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Aveyron et Lozère (samedi 24 mai)
La journée de samedi a été consacrée au
Protestantisme
Il faut savoir que dans ces régions près de 70% de la population pratique cette religion, mais les relations sont excellentes avec les catholiques. Philippe nous en parlé longuement et nous avons été stupéfaits d’apprendre comment ces gens ont été anciennement brimés et même torturés pour leurs convictions.
Pourquoi le « Désert » ? Dans l’histoire du protestantisme français, l’expression définit une période : celle qui va de la Révocation de l’ Edit de Nantes (1685) à l’édit de Tolérance (1787). Privés de toute liberté de culte par la Révocation, c’est loin des villes, dans les bois, les garrigues, des endroits cachés, déserts, que les protestants de France – en Cévennes, mais aussi en Languedoc, en Vivarais aussi en Dauphiné, en Poitou - furent contraints de vivre leur vie religieuse. Cependant pour eux, ce mot de Désert ne désignait pas simplement la réalité physique du rejet qu’ils subissaient : il était imprégné de réminiscences bibliques : quarante années durant, les Hébreux de l’Exode avaient erré dans le désert, lieu de tribulations, de tentations et de désespoirs, mais aussi lieu où s’était fait entendre la parole de l’Eternel.
C’est le plus illustre des musées protestants, connu bien au-delà des cercles professionnels. Il correspond à la maison natale du chef camisard Rolland, agrandi au XXème siècle par un Mémorial. Ce musée, implanté au cœur d’un hameau cévenol typique présente l’histoire du protestantisme, de la révocation de l’ Edit de Nantes en 1685 à la révolution : la vie et les persécutions de l’église clandestine du « Désert », la guerre des camisards, la fuite des huguenots vers les pays du refuge, le sort des galériens et prisonniers pour leur foi.
La guerre des camisards débute l’été 1702 par le meurtre de l’Abbé du Chayla par une petite troupe d’inspirés. Ceux que l’on appellera un peu plus tard les « camisards » allaient défrayer la chronique pendant 3 ans. Des jeunes sans instruction, cardeurs de laine, bergers, meuniers des villages et hameaux des Cévennes et du bas Languedoc, ont pris les armes au chant des psaumes, sous la conduite de jeunes prophètes prêchant la Parole interdite. Identifiant leur combat à celui de David contre le géant Goliath, ces « fous de Dieu » ont tenu tête aux troupes royales, défié les défenseurs de l’ordre et de l’ Eglise traditionnelle. Leurs buts : venger leurs frères arrêtés et suppliciés pour crime d’assemblée, chasser les prêtres oppresseurs de leurs consciences et réclamer la liberté religieuse révoquée depuis 1685. Cette tardive guerre de religion ne fut pas tendre, enchaînant incendies, massacres et représailles.Dans une suite de quinze salles sont exposés près de 4000 objets, livres, documents, qui témoignent de la résistance des huguenots pour leur foi pendant plusieurs générations face à l’intolérance du pouvoir. On y trouve les chaires du Désert, repliables pour ne pas être compromettantes, les Bibles et les psautiers interdits et venus de l’étranger, où l’on puisait, dans les assemblées et en famille, la nourriture spirituelle pour fortifier sa foi. Le protestantisme d’aujourd’hui est le prolongement de cette histoire. Ce musée est installé dans la maison natale de Pierre Laporte dit Rolland.
Après la mort de Pierre Laporte au château de Castelneau-Valence et la reddition des camisards, deux de ses frères s’exilèrent en Hollande, ses parents et ses frères et sœurs demeurant au Mas Soubeyran après leur libération pour plusieurs d’entre eux de la prison de Perpignan.
La maison natale est toujours la propriété des Laporte.L’arrière petit-neveu y montrait quelques souvenirs pieusement conservés, dont la Bible de Rolland, une bible du XVIème siècle, une hallebarde. Il montrait également la cachette dont l’accès était dissimulé dans une armoire qui servit d’après la tradition à Rolland. Des difficultés économiques ayant contraint ce dernier descendant à hypothéquer sa maison, la société de l’Histoire du Protestantisme lança une souscription pour lui permettre de terminer ses jours au Mas Soubeyran et éviter par la même occasion le risque de voir tomber la maison entre les mains de gens peu soucieux de sa valeur symbolique. Devenue propriété de la Société de l’Histoire du Protestantisme de France, cette maison devint alors, grâce à l’appui de nombreux pasteurs et laïcs, le Musée du désert.
Quelques mots sur les pratiques du protestantisme, de nos jours et dans ces régions de France. Les cimetières sont familiaux. Au passage, il n’est pas rare de voir un petit enclos dans le jardin attenant à la maison. La famille et les amis font le nécessaire en cas de décès pour remplir les rites funéraires. Si la famille vend la propriété, les défunts sont soit transférés au cimetière public, soit il y accord de visite avec le nouveau propriétaire.
Pour nous rendre à ce musée, nous avons emprunté la Corniche des Cévennes qui va de Mende à Montpellier. Ancienne voie muletière, elle était anciennement empruntée par des caravanes se composant en général de 40 mulets qui portaient chacun +/- 120 kg .Elle servait donc d’échanges commerciaux.
Générargues et la Bambouseraie de PrafranceAncienne colonie romaine vers le début de l’ère chrétienne, Générargues compte aujourd’hui 639 habitants. Elle fut la campagne d’un riche romain, puis a fait partie de la viguerie du diocèse de Nîmes. Durement secoué par les guerres de religion vers 1760, le pays s’organisa en communauté protestante. Dès le début du XVIIème siècle, la commune s’enrichit grâce à l’élevage du ver à soie. La crise agricole, les textiles nouveaux, les importations d’Extrême-Orient ont eu raison de cet élevage. Sur le territoire de ce village se trouve la Bambouseraie .
Ce domaine d’une superficie de 34 Ha. a été créé par Eugène Mazel, passionné de botanique. Il a fait fortune dans le commerce en important de la marchandise d’Asie. Cette activité lui permettait de faire venir en même temps des plantes quasi inconnues en ces temps en Europe. En 1855, il achète le domaine de Prafrance en vue d’y créer une bambouseraie.
Les conditions naturelles du site paraissent favorables à son projet. Le sol constitué d’alluvions profondes et fertiles semble convenir aux bambous. Une seule chose manque : l’eau.Mazerell entreprend alors de gigantesques travaux de captage d’eau en amont sur le Gardon. Ainsi grâce à ces trois facteurs eau, sol et climat, la tentative est couronnée de succès. Les collections de plantes, tant bambous que plantes exotiques deviennent fabuleuses. Plusieurs dizaines de jardiniers sont nécessaires à l’entretien. Mazerel finit par être ruiné en 1890 et ne se remettra jamais de devoir abandonner sa bambouseraie. Gaston Nègre s’en porte acquéreur et s’il tente non seulement de conserver les collections, il les enrichit en plus. Maurice Nègre, ingénieur agronome, poursuit la tâche de son père, mais le parc est endommagé par des incendies en 1958. En plus le propriétaire meurt accidentellement. La Bambouseraie aurait pu ne jamais se relever de cette perte sévère. C’est alors que Madame Maurice Nègre se voue dès lors à poursuivre l’œuvre de son mari, aidée en cela par sa fille et son gendre.
Petit village spécialisé dans la poterie pour agrumes. Ancienne ville fortifiée, elle abrite le plus grand temple protestant de France : il peut accueillir jusqu’à 6000 personnes. Nous avons également fait une petite incursion dans l’Hérault en passant par Ganges, ancienne capitale du bas de soie, ruinée bien sûr par le synthétique. Dans la vallée de l’Hérault, le paysage est évidemment tout différent de ce que l’on voyait les autres jours : cultures en terrasses dans lesquelles on cultive principalement l’oignon blanc des Cévennes, ceci grâce à un système d’irrigation par canaux.
De la préhistoire aux tribus celtes, des Romains aux moines de l’Abbaye de St Marcel de Fontfouillouse, la vie était largement présente dans ces contrées. Au XVIIème siècle, Castanet, chef de l’Aigoual, immortalisa l’esprit du camisard. La région tirait ses ressources de l’agriculture et de la très ancienne industrie de la laine. La sériciculture connut une très grande expansion au XIXème siècle ainsi s’établirent de nombreuses filatures. La truite Fario, le sanglier, les champignons, la châtaigne, le miel et le fromage de chèvre sont parmi les plus goûteux de la cuisine cévenole. Le nom de « Vallée Borne », devenu vallée Borgne par déformation légendaire signifie, selon les textes latins antérieurs au XVème siècle « Vallée des Sources ».