’un seul jet vers les voûtes. Nous devions en avoir la visite guidée, mais à l’heure où nous nous trouvions à Coutances se déroulaient les communions solennelles. Nous n’avons donc pas eu l’occasion de la voir à l’intérieur.

Sainte Mère l’Eglise

est un des hauts lieux du débarquement. C’est dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 que les 82ème et 101ème divisions aéroportées américaines accompagnées de centaines de planeurs, atterrissent sur le canton de Sainte Mère Eglise. A 4 h 30, soit 2 heures avant le débarquement maritime, le drapeau américain flotte sur la ville. La journée du 6 juin est marquée par de sanglants combats entre les Américains regroupés et les compagnies allemandes de D.C.A. revenues de leur surprise. La 4ème division américaine, débarquée à Utah Beach, ne fait sa jonction avec les troupes aéroportées que le 7 au soir: Toutefois, les premiers contacts de patrouilles sont établis dès le 6 dans la soirée. Ce débarquement aérien avait pour but de disloquer les arrières ennemis et de protéger le flanc droit des armées alliées. Il faisait pendant au débarquement britannique de Ranville sur le flanc gauche de la tête de pont alliée. Le détail qui frappe toujours l’imagination lorsque l’on parle se Sainte Mère l’Eglise est le rappel de ce pauvre parachutiste américain qui est resté accroché de nombreuses heures au clocher de l’église lors du débarquement. Il est revenu il y a quelques années encore sur les lieux de cet exploit peu banal et certainement involontaire. Un mannequin est toujours accroché au clocher de cette belle petite église. 

Saint Vaast la Hougue

est un abri doublement sûr contre la colère des éléments d’abord, grâce à la pointe de Saire qui la protège au Nord et aux jetées de granite gris qui encerclent sa rade depuis Vauban. Contre les incursions ennemies ensuite, grâce à ses vigies de pierre : les fortifications de l’île de Tahitou d’un côté,  et de l’autre le majestueux donjon de la Hougue, fermement ancré sur les reliefs face à la pleine mer, au bout de la grande digue. Saint Vaast doit cet appareil guerrier à la dramatique défaite infligée en 1692 par la flotte anglaise aux navires de Tourville et passée à la postérité sous le nom de « bataille de la Hougue » : 12 navires français furent incendiés dans la rade.

Barfleur

est au contraire environnée d’hostilité. Elle est postée à l’angle est du Cotentin, à l’endroit où la terre devient rocher, où les vents du large courbent les arbres d’une poigne dure, où les courants qui doublent la pointe s’affrontent en de violents tourbillons et où coula en 1120 la Blanche Nef qui portait toute la famille du roi Henri Ier d’ Angleterre.

Cap Lévy 

Au-delà de la pointe de Barfleur, le rivage inhospitalier de la côte nord est désert entre le phare de Gatteville et celui du cap Lévy. Du sommet du phare de Gatteville, l’un des plus hauts de France avec ses 71 m. et 365 marches pour parvenir au sommet, le regard balaie tout l’est du Cotentin, jusqu’à la baie de Veys et les falaises du Bessin, alors que de  celui du cap Lévy, un des plus jeunes phares de France puisqu’il a été construit en 1952, on découvre la côte nord : la courbe douce de l’anse de Cherbourg et, au-delà, une côte qui s’aiguise, se durcit, se brise dans une mousse d’écume jusqu’à l’ éperon noir de

La Hague

Bec occidental de la tête du Cotentin. La fureur des flots et le sel des embruns ont rongé toute cette presqu’île. C’est le pays de la solitude, de la lande sauvage et des bruyères. C’est de cet endroit que part le bateau de sauvetage lorsqu’il y a un naufrage ou que des bateaux sont en difficulté. L’on peut voir les rails de lancement pour ce bateau. Comme il faisait très beau le jour de notre passage et que nous avons pu nous promener sur le promontoire inondé de soleil, nous avions peine à imaginer ce que cela peut-être lors d’une tempête. 

Le Nez de Jobourg 

Ses rocs déchiquetés forment un promontoire grandiose, dénudé, qui s’élève et domine la mer d’une hauteur de 128 m. Devant tant d’âpreté, l’homme s’est réfugié aux creux de quelques vallons. Sa présence se signale de loin en loin par une chaumière trapue, à peine sortie du sol, par des murets de pierre sèche protégeant on ne sait trop quoi de la violence des ouragans. Il n’y a plus, pour défier le ciel et la terre, que la petite église de Jobourg, tapie au milieu de son cimetière et les 220 ha de bâtiments de l’usine atomique de la Hague. On y assure la production de plutonium par retraitement de combustibles irradiés. 

Quelques mots au sujet des phares omniprésents en Bretagne

Tous les marins vouent une affection profonde à ces sentinelles, seuls signes de vie dans le noir de la nuit, qui balisent à leur intention passes et ports. Ils préviennent les multiples dangers d’une côte émaillée d’écueils et de récifs, balayée par des courants parfois redoutables. Rudes témoins de l’éternel duel entre l’homme et la mer, ils constituent souvent de véritables prouesses architecturales. La plupart des phares bretons actuellement en service ont été construits ou reconstruits du XIXème au début du XXème siècle. Au Moyen Age, on se contentait d’allumer sur la côte, par les nuits les plus sombres, de modestes feux de bois afin de signaler les zones les plus dangereuses. Mais au fur et  à mesure que la fréquentation des routes maritimes se faisait plus dense croissait également le nombre de naufrages. On construisit alors de véritables phares qui gardés sans défaillance par des hommes dont le nouveau métier était régi par des conditions draconiennes, guidaient efficacement les marins dans le brouillard comme dans l’obscurité. Pas de femmes ni d’enfants dans ces tours de solitude. Seuls deux ou trois hommes relevés tous les 6 mois, ravitaillés tous les deux mois pour les tours isolées en pleine mer, à condition que le temps le permette. Ils se relayaient la nuit selon le principe des quarts pour entretenir le feu qui faisait luire la lanterne bien avant que l’électricité, à partir de la fin du XIXème siècle ne vienne leur faciliter la tâche...et la rendre moins risquée. Si l’on a pu avec le temps adoucir un peu les conditions de travail et de confort des gardiens de phare, celles-ci sont restées si éprouvantes durant toute la mauvaise saison qu’un vaste programme d’automatisation a été mis en oeuvre ces dernières années, remplaçant la présence humaine par des robots informatisés. De veilleurs héroïques, les gardiens de phare sont devenus, parfois à regret, des techniciens de pointe. Ils veillent désormais à l’entretien des mécanismes et font parfois visiter leur tour. C’est pour eux l’occasion de livrer aux visiteurs des souvenirs heureux et tragiques, souvent tout récents encore. 

La Manche 

Département formé d’une partie de la Normandie, préfecture St Lo, sous-préfectures Avranches, Cherbourg et Coutances. Appartenant au Massif armoricain et s’étendant sur la péninsule du Cotentin et l’extrémité du Bocage Normand, le département est formé de deux régions de collines, séparées par une zone déprimée entre  Carentan et Lessay. Presque exclusivement rurale, l’économie est orientée vers l’élevage bovin. Certains secteurs littoraux sont consacrés à la culture maraîchère. La pêche et le tourisme ne fournissent que des ressources d’appoint.

 

La  Bretagne

Point fort de notre voyage, la Bretagne ! Il est évident qu’il faut visiter la Bretagne par étapes. Elle est pratiquement aussi vaste que la Belgique. Elle couvre en effet 27.000 km2 et notre pays en présente 30.507  Elle ne ressemble pas  aux autres régions de France. Elle est celtique, regarde vers le large, rebelle, baignée par les flots verts de l’Atlantique. Son peuple chante ses propres chants, parle sa propre langue et garde ses propres coutumes. Que la Bretagne soit si différente des autres régions de la France n’a rien d’étonnant puisqu’elle n’en fit partie que tardivement. Le premier lien dynastique se noue en 1491 quand la duchesse Anne, épouse Charles VIII de France. Pour maintenir le lien quand il mourut en 1498 elle épousa son successeur, Louis XII mais ce fut sa fille Claude qui devint l’ épouse de François Ier et finalement céda le duché à la couronne de France en 1532. La Bretagne est un lieu de sortilèges et de mythes, elle est prodigue de personnages fabuleux et de légendes vivantes. Elle s’enorgueillit de plus de 7000 saints: si la plupart sont inconnus des étrangers, certains, comme Saint Yves, sont mondialement renommés. Les processions des pardons ont  honoré leurs tombeaux, les calvaires et enclos paroissiaux ceci, surtout dans le Finistère. La Bretagne possède des menhirs, de grands châteaux et des villes fortifiées. Le littoral est long, déchiqueté, riche en plages de sable et de criques rocheuses avec des îles où les oiseaux de mer abondent.  

Bretagne folklorique 

La Bretagne possède des costumes et des coiffes d’une variété et d’une richesse surprenantes, symboles de l’identité régionale. Comme la plupart des habits régionaux, le costume breton est une adaptation de l’habit à la française de l’époque Louis XV. Transmis de génération en génération, il était autrefois de toutes les fêtes familiales et publiques. Il était d’usage qu’à l’occasion de son mariage, une jeune fille fasse la coûteuse acquisition d’une magnifique toilette qui devait lui servir ensuite durant un bon nombre d’années. Aujourd’hui, les costumes bretons ne sortent des armoires que pour des grandes circonstances: pardons, premières communions, noces, baptêmes, fêtes folkloriques. Les costumes traditionnels féminins brillent surtout par l’éclat de leurs tabliers qui reflètent, par la richesse de leur décoration, l’aisance de la famille. Mais la grande originalité du costume féminin reste la coiffe, essentiellement portée dans le Finistère et le Morbihan. La coiffe bigouden (région de Pont l’Abbé) est certainement l’une des plus curieuses et des plus connues. Autrefois de petites dimensions, cette ravissante et haute parure de dentelle a atteint, après 1930, des proportions surprenantes. L’imagination créatrice et la modification des moeurs provoquent un fourmillement de formes. Mais toujours l’originalité demeure. La parure permettait de reconnaître la classe sociale, la richesse, le veuvage,  l’état de célibataire ou de femme mariée.  

Le biniou reste étroitement lié à la culture bretonne. Cet instrument revient à l’honneur de nos jours. La Bretagne celtique a été influencée par la cornemuse écossaise, bien que la façon de jouer en soit quelque peu différente. L’on joue du « grand biniou », ou « biniou braz » à trois bourdons, dans les groupes, à la façon des « pipe-band ». Ce grand biniou est concurrencé par le « biniou broz », vieux biniou à un seul bourdon, qui accompagne la bombarde : les sonneurs vont alors par deux, l’un avec la bombarde donnant le « chant », l’autre joue du biniou en gonflant la poche de cuir d’un mouvement du coude.  

La rouelle est un motif décoratif que l’on retrouve dans tout le mobilier breton. Symboles du mouvement universel, ces « roues » sont surtout soulignées par des « clous » dorés qui, dans les meubles offerts aux jeunes mariés étaient aussi nombreux que les invités à la noce. .

Apprendre la Bretagne 

Dans le Finistère et les Côtes d’ Armor les panneaux routiers sont bilingues, le drapeau breton flotte sur quelques bâtiments officiels et bon nombre de voitures portent l’écusson BZH ce qui signifie Breizh, traduction de Bretagne  dans leur langage. Elle a sa littérature, sa presse, ses mouvements culturels plus ou moins engagés politiquement. Le drapeau breton que l’on voit flotter un peu partout en Bretagne a été créé en 1923 par l’architecte Morvan Marchal et a flotté la première fois officiellement en 1925 sur le pavillon de la Bretagne à l’exposition des arts décoratifs de Paris. Il comporte neuf bandes: cinq bandes noires qui symbolisent les cinq « pays » ou évêchés de Haute Bretagne. A savoir: Dol, Nantes, Rennes, Saint Brieuc et Saint Malo et quatre bandes blanches qui symbolisent les quatre « pays » ou évêchés de Basse Bretagne: Cornouaille, Léon, Trégor et Vannetais. Le coin supérieur gauche contient un quartier d’hermines sur fond blanc. L ‘hermine est un petit carnivore qui a été utilisé très tôt en héraldique de manière réaliste. Adoptée en Bretagne par la lignée ducale des Montfort, elle finit par être considérée un peu partout en Bretagne comme son symbole. Elle se trouve de fait dans les armoiries d’un très grand nombre de villes bretonnes aujourd’hui, dans de nombreuses enseignes et sur de nombreux produits.  

L’Art religieux breton  

Tout imprégné de traditions populaires, l’art religieux breton est un art paysan, éparpillé à travers la campagne et étroitement solidaire du terroir qui lui a donné naissance. Pieuse enclave au centre du village, l’enclos paroissial réunit dans une même enceinte l’église, le cimetière et  l’ossuaire qui est le domaine des défunts. Parce qu’il symbolise la vie éternelle on y pénètre par une porte triomphale. Création la plus originale de l’art breton, le calvaire et son petit peuple de statues révèlent la maîtrise des imagiers qui taillent le rude granite avec autant de verve que le chêne des jubés et des retables. Fête à la fois religieuse et profane, procession folklorique haute en couleurs, le pardon vient directement des anciennes cérémonies druidiques. Le pardon est peut-être la manifestation la plus spectaculaire de l’étrange religion mixte de la Bretagne, combinaison de paganisme et de catholicisme, où le profane et le sacré se mêlent intimement. Directement issu des cérémonies celtiques, il consiste essentiellement en une procession effectuée pour obtenir le « pardon » d’une faute ou une grâce quelconque. Surtout répandu dans le Finistère, où la moindre chapelle rustique à le sien, il est moins courant dans les autres départements bretons. La Bretagne compte un nombre impressionnant d’églises. En dépit de leur variété, les églises rurales bretonnes possèdent un certain nombre de caractères communs. Edifiées selon un plan rectangulaire elles ont une nef dépourvue de fenêtres au-dessus des arcades. La charpente évoque une carène de navire. Cette voûte de bois est généralement peinte de couleurs vives et ses poutres, ses entraits et sablières sont abondamment décorés. Quand il n’y a pas de transept, ce qui est le cas le plus fréquent, le choeur est séparé de la nef par un grand arc de pierre, fréquemment traversé par une « poutre de gloire ». Son poids obligea parfois à la soutenir et, avec les poteaux, sculptés à leur tour, elle se transforme en jubé. L’art des sculpteurs sur bois s’exprime également par un grand nombre de statues de saints, de chaires à prêcher, de niches à volets contenant généralement un arbre de Jessé et surtout par des retables d’une prodigieuse luxuriance. Les fresques sont très rares. A l’extérieur, les deux éléments les plus marquants de l’église bretonne sont le clocher et le porche. Le premier, toujours élégant souvent « à jour », habituellement agrémenté d’une galerie et de clochetons, servait également de beffroi. Le second ouvrant de préférence vers le sud, est suffisamment vaste pour servir de salle de réunion aux notables de la paroisse. 

Les enclos paroissiaux et leur calvaire 

Inspiré par le culte des défunts qui a toujours été à la base de la mystique de ce pays où la mort fait partie de la famille, l’enclos paroissial est d’abord un cimetière : situé en plein centre de l’agglomération et entouré d’un mur. On franchit ce mur, en général assez bas par une porte monumentale qui prend parfois des allures d’arc de triomphe, car elle symbolise l’entrée dans la vie éternelle. Les tombes sont peu nombreuses et un ossuaire permettait de faire de la place aux nouveaux arrivants. Enfin au milieu de l’enclos, le monument le plus original de l’architecture religieuse bretonne : le calvaire. Souvent naïve, la sculpture est toujours pleine de verve et très expressive. Dans les grands calvaires, dont certains comptent plus de cent personnages, ce n’est pas seulement la Passion qui est représentée mais toute l’histoire de la Vierge et du Christ, depuis l’annonciation jusqu’à la résurrection. Construits entre la fin du XVème et la fin du XVIIème siècle, ces calvaires constituaient par leur imagerie parfois cocasse mais surtout impressionnante une leçon permanente d’histoire sainte pour un peuple encore en majeure partie illettré. Les enclos paroissiaux et leurs calvaires semblent être une exclusivité du sud du Léon et du nord de la Cornouaille. Il y en a pourtant un en plein Morbihan, à Guéhenno que nous aurons l’occasion de voir lors de notre journée à Lizio et Rochefort en Terre. C’est la seule exception. Pour deux raisons, elle est remarquable. Non seulement ce bourg abrite l’un des sept grands calvaires bretons mais aussi le seul qui ait pratiquement été construit deux fois, à trois siècles d’intervalle. Erigé en 1550 par Guillonic, il fut mis en pièces pendant la Révolution. Grâce à Dieu, mais surtout aux habitants du village, la plupart des morceaux furent récupérés et précieusement conservés. En 1853, le recteur et son vicaire, aussi riches de bonne volonté que dépourvus d’argent, n’eurent d’autre ressource pour mener à bien la restauration que de recoller les morceaux et de sculpter eux-mêmes ce qui manquait. 

Les oiseaux migrateurs

Situées entre les aires de nidification d’Europe du Nord et les zones d’hivernage de la Méditerranée et d’Afrique les côtes bretonnes ont une position clé pour les oiseaux migrateurs. Le petit anneau de métal souvent coloré qu’on leur fixe à la patte porte un n° d’identification et l’adresse d’un centre émetteur. Il permet de déterminer la distance parcourue par l’oiseau, la vitesse de vol (15.000 Km à raison de 120 Km par 24h pour la sterne arctique par ex.) et l’itinéraire choisi. Il sert également à repérer les lieux de ponte et d’hivernage, à connaître la durée de vie (environ 15 ans pour le tadorne de Belon) et à évaluer l’effectif de l’espèce. Ainsi, grâce au radar, on peut désormais suivre «  en direct » les parcours migratoires. La plupart des oiseaux, canards, cormorans, mouettes, goélands se déplacent en bandes impressionnantes formant un V. Le chef de file est régulièrement remplacé. Les points de départ et d’arrivée ne changent pas. Beaucoup d’espèces utilisent les mêmes nids d’année en année. Le trajet est toujours identique mais le retour peut-être différent. Les migrateurs parcourent des milliers de kilomètres en se repérant au soleil, aux étoiles, à la lune et à la topographie qu’ils reconnaissent. Avant le départ, l’oiseau accumule de la graisse: il double parfois son poids. La hauteur de vol dépend du relief et des conditions atmosphériques; la moyenne varie entre 2000 à 4000 m., mais certains, comme le chevalier, la barge ou la sarcelle, peuvent atteindre 10.000 m. Les premiers baguages ont été effectués au XIX ème siècle, mais c’est à partir des années 1920 que l’usage se développe véritablement. Chaque année en France, 350 bénévoles baguent 200.000 oiseaux. On en compte 5 à 6 millions pour l’Europe, capturés à l’aide de filets, puis fichés : âge, sexe, poids, taille, longueur des ailes, signes particuliers, avant d’être relâchés. 

En cours de route nous avons traversé la forêt de Paimpont. La Bretagne est connue pour ses légendes : en voici une. Un des compagnons du roi Arthur, Merlin l’enchanteur, est venu dans la forêt de Brocéliande afin d’y vivre dans la retraite. Mais il rencontre Viviane. L’amour exalte l’enchanteur et la fée. Pour garder plus sûrement Merlin, Viviane lui soutire un à un ses secrets et l’enferme dans un cercle magique. Ce serait un jeu pour lui de se libérer, mais il accepte avec joie et pour l’éternité, cette captivité amoureuse. La forêt de Paimpont est le dernier vestige à l’Est de l’immense forêt qui couvrait encore, aux premiers siècles de notre ère, une notable partie de la Bretagne intérieure, sur près de 140 km. Les défrichements opérés de siècle en siècle ont réduit la forêt de Paimpont à une surface actuelle de 7067 ha dont 500 appartiennent à l’état. Toutefois, ces dernières années de grandes surfaces plantées de résineux ont été aménagées. Elles augmenteront dans l’avenir la production du massif.  

Malestroit 

Proche des landes de Lanvaux cette coquette cité construite sur les bords de l’Oust conserve d’intéressantes demeures gothiques et de style renaissance. Malestroit fut au Moyen- Age l’une des neuf baronnies en Bretagne. Y est installé le musée de la résistance bretonne. Il relate de façon très vivante une page importante de l’histoire locale. Un film retrace les grandes étapes de la seconde guerre mondiale : effort de guerre allemand, invasion de l’Europe, préparation des Alliés, débarquement, libération. Une suite de salles contenant de nombreux panneaux explicatifs, audiovisuels, mannequins, armes, photographies, etc.,fait revivre chronologiquement le conflit sur le plan local. A côté des faits d’armes, on découvre la période de restrictions, le marché noir, la collaboration. Dans le parc,  reconstitution du mur de l’Atlantique et présentation de véhicules et pièces d’armement alliés et allemands. Le long de la route s’élève un monument commémorant la  bataille qui eut lieu le 18 juin 1944 entre maquisards et soldats allemands. 

Et peu à peu nous nous approchons du

Morbihan 

Terre de haute tradition urbaine qui regorge de petites cités de caractère. Rochefort en Terre, Lizio, Auray sont autant de noms de villages médiévaux, témoins d’un splendide passé lié à la richesse de la bourgeoisie ou à la présence de puissants seigneurs locaux. Ces cités se situent sur la côte comme à l’intérieur des terres et ont été bâties autour de monastères ou de mottes féodales généralement dans des sites défensifs. Elles n’ont pas toutes conservé les hautes fonctions administratives, militaires ou commerciales qui leur valurent jadis lustre et prospérité, mais dans l’ensemble leur patrimoine architectural a franchi les siècles avec brio et a soigneusement été réhabilité. 

Le golfe du Morbihan 

Destination choisie pour notre voyage, compose avec le Finistère, les Côtes d’ Armor et l’Ille et Vilaine la région «  Bretagne ». En plus de son riche patrimoine maritime et naturel, il s’enorgueillit de nombreux vestiges de son passé: site mégalithiques, édifices religieux et traditions folkloriques. Le golfe en lui-même, « Morbihan » en breton, petite mer, qui a donné son nom au département, couvre 12.000 hectares et s’étend sur 25 Km jusqu’au goulet qui débouche sur l’océan Atlantique. 

Le Bono 

Lieu de notre séjour, Le Bono est petit port méconnu, l’un des plus plaisants de la région. Nous ne l’avons malheureusement vu qu’à marée basse, ce qui lui donne évidemment un autre aspect. Il est encaissé entre les rives boisées de la rivière du Bono, l’estuaire du « Sal ». Les « forbans » barques de pêche locales étaient célèbres dans tout le golfe, autant que le voilier à coque rouge du navigateur Moitessier, dont ce fut le dernier mouillage. Le Bono est un endroit où il faut s’arrêter, goûter les paysages et le savoir-boire des bars de marins. Les habitants, on les appelle les Bonovistes, sont des marins hors pair. Jusqu’au milieu du XXème siècle, 90% des hommes actifs étaient des marins, les femmes s’occupant de la commercialisation du poisson. Le forban était une embarcation, une chaloupe ventrue à coque de chêne, équipée de deux mâts, sur laquelle ils pêchaient, mais qui servait aussi, à l’instar des sinagots plus au sud, à des pirateries et contrebandes diverses. En 1907, le port comptait 150 forbans et 400 marins. Le pont suspendu du Bono fut édifié en 1840 sur le modèle de celui de La Roche Bernard et consolidé en 1907. Au départ, il fallait s’acquitter d’un péage pour le traverser. Malgré le besoin d’un ouvrage plus important, les amoureux de sa silhouette, pleine de charme, ont réussi à empêcher sa destruction. Le port n’est pas à proprement parler sur la rivière mais dans une échancrure de la rive gauche. Les quais de pierre dessinent un petit bassin surtout fréquenté par les plaisanciers. Au début du quai le sentier longe les cabanes ostréicoles. Il rejoint ensuite la rivière d’Auray pour arriver à l’anse de Kerdréan. Juste à l’extérieur du village se trouve le tumulus de Kernourz. Il rencontre un dolmen à couloir d’une douzaine de mètres, terminé par une chambre funéraire formant un coude. Cinq des dalles des parois sont gravées de motifs évoquant une pieuvre. A côté, six tombelles sont placées en cercle, composant une petite nécropole. Les objets qu’on y a découverts (vase, bracelets) sont exposés au musée archéologique de Vannes. Sur l’autre rive, il y a un moulin à marée avec son étang de retenue. C’est le moulin de Kervilio. Sur la hauteur se trouve la chapelle Notre-Dame de Béquerel, site champêtre d’un pardon très fréquenté dans la région. Elle fut bâtie au XIVème siècle sur l’emplacement d’une source sacrée qui jaillit dans le choeur. Entièrement remaniée au XVI ème siècle, elle possède de belles sablières (pièce de bois horizontale qui supporte d’autres pièces de la charpente d’une toiture) sculptées de personnages pittoresques (un cochon jouant du biniou) et des ex voto marins que les pèlerins portent en procession lors du pardon. 

L’endroit où nous logions les « Hostelleries Abbatiales », était au départ, un vieux manoir érigé en 1427. Il appartenait à cette époque à Yves de Ponstal, évêque de Vannes, et s’appelait le Manoir de Kerdréan. Au cours des siècles, le manoir est bien sûr passé de propriétaire en propriétaire, dont Honoré Baindel, chef de la Chouannerie. On y a découvert un atelier d’uniformes des armées royalistes en 1803. Vers 1850, il est acquis par Auguste Guyot de Salins et il a été habité pendant des décennies par les générations successives de cette famille. A ce jour, le manoir est donc transformé en hostellerie. L’ancien manoir abrite encore quelques chambres et une salle à manger beaucoup plus typique que dans la nouvelle partie. Moellons et granite, petites fenêtres donnent un charme particulier à l’endroit flanqué d’une immense cheminée. La nouvelle aile construite en forme de navire abrite des chambres toutes identiques, très petites mais confortables, des salles de séminaire. Entre bâbord et tribord, une piscine en plein air invite à la trempette, mais quelques degrés de plus étaient nécessaires pour y faire un petit plongeon. L’on peut se poser des questions quant à la juxtaposition des deux styles, l’un est évidemment conçu pour la rentabilité, mais l’autre a une âme et pour moi, strictement personnellement, je trouve que les deux styles se heurtent. Ce qui n’enlève absolument rien à la qualité des services fournis. 

Le pays vannetais et Vannes 

En breton, le nom du pays vannetais est Brogwened, ce qui signifie province blanche. Au fond de son golfe protégé, Vannes, la capitale, est très tôt une cité commerçante prospère. Le plus ancien peuplement du pays vannetais est préhistorique : on en voit les traces aux alignements de Carnac, aux tumuli de Gravinis ou de Locmariaquer. Vannes allie le charme des vieilles cités médiévales à celui des ports de plaisance. Sous la domination romaine, elle est l’une des 5 grandes cités d’Armorique et une cité commerciale florissante. Elle prend toute son importance lorsque Nominoë, comte de Vannes, est placé par le roi franc, Saint Louis, à la tête de la province de Bretagne. C’est lui qui pose les bases de l’indépendance et impose l’idée d’un royaume breton. Sous le règne de louis XIV, Vannes est pendant quinze ans le siège du parlement breton, ce qui contribue à son développement et à l’enrichissement de son patrimoine architectural, grâce à des politiciens surtout préoccupés par leur propre confort et qui font donc bâtir de splendides maisons. De nos jours, on peut encore apprécier certains vestiges de ce riche passé, tels les remparts parmi les mieux conservés de France, qui ceinturent la ville et remontent aux 13ème et 14ème siècle. Le cœur de la ville recèle d’innombrables trésors, parmi lesquels un important patrimoine de maisons à pans de bois. Les plus anciennes datent du 14ème, mais les plus remarquables, dotées de superbes encorbellements remontent au 16ème siècle. On découvre également le château Gaillard, construit en granit, la Chambre des Comptes et le Parlement. Le vaste bâtiment de la Cohue assurait au Moyen Age la double fonction de marché couvert au rez de chaussée et de cour de justice à l’étage. La cathédrale Saint-Pierre a été maintes fois transformée. De l’édifice roman  reconstruit au 12ème siècle, il ne subsiste que la tour percée de fines meurtrières. Dédiée au Saint Sacrement elle est considérée comme un petit joyau d’architecture renaissance. Plusieurs hôtels particuliers en pierre encadrent l’édifice .Dans le quartier Saint Paterne, l’on découvre l’église du même nom dont le clocher domine les maisons à colombages. Elle constituait l’une des sept étapes du pèlerinage du Tour de Bretagne. Elle abrite aujourd’hui un riche mobilier principalement composé de retables. 

L’Île aux Moines 

Petite perle qui semble émerger de l’eau, l’île aux Moines (6km de long) est la plus grande du golfe du Morbihan. Elle était autrefois attachée par une étroite chaussée à l’île d’Arz et elles ne formaient qu’une seule terre. La légende parle d’une histoire d’amour entre un habitant de l’île d’Arz et une habitante de l’île aux Moines dont les familles s’opposaient à l’union à cause de leurs différences sociales. Les habitants de l’île aux Moines étaient marins seigneurs des mers tandis que les autres n’étaient que de simples pêcheurs. Refusant de devoir se séparer de sa bien-aimée, le jeune homme fut envoyé au monastère de l’île d’ Arz et contraint de prononcer ses voeux. Mais la jeune fille continuait à venir chanter sous les fenêtres de son amoureux. Elle était si belle et chantait si bien que tous les habitants s’arrêtaient de respirer. Un prieur, qui y voyait une manifestation du diable, demanda à Dieu d’empêcher la malheureuse de revenir sur l’île. Un jour, alors qu’elle retrouvait son bien-aimé sur la chaussée une vague les emporta et les noya tous les deux. C’est depuis ce jour, dit-on, que les îles se sont séparées. Voilà la légende. Pour nous, cela a été une journée magnifique. Promenade dans l’île, repos au bord de la mer, chacun y a trouvé son bonheur et plusieurs sont rentrés à l’hôtel avec un coup de soleil. Les promenades sur l’île sont très jolies, mais si l’on veut sortir des sentiers battus on doit s’engouffrer dans les impasses que l’on trouve un peu partout. Elles abritent en général des maisons de pêcheurs traditionnelles aux façades et fenêtres colorées, parfois nanties de charmantes petites cours fleuries. L’on comprend que la beauté de l’île où poussent mimosas, camélias, palmiers orangers et citronniers et la douceur de son climat en font une station balnéaire bien estimée 

Guérande 

Perchée sur un coteau, entourée d’épais remparts, Guérande est la capitale millénaire d’un petit pays entouré d’eau : Loire au sud, Vilaine au nord, marais briéron à l’est et l’océan devant. Etonnant concentré de Bretagne avec ses ports vivants, ses châteaux et ses villages de granit, ses marais et ses chaumières. Lorsque Balzac la découvre au XIX ème siècle, il écrit « une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse, recueillie où les idées nouvelles ont peu d’accès. Aujourd’hui, c’est précisément ce côté préservé qui fait son charme. 

Ce qui fait la richesse de Guérande, c’est bien évidemment son sel. Son premier atout est sa position géographique au bord de la mer à proximité de deux axes fluviaux, sous un climat qui se prête à la récolte du sel et  la culture de la vigne. On trouve des traces de l’exploitation du sel dès l’époque des Celtes qui l’obtenaient en faisant chauffer de l’eau de mer dans de petites auges d’argile. Les premières salines aménagées dans l’esprit de celles que l’on voit tout le long des routes dateraient des Romains. Au Moyen Age les moines poursuivent cette activité. Mais c’est sous la férule des ducs de Bretagne que l’on développe vraiment les salines. Au XVIème siècle, victime de l’ensablement progressif, Guérande cesse d’être un port. Les négociants bretons remplacent le sel par les toiles qui font la richesse de la province. Après un long déclin, les salines ont été restaurées et remises en activité par une nouvelle génération de paludiers ces dernières années. Les marais de la presqu’île guérandaise sont répartis sur deux pôles et comprennent 1800 hectares. 

L’automne et l’hiver sont consacrés aux gros travaux : curer les canaux et renforcer les digues. Au printemps, on procède au toilettage, on enlève les vases, on vérifie l’argile des ponts, on redonne leur forme aux bords, on colmate les fissures. Juste avant la remise en eau du début de saison, on « décharge » le marais : les œillets sont vidés et on vérifie que l’argile du fond est immaculée. Deux jours plus tard, c’est le premier sel. 

L’œillet se reconnaît aux petites plates-formes, circulaires en leur centre, d’où le paludier remonte le sel. Il y circule pieds nus pour ne pas endommager les murets d’argile très fragiles. Le sel le plus fin apparaît le premier à la surface, en larges plaques blanches : c’est la fleur de sel. On la cueille délicatement et on la verse dans un panier, car elle est la plus rare (5kg par jour et par œillet). Le gros sel gris se forme au fond de l’œillet : on le racle avec une sorte de râteau  sans dents et à long manche. On le transporte ensuite jusqu’au trémet où il forme un gros tas appelé mulon. 

Anciennement pour travailler, le paludier s’habillait tout en blanc, bas, guêtres, culotte bouffante et sarreau flottant. Le large chapeau de feutre à trois pointes se portait de plusieurs manières : une pointe sur l’oreille pour les célibataires, en arrière pour les hommes mariés, en avant pour les veufs. Les femmes relevaient leurs cotillons pour en préserver le bas en les faisant gonfler à l’aide d’une ceinture sur les hanches. Elles avaient un mouchoir à carreaux sur les épaules et une coiffe simple surmontée d’un petit coussin pour porter les corbeilles de 30 kg de sel. 

Océarium du Croisic 

Son aquarium tunnel permet de voir raies, mérous et même requins. Le milieu atlantique est remarquablement expliqué : une salle est consacrée aux espèces des mers chaudes. Une petite colonie de manchots du Cap est hébergée à l’extérieur. 

Port Louis  

Fortifiée sous les ordres de Richelieu et baptisée Port Louis, l’ancien Havre de Blavet devra sa renommée aux riches heures de la Compagnie des Indes orientales, installée là. C’est en effet sous le règne de Louis XIV que la ville s’enrichit grâce au commerce maritime avec tous les pays situés au-delà du Cap de Bonne Espérance. Epices, cotonnades, porcelaines mais aussi diamants et opium seront débarqués sous le regard vigilant de la citadelle commencée au XVIème siècle par les Espagnols alors maîtres de la cité. Aujourd’hui, les casernements de cette magnifique citadelle accueillent le Musée de la Compagnie des Indes. L’on y revit cette aventure commerciale sans précédent au fil des expositions où abondent maquettes et échantillons de produits importés, médailles et cartes. 

La citadelle de Port Louis présente une géographie impressionnante : à l’avant, trois larges bastions réalisés par les architectes de Louis XIII forment une étrave pointée vers la mer. De chaque côté, les deux bastions en forme d’as de pique sont l’œuvre des Espagnols. Certains détails sont des ajouts postérieurs, comme les échauguettes de 1716 ou le grand pont de pierre de 1793. De la citadelle; l’on a une très belle vue sur Lorient. 

Locmariaquer 

Commande l’entrée du golfe du Morbihan. Ce haut lieu historique, où l’on trouve les plus impressionnants menhirs de la région est aussi une petite station balnéaire dont les habitants, essentiellement des agriculteurs et des ostréiculteurs, ont tendance à se tourner vers le tourisme, délaissant des activités plus traditionnelles. Le tumulus de Mane-Lud, vieux de 4000 ans, long de 80 mètres et contenant deux rangées de menhirs est assez impressionnant. Lorsqu’on les a découverts, ils étaient curieusement surmontés de crânes de chevaux. On a également retrouvé des ossements humains à l’intérieur, au bout d’un couloir menant à une sorte de crypte. La « pierre de la sorcière » ici à Locmariaquer est le plus grand menhir du monde. Il a probablement été dressé comme les autres. D’abord extrait de la roche de granit et traîné sur des rondins vers le site où préalablement on a creusé plusieurs trous, la pierre bascule et, avec l’ aide de différents systèmes de levage par multiplication des forces, elle est amenée dans son axe vertical. Aujourd’hui renversé et brisé en cinq morceaux, le mégalithe affichait autrefois ces singulières mensurations: 20,30 m. de long, 5 m. de diamètre pour un poids de 347 tonnes. Le dolmen est généralement formé d’une chambre mégalithique circonscrite par des dalles dressées soutenant une ou plusieurs tables de pierre. Il existe plusieurs types de dolmens. La chambre peut d’une part être distincte du couloir d’accès plus ou moins bas et large, ou s’inscrire dans le prolongement d’une allée couverte sans véritablement s’en distinguer. Elle peut d’autre part ouvrir directement sur l’extérieur. Le tumulus de terre ou de pierre appelé cairn qui a donné l’origine du nom de Carnac encadre le dolmen et est lui-même limité par un mur de pierre. La chambre sert à abriter des restes humains, mais le rôle et la place du dolmen dans la vie des hommes de la fin du néolithique ne peuvent être réduits à cette seule fonction funéraire. 

Encore une légende bretonne… 

La légende a trouvé l’explication des curieux alignements de Carnac. Le brave saint Cornély, chassé de Rome pour avoir condamné les sacrifices d’animaux, s’était sauvé en Gaule. Arrivé au bord de la mer, à Carnac, il dut faire volte face et, d’un grand signe de croix, changea les soldats qui le poursuivaient en pierres. Ils sont encore là aujourd’hui : ce sont les alignements de Kermaria et du Ménec.  

Pierres levées 

Apparues 4000 ans avant notre ère, elles ne pouvaient pas être l’oeuvre des Celtes, arrivés au plus tôt trois millénaires après. Certains ensembles ont servi de tombeaux, d’autres probablement pas. Quoi qu’il en soit, ces pierres laissent toujours deux questions en suspens: comment ont-elles été dressées et, surtout, pourquoi? La science vient aujourd’hui se plaquer sur l’irrationnel, que l’on n’ose pas tout à fait nier. Tous ces mégalithes, affirment certains, n’auraient été mis en place que pour jalonner les mystérieux courants telluriques des profondeurs de la terre, et dont les affleurements seraient on ne peut plus bénéfiques à la vie. Ceux qui se prétendent initiés, assurent que les relais de mégalithes auraient été pris dans les cathédrales plantées au point de convergence de plusieurs forts courants. Une pierre dressée verticalement est un menhir. Plusieurs blocs dressés supportant une pierre plate formant ainsi une table ont reçu le nom de dolmen. Des menhirs disposés de façon rectiligne constituent un alignement. Lorsqu’ils forment une enceinte circulaire, ovale ou rectangulaire, cette dernière s’appelle un cromleck. Les allées constituées par les alignements aboutissent souvent à un cromleck, comme la nef d’une cathédrale aboutit au choeur. Merveilles d’équilibre, les menhirs sont enfoncés dans le sol par leur extrémité pointue d’un dixième de leur hauteur environ et callés par de la pierraille. 

Lizio 

Petit village de caractère, compte parmi les plus beaux de France et se vante d’une soixantaine de gîtes ruraux  aménagés dans des maisons traditionnelles. Au XIIème siècle, les pèlerins s’arrêtaient à Lizio sur la route de St. Jacques de Compostelle.   

Sur le territoire de Lizio, nous avons découvert l’écomusée de la ferme et des vieux métiers. C’est un formidable voyage au pays des objets disparus. Ce serait effectivement formidable s’il n’y avait cet amoncellement d’objets hétéroclites. 10 fois moins d’objets et 10 fois plus d’organisation donnerait un excellent résultat. 

Et nous voici à 

Rochefort en Terre 

Une perle, avec ses 645 habitants, ce village étonnamment préservé est certainement l’un des plus pittoresques de Bretagne. Le village est bâti sur un promontoire, entre des vallons profonds, dans un décor de vergers, de rochers et de bois. Les rues sont pour la plupart pavées et l’on n’y trouve pas d’affiches publicitaires tapageuses, ni d’antennes de télévision et encore moins de fils électriques. On a tout banni au profit d’enseignes discrètes et de petites terrasses. Depuis 1967, Rochefort est classée « hors concours » des villes fleuries, ceci  grâce à la volonté d’un peintre américain Alfred Klots, habitant la région et soucieux d’y attirer les visiteurs.  Outre les ruines du château, Rochefort propose plusieurs magnifiques maisons datant des XVIème et XVIIème siècles. Elle s’enorgueillit de posséder une des plus belles églises de la région, dédiée à Notre Dame de la Tronchaye. De l’époque romane ne subsiste que le clocher à l’allure d’une tour fortifiée, tandis que la façade principale révèle la délicatesse de son gothique flamboyant. Le manoir de Mr Klots est toujours occupé à l’heure actuelle, et ce pendant 6 mois par an, par sa belle-fille. N’ayant pas d’enfant, elle a légué son manoir au Patrimoine, mais elle en a l’occupation jusqu’à la fin de ses jours. Quatre pièces sont ouvertes à la visite : elles contiennent du mobilier ancien, des bibelots ainsi que des peintures de Mrs Klots, père et fils. Temps libre et flânerie ont été accordés dans ce merveilleux village. 

Après cette magnifique demi-journée, au passage nous avons aperçu 

Auray

L’une des huit villes d’art et d’histoire de Bretagne. Une ville haute et une ville basse conservent toutes deux de nombreux témoignages de l’époque médiévale. Le quartier du port, autrefois très actif, s’est développé autour du pont de pierre du XVIIème siècle qui enjambe la rivière du Loch. C’est là que le 4 décembre 1776 débarqua inopinément Benjamin Franklin dont le bateau qui  voguait vers Nantes avait subi une tempête. La ville haute, devenue le centre ville, s’est développée autour de la Cohue.  

Le lendemain nous nous sommes arrêtés à

Sainte Anne d’ Auray 

Prestigieuse cathédrale qui attire des milliers de pèlerins chaque année en juillet et en août. On vient en effet de partout pour assister au grand pardon dédié à Sainte Anne, mère de la Vierge Marie et sainte patronne de la Bretagne. C’est un haut lieu de la ferveur bretonne, révélé au XVIIème siècle par l’apparition de Sainte Anne à un paysan, Yves Nicolazie, à qui elle ordonna d’édifier un sanctuaire qui remplacerait une chapelle détruite par les saxons. Le paysan dû affronter le scepticisme du clergé jusqu’à la découverte miraculeuse d’une statue de la vierge.  Important ensemble d’édifices religieux : basilique reconstruite fin XIXème sur l’emplacement où fut retrouvée la statue. L’église d’architecture composite  renferme un fragment de la statue miraculeuse de Sainte Anne ainsi qu’un abondant mobilier. 

Et voilà, le temps passe, nous avons beaucoup découvert, nous avons eu le bonheur de nous oxygéner au maximum au cours de nos sorties, mais il est temps de penser à reprendre la direction de notre pays. Le voyage n’est néanmoins pas terminé car nous nous dirigeons vers 

L’Anjou, pays du vin et des roses 

Le coeur de l’Anjou est traversé par la nonchalante Loire. Si sa renommée repose aujourd’hui sur les vins, les roses et les champignons, l’histoire, elle, est toujours omniprésente dans les églises romanes, les abbayes et les châteaux. Cette région abrite également de nombreux manoirs et de résidences dus à l’esprit créateur et à la munificence des grands bourgeois.  

Les fleurs qu’elles soient sauvages ou cultivées sont un des grands charmes du pays de Loire. Selon les saisons, l’iris jaune, la valériane rose tendre et les géraniums aux multiples couleurs animent le paysage et les petites villes. Mais la rose, reine entre les reines, garnit les haies et les jardins et grimpe sans aucune retenue sur les villas et terrasses de chaque village. Sa culture se pratique dans toute la région, mais une ville est particulièrement connue comme centre de la rose : Doué la Fontaine où se tiennent en juillet les célèbres journées de la rose, dans les « arènes », anciennes carrières de pierre qui entourent la ville. Cette ville abonde en jardineries et marchés aux plantes spécialisées dans les rosiers et l’on y trouve même une distillerie d’eau de rose. 

L’Anjou est une ancienne province française que « Bacchus a comblée de ses dons ». Elle correspond à peu près aux limites actuelles du département de Maine et Loire et prolonge vers l’ouest, le long de la Loire, la région viticole de Touraine.  Le vignoble, moins étendu qu’autrefois, occupe les coteaux bordant la Loire et ses affluents et il bénéficie de la douceur d’un climat réputé. Les vins d’Anjou ont toujours joui d’une grande notoriété : dès 1199, ils étaient exportés en abondance vers l’Angleterre, comme le prouve un édit de Jean sans Terre. Leur excellence est reconnue en France depuis bien longtemps. Les vins blancs sont, à juste titre les plus célèbres, mais il existe néanmoins une grande variété de vins ayant chacun un caractère particulier : vins blancs secs, demi secs, ou liquoreux, vins pétillants, vins mousseux, vins rouges et rosés. On divise généralement la région vinicole de l’Anjou en sous régions qui sont : Saumur, Coteaux de Loire, coteaux du Layon et coteaux  de l’ Aubance. Plusieurs vins sont bien sûrs des A.O.C. 

Après les fleurs et le vin voici les champignons. Les anciennes carrières de pierre de tuffeau de la Loire ont laissé d’innombrables grottes dans les falaises de pierre tendre, caves fraîches et sombres parfaites pour conserver le vin. Les caves de tuffeau sont également idéales pour la culture des champignons de couche, importante dans l’économie de la région, et nombre d’entre elles sont à l’origine d’une industrie très florissante qui contribue grandement à la gastronomie locale. Comme beaucoup de choses, le champignon a son musée situé dans une cave typique qui permet de tout savoir sur sa culture.

Regorgeant de fruits et de vins, fleurie jusque dans ses moindres villages, la Loire porte bien son nom de Jardin de France. C’est aussi une région parfaite pour étudier l’histoire du jardinage et des techniques horticoles. On peut voir, le long des rivières, les jardins des monastères médiévaux, d’une importance autrefois vitale pour leurs plantes potagères ou médicinales. Les grands bâtisseurs des forteresses du Moyen Age n’étaient guère concernés par les jardins, mais quand les conflits ont fait place à une paix durable, les châteaux devinrent tout d’abord des relais de chasse dont la forêt environnante était le parc naturel, puis des demeures élégantes et fastueuses aux jardins structurés et grandioses destinés à refléter la maîtrise de l’homme sur la nature et ainsi symboliser la victoire de l’ordre sur le chaos. 

Angers

Ville réputée pour son patrimoine architectural. Son château, ses musées, ses nombreux hôtels particuliers témoignent de la splendeur passée de cette cité, ancienne capitale de l’Anjou. Son château est l’une des plus belles forteresses féodales de France. Construite sous Saint Louis, de  1230 à 1240, en moellons de schiste ardoisier, avec des assises de grès et de granit. Il a la forme d’un pentagone irrégulier flanqué de 17 grosses tours rondes de 40 à 60m. de hauteur. Les fossés larges de 30m. et profonds de 11, taillés dans le roc à la fin du XVème siècle sont à présent ornés de beaux parterres géométriques. L’enceinte du château renferme le musée des Tapisseries le plus riche au monde. Entre autres tapisseries, l’on y découvre la tenture de l’Apocalypse. Elle est l’ancêtre et le chef d’œuvre de la tapisserie médiévale. Cet ensemble comprenait à l’origine sept pièces composées chacune d’un grand personnage, suivi sur deux rangées superposées, de quatorze scènes à fonds alternativement rouges et bleus, soit au total 98 scènes. La tenture mesurait environ 168 m. de long sur 5,50m. de hauteur. Sa longueur actuelle est encore de 107,50 m. Il reste quatre grands personnages, 68 scènes entières et 5 fragments importants. L‘Apocalypse est, dans la Bible, la révélation divine du passage à un monde nouveau figuré par la Jérusalem céleste. La tenture interprète au plus près le texte de Saint Jean qui forme le dernier livre du Nouveau testament. La tenture fut exécutée de 1373 à 1380 par le lissier parisien Nicolas Bataille, d’après les cartons du peintre Hennequin de Bruges, qui utilisa pour son œuvre divers manuscrits enluminés de son temps. D’autres salles présentent des tapisseries de différentes époques. 

Saumur

Où nous logerons deux nuits avant de terminer notre périple. Blottie au confluent de la Loire et du Thouet, elle est une petite ville ramassée. Son vieux pont mène tout droit au coeur de la cité. Son château, construit sur une période allant du XIVème au XVIème siècles par les ducs d’Anjou, a servi plus récemment à la fois de caserne et de prison. Il abrite aujourd’hui deux musées, l’un consacré aux arts décoratifs et l’autre au cheval. Dans ce dernier se trouve une belle collection racontant le développement de la cavalerie à travers les âges avec squelettes, gravures, équipements et histoires de chevaux célèbres. Saumur est évidemment associée au cheval par sa célèbre école de cavalerie et son carrousel militaire : le fameux Cadre noir est une manifestation connue internationalement.

De quelque endroit que l’on aborde Saumur, c’est le château des Ducs d’Anjou, perché au sommet d’une colline qui éclate dans toute sa blancheur au-dessus de la Loire. Un château de plaisance surgit tout droit d’une miniature des très Riches heures du Duc de Berry. 

Saumur est bien sûr réputée pour ses bons vins. Ici, la vigne est reine. Les coteaux  ensoleillés qui bordent la Loire sont constellés de vignobles produisant une pépinière de vins, joués sur toutes les gammes : vins nerveux, vins fruités, vins blancs, vins rouges, vins moelleux, vifs et effervescents. 

Lorsque vous avez reçu le programme de notre voyage, nous avions projeté de visiter le château de Saumur et le Musée des Art décoratifs. 

Thierry et moi avions voulu amener une petite note de surprise en changeant le programme de la dernière journée avant le retour. Nous sommes heureux de pouvoir à l’occasion vous faire découvrir des choses qui sortent des sentiers battus. Nous avons donc eu la chance de pourvoir visiter un manoir privé : le Manoir de Launay. Ce superbe manoir du XVème appartient à un Américain, d’origine libanaise qui est tombé amoureux fou de ce manoir lors d’un voyage en France. Ce manoir a appartenu au bon roi René, roi titulaire de Sicile. Il sait le latin, le grec, l’italien, l’hébreu, le catalan, joue et compose de la musique, peint, fait des vers, connaît les mathématiques, la géologie, la jurisprudence : c’est un des esprits les plus complets de son temps. Simple et familier, il aime à causer avec ses sujets, remet en honneur les jeux de l’ancienne chevalerie, organise des fêtes populaires. Amateur de jardins fleuris, il introduit l’œillet et la rose de Provins à la senteur exquise. Ainsi que le propriétaire vous l’a expliqué et démontré, c’était vraiment un esprit d’avant-garde qui a introduit l’art italien en France. Ce manoir, tout en pierre blanche de la région, est superbe et avoir pu le visiter est un privilège que je vous demande d’apprécier.  Pour poursuivre cette journée surprise, nous sommes allés à la découverte de la région troglodytique qui entoure Saumur. Ce sont tout d’abord les caves cathédrales, impressionnantes de hauteur que nous avons explorées. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le village de Rochemenier. Ce village souterrain est creusé dans un dépôt de falun, provenant de vastes grèves riches en coquillages marins  et est un exemple de l’habitat troglodytique de plaine. De nos jours, un restaurant y est installé où nous avons mangé un met typique : les fouasses. Petits pains cuits à la minute, on les coupe en deux et on les fourre de rillettes, de fromage de chèvre, de haricots blancs, ou autres. Ils sont tellement chauds que l’on peut à peine les tenir en main. Nous avons ensuite visité les différentes parties d’une ferme troglodytique : habitat, écurie, chapelle, etc. Délicieuses les fouasses mais peut-être un peu lourdes à digérer, car lors du dernier repas à l’hôtel pas mal d’assiettes sont retournées en cuisine, assez chargées, au grand dam de la propriétaire.  

Et voilà, cette fois c’est vraiment la fin. Nous reprenons la route de la Belgique et apercevons encore au passage : 

Tours 

Non loin du confluent du Cher et de la Loire, jadis cité de riches marchands, c’est aujourd’hui encore une agglomération vivante et active qui joue un rôle primordial dans l’économie régionale.

Vendôme

Vendôme est la ville la plus imposante de cette partie de la Loire. Elle a une origine gauloise et même néolithique et son histoire est mouvementée. Elle a été mise à sac par les Anglais, elle a été propriété de la famille royale des Bourbons et subit l’attaque des Allemands en 1870 et 1940. Elle est associée au poète Ronsard qui est né dans ses environs en 1524.

Chartres 

Un des plus anciens habitats de France. A l’époque de la conquête romaine, il y existait un centre religieux des druides. Sa cathédrale, chef-d’œuvre de l’architecture médiévale domine la plaine de la Beauce qui l’entoure : ses clochers se distinguent à 20 km. 

Beauce 

Au nord de la Loire s’étend un océan de blé, d’orge et de colza. Les seuls amers sont les silos, les clochers de village et les deux tours de la cathédrale de Chartres. Beauce et petite Beauce, grâce au limon et au calcaire perméable de leurs sols, sont les champions toutes catégories du rendement à l’hectare et la première région céréalière d’Europe. 

Et voilà, cette fois, c’est fini. D’après ce que je puis en juger, tout le monde a été satisfait.  Nous avons vu beaucoup de choses différentes, les visites ont alterné culture, découvertes régionales, temps libre. Nous avons été gâtés pour le temps, la cuisine a été succulente, certains repas étaient vraiment gastronomiques : tous les ingrédients étaient réunis pour faire de ce  voyage un excellent cru ! 

Ont participé à ce merveilleux voyage :

Mesdames :

Balza Alicia
Beckx Francine
Bruges Liliane
Collin Camille
De Decker Henriette
Delvoye Berthe et Louise
Dessart Gigi
Hella Suzanne,
Menne Marguerite
Mombers Marcelle
Moreau Mady
Myttenaere Mimi
Picron Janine
Piron Ray
Pirotte Anne Marie
Raucent Janine
Simonaer Ginette
Somme Agnès
Wilbert Monique

Monsieur

Huyvaert Jacques

Mesdames et Messieurs

Bazier Fernand et Janine
Cox Lucien et Jacqueline
Delforge Achille et Andrée
Demol Julien et Laure
Heyvaert François et Nicole
Leclercq Jean et Odette
Loraux Jean et Claire
Otoul Emile et Lisette
Seilleur Paul et Janine
Timmermans Léon et Aimée

Documentation:  

Larousse.
Sélection du Readers digest.
France Loisirs
Atlas de la France et de ses régions.
Larousse des Vins.
Fonds Mercator.

 31-05-02 / 09-06-02.