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Aveyron et Lozère (lundi 19 mai)
Sauvenière, fin mai 2003.
Bonjour tout le monde,
Lors de nos départs en voyage, presque invariablement nous empruntons l’autoroute E 411 ou l’une de ses consoeurs afin de nous diriger vers notre destination .Cette année, c’est délibérément que Thierry et moi avons choisi d’opter au maximum pour les routes nationales. C’est tellement plus agréable, moins rapide, certes, mais au moins l’on voit quelque chose au passage.Si vous avez envie de vous remémorer quelque endroit, un site inattendu si vous étiez avec nous ; si vous ne nous avez pas accompagnés mais êtes intéressés par notre périple, un conseil : déployez une carte et commencez le voyage en notre compagnie!
Nous avons donc rejoint la France en empruntant la route de la Basse-Sambre qui passe par
située en plein cœur de l’Entre-Sambre-et-Meuse, commune rurale, mais présentant un patrimoine extraordinaire, surtout de style roman. Essentiellement agricole, la région avait su, antan, profiter des richesses de son sous-sol riche en fer et en calcaire. Elle relève de deux bassins hydrographiques différents : celui de la Meuse et de la Sambre. Aux environs de 1800, il y avait ici de nombreux vignobles que les troupes républicaines et napoléoniennes ont détruits pour empêcher la concurrence avec la France. Mettet possède un folklore classique fait de grands feux et marches folkloriques, mais on peut également y admirer au passage sa place communale qui a été aménagée avec beaucoup de goût sur les conseils d’un bureau d’architecture. Les bâtiments y implantés sont l’administration communale, le C.P.A.S., l’église St Jean-Baptiste et l’imprimerie Palate. Enfin, Mettet est aussi connue pour le sport moteur et la moto en particulier. On longe d’ailleurs le circuit de Mettet avant d’aboutir à Florennes qui abrite une base d’aviation militaire.
Direction Couvin et la région de la Calestienne avec ses effondrements rocheux et nous voilà déjà à
où nous prenons notre petit déjeuner. Halte agréable que je ne peux pas prévoir lorsque nous partons par autoroute.
L’enceinte fortifiée de Rocroi est inscrite sur l’inventaire des Monuments historiques depuis 1935. Cela signifie que la ville intra-muros ainsi qu’une zone située dans un périmètre de 500 m. au-delà des fortifications sont aujourd’hui protégés.
A la fin de la guerre de 100 ans en 1453, les progrès de l’artillerie sont tels que les traditionnels châteaux forts sont de plus en plus vulnérables. Peu à peu, le système bastionné voit le jour, judicieux assemblage entre le rempart et le pentagone. Dans la deuxième moitié du XVIème siècle, le principe bastionné est pratiquement l’exclusivité des ingénieurs italiens qui forment école et offrent leur savoir à François 1er et Charles-Quint. Au milieu des fortifications s’installe un espace habitable au sein duquel s’ordonnent rues, quartiers, places. Les Italiens imposent alors pendant quelque temps le plan radiocentrique. C’est le cas à Rocroi où l’urbanisme étoilé est unique en France. Le plan étoilé offre l’avantage aux troupes d’intervenir rapidement à partir de la place centrale en accédant aux courtines et bastions. Mais très vite ce type d’urbanisme est abandonné à cause de ses quartiers incommodes en forme de trapèze qui implique des maisons étranglées et enchevêtrées. Sous Henri II, on construit la première ceinture de fortifications de la ville. Vauban n’arrivera qu’un siècle et demi plus tard pour tout renforcer et lui donner son aspect définitif. Il crée alors une double ligne de 26 places fortes le long de la frontière du nord-est dont Rocroi fait partie.
Rocroi traditionnel
Les fermes isolées, à l’écart, sur le plateau sont appelées « cense » Elles indiquent un lieu, une surface accordée par le Seigneur du lieu en échange du règlement d’un « cens », impôt représentant une part de la récolte ou du cheptel. Ces corps de bâtiments à ossature en bois datent de la création des villages sur le plateau aux XVème et XVIème siècles. Le bâtiment à lui seul couvrait l’ensemble de l’écurie, le grenier, la grange et l’habitation. La plupart d’entre eux portent le nom de leur 1er occupant et défricheur de terre. Assis sur un soubassement schisteux ou briqueté, ses murs sont colmatés de torchis et recouverts de planches d’aulne. Autrefois, la toiture était en débris d’ardoises posés en « faisiaux ».
Nous nous dirigeons maintenant vers Reims et traversons une région ardoisière.
L’exploitation de l’ardoise dans le département des Ardennes remonte à la nuit des temps. Des découvertes archéologiques ont permis d’établir que les Gallo-romains utilisaient déjà l’ardoise pour couvrir leurs demeures. C’est la construction d’édifices religieux de taille importante qui a ensuite provoqué le véritable démarrage de l’exploitation de l’ardoise. Les moines deviennent ainsi les premiers exploitants de la richesse locale : le schiste. C’est au cours de ces deux cent cinquante dernières années que l’exploitation ardoisière connut ses heures de gloire sur les trois bassins de Rimogne, Monthermé-Deville et Fumay-Haybes. Jusqu’au XIXème siècle, deux techniques sont employées pour s’attaquer à la veine d’ardoise.
Tout d’abord, la technique en descendant. Un ardoisier attaque la veine au pic et creuse une excavation d’une soixantaine de centimètres de profondeur environ et dans laquelle il s’introduit : c’est le « crabotage » C’est la partie la plus périlleuse du travail, en effet il s’agit de dégager un grand carré incliné de 13 à 16 mètres de côté mais dont la hauteur ne permet guère la liberté de mouvements. Ensuite, on attaque l’ardoise par paliers successifs en détachant de longues plaques appelées « longuesses » .Une autre technique qui petit à petit prendra le pas sur la précédente va consister à exploiter en remontant : dans ce cas le crabotage s’effectue dans la partie inférieure de la veine à l’opposé du « toit ».Le craboteur va alors entailler l’ardoise de chaque côté et des trous de mine seront pratiqués sur une ligne : le but est de faire tomber la pierre : il faut alors surveiller le bloc d’ardoise pendant toute la durée du crabotage, le danger pour l’ardoisier étant d’être écrasé par la chute prématurée de la dalle. Pour cela, il était de coutume de couler de la bougie au niveau du joint. Si l’ardoise bougeait, la couche de bougie se fendillait. Lorsque le bloc était tombé, il était débité sur place et les déblais servaient de remblais, ce qui permettait de continuer le crabotage.
Pour comprendre comment sont effectués les travaux suivants, il faut se représenter un bloc d’ardoise comme un livre : les feuilles de ce livre représentant le feuilletage de la pierre qui pourra être fendue. Imaginons ensuite que la couverture du livre soit décorée d’un motif linéaire : c’est le « longrain ». L’ardoise pourra plus facilement être cassée dans ce sens. Pour découper un bloc, il va falloir le « querner ». Une entaille est faite à la scie dans le sens du longrain et à l’aide du maillet, l’ardoise est divisée en « spartons ». L’ardoise sera ensuite fendue en feuillets de plus en plus fins jusqu’à obtenir une épaisseur d’environ 3mm. Enfin, la forme finale sera donnée à l’aide de découpoirs ou de « broyes » des machines simples actionnées à l’aide d’une pédale.
Voici une deuxième explication concernant l’exploitation ardoisière. L’exploitation est souterraine : on ne parvient au fond de l’ardoisière qu’à l’aide de 26 échelles plus ou moins grandes et qui produisent ensemble environ 130 mètres. Toutes ces échelles sont jumelles afin que les ouvriers qui montent et ceux qui descendent ne se causent mutuellement aucun embarras. La technique d’extraction est la même que dans la première explication, c’est à dire le « crabotage ». Les déblais sont enlevés par de jeunes garçons qui les transportent dans des paniers. Lorsque l’excavation pratiquée est assez grande, on délimite au pic des dalles de pierre qui sont ensuite détachées à l’aide de coins et d’un levier : ce sont les longuesses. Celles-ci sont ensuite découpées en faix qui sont remontés à dos d’homme jusqu’aux petites huttes de la surface où ils seront travaillés. Le levage d’une longuesse présente un coup d’œil plein d’intérêt. Dix à douze hommes sont échelonnés à genoux sur l’arête supérieure. Chacun a son pic, ses coins, sa lourde masse. On a tracé la ligne de partage : la pointe du pic y prépare un trou dans lequel on plante un coin. Quand il est pris, qu’il y tient, toutes les masses se lèvent à la fois et retombent ensemble sur la ligne des coins. La pièce commence alors à se détacher.Nous abordons maintenant la région viticole et de champagne de Reims. Terre discrète et raffinée, mère du roi des vins, le champagne. La nature très particulière de son sol vaut à cette région un vignoble unique au monde, élaboré selon les rituels ancestraux qui lui préservent la plus haute qualité. Son vieillissement se déroule lentement dans des caves profondes et fraîches, creusées en pleine craie.
L’histoire de la Marne se confond souvent avec l’histoire de France. Situées entre l’Ile de France, la Lorraine et le Massif des Ardennes, les vastes horizons de la Champagne ont été de tous temps, voies de passage et lieux de rencontres. Les célèbres foires de Champagne du Moyen Age, où s’effectuaient de fructueux échanges de marchandise et d’argent entre Flandres et Italie, firent connaître le génie de l’artisanat champenois et attirèrent marchands et voyageurs.
Nous passons à hauteur de cette ville qui s’étire le long de la Marne. Elle conserve de véritables joyaux de l’architecture religieuse, romane et gothique. L’architecture civile dévoile ses maisons à pans de bois, ses édifices en appareillage champenois et ses bâtiments aux façades classiques. Châlons abrite en ses murs le Centre National des Arts du Cirque, mais on peut noter que c’est ici qu’est né en 1881, Paul Cornu, l’inventeur de l’hélicoptère. Le 27 septembre 1907, il fait démarrer le moteur de son nouveau véhicule. Il s’agissait d’un hélicoptère birotor appelé « la Bicyclette volante » A la 1ère tentative, l’hélicoptère emportait un sac de suie de 50 kg à la place d’un pilote. Le 23 novembre de la même année il met en marche le moteur Antoinette de sa bicyclette. Il fait un vol de 30 cm. de hauteur qui dure 20 secondes. Les vols suivants duraient plus longtemps et avaient environ 2 m. de hauteur.
Le département de l’Aube doit son nom à l’un de ses principaux cours d’eau. Il a été formé, en 1790 avec des territoires appartenant à deux provinces qui constituaient alors la France : la Champagne et la Bourgogne. L’Aube s’étend sur la route qui mène de Paris à l’Allemagne méridionale et à la Suisse.
Les kilomètres s’égrènent et déjà une petite faim se fait sentir. Nous ferons donc halte ce midi à
La ville de Troyes a été très vite entourée de remparts. Ceux-ci étaient percés de quatre portes sur chaque côté. L’ expansion de la ville aux temps des Comtes de Champagne a « repoussé » ces remparts pour atteindre à la fin du XIIIème siècle une forme tout à fait caractéristique d’un bouchon de champagne. A l’intérieur de l’enceinte et tout autour des remparts se trouvaient des fossés qui furent comblés au XIXème siècle et les remparts détruits à une période où l’étroitesse des portes de la ville les condamna à la destruction au profit de rues plus larges et de boulevards.A Troyes, les ateliers sont nombreux dès le XIIIème siècle, mais c’est à partir de la Renaissance que le mouvement artistique devient intense. Leur école d’architecture rayonne sur toute la Champagne et ses influences se manifestent même jusqu’en Bourgogne. Ce qui est remarquable également c’est le nombre de vitraux qui ont été réalisés ici. L’Aube peut se vanter de posséder l’un des ensembles les plus importants de vitraux en France et en Europe avec 9.000m2 de vitraux datant du XIIIème au XIXème siècle. Troyes réunit plusieurs ateliers de restauration de ces images du passé. Les historiens font remonter la création des premiers vitraux au IXème siècle ; à cette époque, et pour plusieurs siècles encore, la maîtrise de l’écrit est un art réservé à une élite peu nombreuse et composée de quelques seigneurs et surtout des moines et des copistes dont la vie semble y être intégralement consacrée. Le vitrail, de même que les « tableaux sculptés » à l’entrée des églises, sont donc un moyen de transmettre, sans passer par le mot, les enseignements des textes sacrés au peuple « inculte » : c’est la première vocation de l’ art des verriers.
Mais en dehors du champagne et des vitraux, Troyes est aussi la capitale de la « bonneterie ». « Pays des bonnets de coton », ainsi désigne-t-on Troyes jusqu’à ce que le bonnet de coton soit relégué au magasin des accessoires de vaudeville. En 1505 entrent en scène les premiers bonnetiers Troyens, fabricants de bonnets et de bas tricotés à la main. En 1745, les administrateurs des hôpitaux de Troyes font venir à l’hôpital de la Trinité des métiers à fabriquer les bas afin de procurer du travail aux enfants pauvres qu’ils hébergent. La manufacture de la Trinité ayant été imitée, la communauté des bonnetiers compte 40 membres en 1774. A la révolution, Troyes centralise la vente de l’industrie bonnetière de la région et son importance s’accroît au cours du XIXème siècle grâce aux constructeurs de métiers à bonneterie locaux qui placent les bonnetiers de Troyes dans une situation privilégiée. A l’heure actuelle, la bonneterie groupée en 250 entreprises reste l’industrie dominante de Troyes et du département où elle occupe environ 15.000 personnes.
Première visite effectuée au cours de notre voyage :
Elle présente la plus importante collection au monde d’outils de façonnage à main des XVIIème au XIXème siècle. Cette collection est représentative du bois, du fer, de la pierre et du cuir. Ces différentes pièces sont réparties par monographie, par métier ou par fonction. Ce musée présente aussi une bibliothèque exceptionnelle. Elle est la deuxième bibliothèque technique de France. Elle est un lieu de références pour les hommes de métiers et ceux qui s’intéressent aux métiers et aux techniques. Elle compte actuellement plus de 32.000 ouvrages, dont les 35 volumes de la première édition de l’ Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1780) ou encore la deuxième édition d’un traité « De Architectura » de Vitruve, qui date de 1572. Le bâtiment qui abrite le musée date dans sa forme actuelle de 1556 et était à l’origine la propriété de riches marchands. A leur mort et selon leurs dispositions testamentaires, leurs biens meubles et immeubles furent destinés à la création d’un collège pour jeunes orphelins. Une ordonnance de Louis XIII ne permit plus, à partir de 1630, aux maisons de charité de vivre de dons. Les administrateurs de l’ hospice se trouvèrent alors dans l’obligation de recentrer l’activité de celui-ci en installant une manufacture de « bas de tricot » qui permit aux adolescents déshérités de suivre un apprentissage de bonnetier. C’est la manufacture de la Trinité dont on a parlé plus haut. Le fondateur du musée est
Il prend conscience de sa vocation religieuse pour la Compagnie de Jésus à l’âge de 24 ans. Il fait son noviciat, chez nous en Belgique, à Florennes. Il est ordonné prêtre en 1947 et devient professeur de mathématiques à Amiens. En 1952, il intègre l’Action Populaire à Vanves, tout en faisant connaître sa volonté au Père Supérieur de s’intéresser à l’apprentissage. Un an plus tard, il est nommé aumônier en second des ateliers-écoles de la Chambre de Commerce de Paris. Il commence à constituer une bibliothèque et organise des rencontres avec des apprentis. En 1954, Paul Feller fonde l’organisme Technique-Education-Culture. Celui-ci prend en charge toute sa documentation. Ses rencontres, ses lectures et notamment l’ Histoire de la littérature ouvrière de Michel Ragon lui font prendre conscience de ses lacunes, n’étant pas lui-même passé par l’apprentissage. Il décide alors de suivre un apprentissage de couvreur. Il part pour l’ Institut des Arts et Métiers de Lille où il s’initie à la forge auprès du forgeron Boussemart. Celui-ci transmet son savoir-faire et son savoir-être qui l’influenceront tout au long de sa vie.
Persuadé que seule la pratique du métier en apporte la connaissance et que le savoir contenu dans les livres ne peut prétendre s’y substituer, Paul Feller se passionne pour les outils faits main, par des hommes de métier, pour des hommes de métier. Cet intérêt pour les outils va le conduire, grâce à des généreux donateurs à rassembler, de 1958 à 1978, de nombreuses pièces provenant des quatre coins de la France.Elles seront à l’origine de l’élaboration de la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière. Victime d’un accident cérébral en 1967, le Révérend Père Feller doit cesser son activité de forgeron et s’attelle donc à la rédaction du livre de l’Outil. Proche des Compagnons du Devoir, il décide, avec l’accord de ses supérieurs de léguer, dès 1969, la totalité des collections d’outils et la totalité des livres et documents constituant le fonds dû à son initiative à l’ Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France, qui accepte, en contrepartie, un certain nombre de charges pour inventorier, classer, rassembler et aménager la collection d’outils, comme la bibliothèque, et les rendre utiles pour la formation de l’homme complet. Cette visite nous permet de découvrir effectivement des centaines d’outils, disposés dans des vitrines représentatives de chaque corporation.
Mais au cours de cette découverte, Jean Leclercq fait une chute malencontreuse dans un escalier et l’on découvre le soir, lors d’une visite à un hôpital qu’il a l’épaule fêlée. En Autriche, il avait reçu un hameçon dans la joue…que nous réserve-t-il encore ? Courageusement, il a poursuivi le voyage, mais cela n ‘a pas toujours été facile pour lui ni pour Odette.
J’en reviens au résumé de notre périple pour dire que nous arrivons maintenant dans le département de l’
qui présente des régions naturelles qui ont gardé leur charme d’antan : des paysages bocagers, des étangs et des bois, des plateaux, de la pierre et des châteaux, des prairies et des rivières vives descendant du Morvan tout proche. Ce sont des villes dominant la rivière Yonne : Sens et sa cathédrale, première en date des cathédrales gothiques ; Joigny et ses maisons à pans de bois ; son vignoble, le plus septentrional des vignobles bourguignons. C’est encore Auxerre, très discrète sur son patrimoine exceptionnel. L’Yonne, ce sont encore de grands musées aux riches collections qui présentent l’histoire, la culture et l’art contemporain, et enfin dans les villages, des musées charmants, véritables conservatoires de la vie d’autrefois, pour retrouver ses racines. L’Yonne affiche bien son appartenance bourguignonne avec ses vins et ses traditions culinaires. Ses vignobles produisent des vins de grande qualité, pour la plupart en appellation Bourgogne. Le vignoble Grand Auxerrois comprend les coteaux de l’Auxerrois, villages célèbres et vignobles historiques ayant été reconstruits. Outre les vins, les terroirs de l’ Yonne fournissent à la gastronomie un très large éventail de produits : beaucoup de fromages, Saint Florentin, Epoisses et fromages de chèvre ; des volailles, du bœuf de race charolaise, la truffe dite de Bourgogne, des cerises, des pommes et du cidre : de quoi savourer l’Yonne dans le verre et dans l’assiette.
capitale de la Basse Bourgogne, bâtie en terrasses sur une colline dominant l’Yonne, est une attachante ville de province. Anciennement, il y avait ici un monastère de haute renommée. Au IXème siècle, les écoles d’Auxerre étaient célèbres et de grands maîtres y enseignaient. La ville a été prise par les Huguenots en 1567. Par la suite, Auxerre adhéra à la Ligue et ce n’est qu’en 1594, qu’elle fit sa soumission à Henri IV, ce qui rétablit la paix. Au XVIIème siècle, le pays eut à souffrir de graves famines. Ses vieux quartiers, en secteur sauvegardé, constituent un magnifique ensemble de maisons du XVème au XVIIIème siècles, dont plusieurs à colombages et encorbellement. C’est dans cette ville que naquit la poétesse Marie Noël, paraît-il assez connue. C’est ici également qu’a vécu Cadet Roussel, car il a bien existé. Natif d’Orgelet dans le Jura, en 1743, il s’installe à Auxerre à l’âge de 20 ans. Un mariage avantageux va lui permettre d’acheter une place de clerc de notaire. Il fait son apprentissage de droit. Apprécié pour ses qualités d’intégrité et de dévouement, il obtient les recommandations nécessaires à l’achat, en 1780, d’une charge de premier huissier. A la Révolution française, Cadet Roussel qui avait appuis et connaissances entre à la Société Populaire d’Auxerre, appuyé par son ami Nicolas Maure qui quelques fois avait côtoyé Marat. C’est à partir de 1792 que la chanson Cadet Rousselle va gagner toute la France, colportée sur l’air de Jean Nivel par les volontaires de l’Yonne partis renforcer les frontières. Il mourra en 1807. Sa statue orne une fontaine sur une place d’Auxerre. Cette ville rend ainsi hommage à cet homme hors du commun, personnage fantasque et attachant par sa simplicité. Pour mémoire, voici quelques paroles de sa chanson « trois maisons, trois habits, trois deniers et une épée, trois beaux yeux, trois gros chiens et trois beaux chats », telle est la description que la chanson nous donne de Guillaume, Joseph Roussel, héros involontaire d’une satire née de l’imagination des soldats de la Révolution. Ce personnage bon enfant, qu’ils vont affubler du sobriquet de Cadet Roussel, va les distraire de leur ordinaire de soldat. Bien sûr, nous n’entrons même pas dans les villes, mais quelques notes à leur sujet nous apprennent néanmoins un petit quelque chose. Nous voici déjà à hauteur de
La Charité sur Loire Cette ville s’est développée à la croisée de l’économie et du spirituel. Elle est un point de passage important sur la Loire et siège d’un florissant monastère. Voulu par le puissant ordre de Cluny, le prieuré commence à s’édifier vers 1059 : l’église Notre-Dame, l’église Saint-Laurent et des bâtiments monastiques. Très vite, les revenus affluent. La Charité, étape obligée sur la route des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle, devient fille aînée de Cluny. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : La Charité règne sur 45 prieurés, 400 dépendances et obédiences en France et en Europe. Deux cents moines, au XIIème siècle observent dans ses murs la règle de St Benoît. Dans la foulée, la ville devient un centre économique important qui suscite des convoitises. C’est ainsi, qu’en 1429, pour le compte de Charles VII, Jeanne d’Arc tente vainement d’arracher la place des mains du capitaine Perrinet Gressard qui la tenait depuis 1429. Mais les fortifications puissamment érigées mettent en échec la « Pucelle d’Orléans ». L’enceinte du prieuré était alors un quadrilatère presque régulier comprenant une dizaine de tours qui défendaient la ville aux points névralgiques. De nos jours, il ne reste que trois tours de cet ensemble. La guerre de Cent ans, un gigantesque incendie en 1559 et les guerres de religion auront raison de cette puissance, dont les traces, bien visibles, sont un des attraits de la ville. Pourtant, des prieurs tels que Jean de la Magdeleine au XVIème siècle, Jacques Nicolas Colbert, à la fin du XVIIème et le cardinal de Bernis au XVIIIème siècle reconstruisent, agrandissent et embellissent les bâtiments monastiques. Douze moines seulement occupent encore le monastère en 1789. Après la révolution l’église Notre-Dame et le prieuré n’ayant pas été détruits, la plupart des bâtiments, vendus à des particuliers seront ainsi conservés. En 1840, Prosper Mérimée, Inspecteur des Monuments Historiques, sauve l’église Notre-Dame en donnant un avis défavorable au passage de la Route Royale qui devait couper l’église en deux et il classe le monument.
Depuis 1975, la ville achète et restaure peu à peu les immeubles situés à l’intérieur du prieuré. Les travaux de rénovation se poursuivent, sous la direction des Monuments Historiques, et les bâtiments retrouvent de nouvelles affectations.Ancienne province du Bourbonnais, le département de l’Allier est idéalement situé, au centre de la France, entre la vallée de Loire et les volcans d’Auvergne. L’Allier marie harmonie et diversité à travers ses espaces naturels, ses bocages vallonnés, ses rivières sauvages, ses étangs, ses forêts et ses monuments. De très nombreux châteaux sont à découvrir dans l’Allier. L’art roman y est très présent. Sur 300 édifices religieux, 180 datent, en partie, du XIIème siècle. Aujourd’hui le département de l’Allier, peu peuplé et sans grande agglomération, est situé en dehors des grands courants d’échanges. Il doit faire face au déclin démographique, à la situation économique et à la perte de son identité, menacé d’assimilation par la région Auvergne à laquelle il a été incorporé à contrecoeur dans les années 70. Nous arrivons maintenant à
Première étape de notre périple, nous logeons à l’ hôtel Ibis, situé le long de la Loire. L’ensemble de la ville est constitué de quartiers du XVème au XVIIIème siècle qui font de Nevers une ville d’art : nombreux hôtels particuliers en majorité classiques, demeures des XVème et XVIème siècle, certaines à colombages et encorbellement. Sur une butte, de l’ autre côté du pont de Loire, on aperçoit la cathédrale, le Palais ducal, aérien par son élan et féminin par sa grâce, l’ Evêché devenu Palais de Justice.
Ville d’art et d’histoire, connue par Ste Bernadette Soubirous dont le corps repose depuis 1925 dans une châsse placée dans l’église de l’Espace, Bernadette Soubirous Nevers où elle est arrivée, en provenance de Lourdes, le 7 juillet 1866 pour réaliser son désir de vie religieuse parmi les Sœurs de la Charité et de l’Instruction Chrétienne. Elle meurt le 16 avril 1879. Son corps est enseveli dans un petit oratoire où il fut retrouvé intact quelques années plus tard et déposé dans une châsse en verre et bronze. Plus de 500.000 pèlerins et visiteurs de tous pays et toutes confessions viennent chaque année se recueillir près de Bernadette.
Nevers c’est également sa célèbre faïence. C’est en 1585 qu’Auguste Conrade, venu d’Italie installe son atelier au Logis St. Gildas. Peu après il s’associe avec Julio Gambin de Faenza. Leur style s’inspire alors des célèbres faïences italiennes à décors bibliques ou mythologiques qu’ils sauront faire évoluer en créant les fonds ondés. Le XVIIème siècle aux multiples manufactures se devait de donner un genre nouveau qui fut surtout marqué par les camaïeux de bleus et le blanc fixe aux décors persans. Puis apparaissent les nombreuses faïences d’inspiration chinoise. Au XVIIIème siècle, la mode est au genre populaire des assiettes patronymiques qui préparent la voie aux pièces révolutionnaires. En 1875, Antoine Montagon rachète la Manufacture du Bout du Monde et relance la production artistique. Depuis, quatre générations se sont transmises leur savoir-faire perpétuant ainsi l’art de la faïence de Nevers.
Nevers, c’est également la terre d’élevage de la race charolaise. Depuis 1977, Nevers et la Nièvre accueillent le concours spécial charolais au cœur du berceau de la race bovine charolaise. Ce concours de référence et à la notoriété internationale attire les éleveurs du monde entier. En plus de nombreuses délégations européennes, l’on y rencontre les représentants des pays possédant une forte tradition d’élevage extensif : Amériques du Nord et du Sud, Océanie, les représentants des pays de l’Est avec la profonde mutation engendrée par la nécessaire réorganisation des structures de leur élevage allaitant. Ce concours constitue chaque année, au début de septembre, le plus grand rassemblement dans le monde de bovins charolais sélectionnés avec plus de 1000 reproducteurs en compétition.
Enfin Nevers, c’est aussi son circuit automobile, l’un des plus prestigieux circuits du monde.
Après notre première nuit passée à Nevers, nous reprenons la route, mais avons très vite une visite. Nous nous arrêtons au Parc floral d'Apremont sur Allier