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Aveyron et Lozère (vendredi 23 mai)
Nous partons aujourd’hui par le Causse noir, ainsi appelé parce qu’il est couvert de forêts de pins. Il est plus fertile que le causse Méjean et déjà nous arrivons à
Univers insolite de rochers aux formes étranges. L’eau et le vent ont sculpté dans la pierre grise du Causse Noir une fantastique cité qui sert d’écrin à une flore délicate dont les senteurs varient à l’infini suivant les saisons et l’heure.Ce décor se visite à pied sur des sentiers balisés ou, comme nous l’avons fait, avec le petit train qui nous a conduit, sans effort au cœur même de ce site grandiose. Dès les temps les plus reculés, les rochers de Montpellier-le-Vieux ont servi d’abris naturels aux animaux et l’homme y a probablement trouvé asile. Si l’on n’a pas pu prouver que l’homme préhistorique y ait vécu, en revanche des vestiges d’habitations témoignent de l’activité des pasteurs et des résiniers gallo-romains. Devant cette cité de pierres, le visiteur ne peut que s’interroger ; « quel architecte est donc responsable de ce phénoménal travail ? » Géologues et géographes sont tous d’accord : cet immense labyrinthe de rocs secs est l’œuvre de l’eau ! Comment cela s’est-il produit ? Pour les géologues, Montpellier-le-Vieux est un magma lapiaz, nom savant donné aux formations résultant de la double action sur les roches calcaires des eaux de pluies par ravinement et corrosion. Occasion rêvée de faire la photo de groupe devant un impressionnant rocher.
La curiosité de Jean-Henri Fabre (1823 – 1915) s’éveilla au contact de la nature. Lors de promenades dans la nature l’enfant s’extasiait devant les abeilles, un nid d’oiseaux, des papillons. A l’étang où il conduisait les couvées de canards, il découvrit ses premiers insectes, notamment un scarabée. De 1879 à 1907, il rédigea une œuvre magistrale, 4000 pages et 10 séries, des souvenirs entomologiques, qui résultaient d’un long travail d’observations sur le terrain.
Auteur d’ouvrages de vulgarisation destinés aux enfants et de travaux scientifiques qui lui conféraient au début du XXème siècle un rayonnement international. Il fut proposé pour le prix Nobel en 1911, mais sa candidature ne put aboutir.Autour de son œuvre, un centre international de découverte des insectes vivants, Micropolis, a ouvert ses portes à Saint Léons en 2000. Le film Microcosmos est à la base de ce projet commun du Conseil général de l’Aveyron et du syndicat international communal Monts et Lacs du Lévezou. En effet, le département a acquis les droits de diffusion des images non utilisées au montage, soit 75 à 80 km. de pellicule, ainsi que l’appareil de prise de vues, unique au monde, dont se sont servis Claude Nuridsany et Marie Pérennou dans le but de faire découvrir à un très large public l’univers des insectes grâce à des techniques audiovisuelles. Le projet ambitieux : architecture futuriste avec des mini-dômes cuivrés et carrés sur le toit, de nombreux espaces d’exposition où l’infiniment petit deviendra grand, les insectes étant agrandis à taille humaine. Seul bémol : l’acoustique est déplorable.
Une ville de 23.000 habitants aux accents du midi. Grâce à ses poteries gallo-romaines et à ses gants, Millau peut se targuer d’être connue partout dans le monde. Les particularités du site n’y sont pas étrangères. A l ‘époque des Rutènes, l’industrie de la céramique se développa parce qu’elle trouva des conditions favorables : l’eau – confluent du Tarn et de la Dourbie -, l’argile, le bois venu des plateaux caussenards et une voie routière pour acheminer sa production à travers la Gaule, l’Europe et au-delà. L’époque de splendeur dura un siècle et demi pendant lequel quatre cents potiers signèrent des vases et de la vaisselle exportés par millions d’unités. On en a retrouvé dans différentes parties du monde.
Les activités de la mégisserie apparurent au XIIème siècle empruntant aux techniques des Arabes espagnols et aux procédés de teinture ramenés d’Orient par les Croisés, tandis que débutait la fabrication des gants à doigts séparés. L’expansion ne devait intervenir qu’au XVIIIème siècle des méthodes grenobloises après l’introduction par un gantier de la ville. Les innovations se succédèrent : on créa le célèbre « tanné » de Millau, obtenu après un traitement au tanin végétal. Dès 1930, on passa au tannage au chrome.
La mégisserie de Millau occupa le premier rang français en 1949. Les affaires furent florissantes jusqu’au milieu des années 60. Quatre-vingt deux gantiers fournissaient du travail à 6000 personnes produisant 4,7 millions de paires de gants alors que dix-sept mégissiers employaient un millier de salariés.
Avec la concurrence du sud-est asiatique et les caprices de la mode, l’aisance a déserté Millau. Le déclin a persisté au cours des années quatre-vingts et la reconversion dans le vêtement de peau et les produits de luxe n’a pas compensé la chute, bien qu’elle ait conforté une image de qualité. Les mégissiers et gantiers Millavois conservent leur esprit créatif. Ils façonnent le haut de gamme des cuirs et des peaux. Les gantiers travaillent pour la haute couture, confectionnent des gants de sport, de travail ou de protection, des gants orthopédiques pour les mains déformées ou accidentées.Dans n’importe quel atelier l’agneau voisine désormais avec le chevreau, le porc, les cervidés et les peaux exotiques .Les Millavois sont fiers de leur « plongé ». Cette peau raffinée, colorée sur toute son épaisseur est la plus chère du monde. Du bout des doigts, les yeux fermés, les initiés distinguent le plongé du « voilé » que recouvre une pellicule protectrice, mince film de plastique au crissement perceptible. Fragile mais beau, le plongé fait le bonheur des créateurs de haute couture. Les gants fabriqués à Millau selon des techniques qui n’ont pas fondamentalement changé depuis des décennies rejoignent à leur tour les somptueux défilés de mode. Dernière petite explication technique : les mégissiers tannent les peaux de petites dimensions : ovins, caprins, gibier ; tandis que les tanneurs traitent les peaux de vaches, etc...