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Ath

Sauvenière, fin septembre 2003.

 

Bonjour à tous les Copinageois et  Copinageoises,

Nous arrivons tout doucement  à la fin de nos sorties mensuelles. Celle du mois de septembre avait la ville d’Ath comme destination. Découverte beaucoup plus agréable que celle que nous avions faite à Courtrai.

Petite ville historique du Hainaut, située au confluent de la Dendre occidentale et de la Dendre orientale ainsi que sur le canal Ath – Blaton.

Elle occupa autrefois une importante position stratégique.

Cette localité existait déjà en 971 mais elle ne prit réellement vie qu’entre 1150 et 1155, quand Baudouin IV, comte de Hainaut, racheta Ath à Gilles de Trazegnies qui connaissait alors des difficultés financières. Baudouin fit d’Ath une ville nouvelle. Il y érigea notamment vers 1166 l’important donjon qui porte aujourd’hui le nom de tour Burbant.

Cette tour carrée, véritable estampille de la ville, mesure 23 m de hauteur et 14,50m de côté. Sa construction au milieu d’un marécage il y a plus de 800 ans fut un authentique travail de titan. L’édifice compte 4 niveaux : au XIV ème siècle deux d’entre eux servaient de prison, le troisième de salle de garde. A l’origine, le quatrième était la demeure du seigneur. Elle défendait anciennement la frontière nord du Hainaut face au comté de Flandre. Un vaste ensemble fortifié  s’est greffé progressivement au donjon initial. Les puissants remparts témoignent encore aujourd’hui de l’importance défensive de ce château médiéval. Visite vraiment impressionnante.

Le dispositif d’entrée était situé au premier étage, accessible grâce à un escalier escamotable. L’intérieur de l’édifice est aujourd’hui caractérisé par un décor dépouillé où la part belle est faite à la pierre.

Le site est actuellement voué à l’activité culturelle (cinéma, spectacles, divers ateliers créatifs.

Nous avons visité cette tour ainsi que le centre ville après le repas de midi. La place principale a récemment été aménagée. Pays de la pierre bleue, on en a abondamment usé pour l’ornementation de celle-ci. Spectaculaires aussi les lampadaires de conception ultra moderne qui l’entourent. La pierre, abondante dans la région, est omniprésente. Elle décore de nombreux bâtiments. D’architecture et d’époques différentes nous avons eu l’occasion de découvrir de très beaux bâtiments en centre ville, vieilles maisons, l’une de 1715, une autre présentant un beau portail en calcaire est du début du XVIII ème siècle.

Un peu plus loin, nous serons surpris par un édifice de style Louis XVI à l’allure de château élevé en 1773.

Mais ce qui est particulier à Ath, pratiquement à l’égal de ce qu’est le carnaval pour Binche,  c’est le culte que l’on voue aux géants qui ont d’ailleurs leur maison qui surprend quelque peu. Maison de maître du XVIII ème siècle rehaussée par une aile de style 1900. Bâtiment superbe, restauré depuis quelques années, qui abrite à l’heure actuelle le Musée des Géants.

Nous nous sommes laissés guidés dans le multimédia, images, sons, documentations et animation afin de découvrir leur histoire.

Robes, coiffes, armes et cuirasses, paniers et bustes d’osier, les géants vous dévoilent leurs secrets et rendent hommage à tous ceux qui les animent et leur donnent vie, des vaillants porteurs au public en effervescence.

A Ath, le quatrième dimanche d’août, les géants dansent.

Les origines de ce cortège « procession de dédicaces » (ducasse) est attestée depuis 1399.

A l’intérieur de la procession, des attractions illustrent la Bible. Samson, David et Goliath, la légende dorée représentée par Saint Christophe ou des épisodes laïcs représentés par Bayard. Dans ses cortèges deux éléments interviennent : l’éducation religieuse et la fête. Au fil du temps, le cortège devient de plus en plus laïc. Goliath reçoit une épouse en 1715, mais cela reste néanmoins une procession.

Symbole de la superstition et de l’intolérance, la procession est supprimée et les géants sont brûlés par les Révolutionnaires le jeudi 28 août 1794.

La procession est restaurée en 1806, le gouvernement hollandais interdit les éléments profanes. Au fil du temps, le cortège d’Ath devient un cortège laïc conservant toutefois quelques éléments religieux.

Quelques généralités concernant les géants.

Ils sont réalisés en matériaux traditionnels : bois, osier, tissu sauf les cheveux.

Le système de portage est très souple avec un coussin sur la tête.

A l’intérieur, il n’y a qu’un seuil porteur, sauf pour le Cheval Bayard.

En ce qui concerne la musique et les danses, tout est permis sauf pour la danse traditionnelle de Monsieur et Madame Goliath.

Il n’y a ni répétition, ni entraînement. Les porteurs sont recrutés dans des familles traditionnelles dont la plus connue est celle des Bourlard.

La coutume de lancer des pièces aux porteurs a été inaugurée en 1945 par les soldats américains lors de la Libération.

Un géant représente un aigle à deux têtes. Il mesure 3,30m et pèse +/- 120 kg. C’est le géant de la confrérie des tailleurs (aigle de Saint Jean). Les boulangers exhibaient un cygne, les poissonniers un triton. Monosépale à l’origine, on lui ajoute une deuxième  tête en 1854 à l’occasion de la visite royale. Bicéphale, il évoque les armes de la ville.

Samson mesure 4m et pèse +/- 125 kg. Géant biblique il est attesté depuis 1679, mais est probablement plus ancien. Son aspect actuel date du premier cortège après la Révolution, en 1806. Il porte un habit militaire français, mais a gardé la colonne du temple de Dagon et la mâchoire d’âne avec laquelle il a tué les Philistins.

Ambiorix, 4,15m et +/- 130 kg. A l’origine, ce géant portait le nom de Tirant. Il est cité pour la première fois au XVIII ème. siècle comme géant de la confrérie des archers. Le nom « tirant » évoque  le tireur à l’arc. Une autre hypothèse le désigne comme « tirant » des cordes pour lever la croix du Christ.

Le géant actuel date du cortège de 1807, toujours sous le nom de Tirant. Il devient Ambiorix en 1850 dans le but d’éduquer le peuple en évoquant une des « gloires » de la Belgique.

Mademoiselle Victoire 4,25m, +/- 120 kg. Elle fut créée en 1793 pour célébrer la victoire sur les Autrichiens et détruite en 1794 avec les autres géants. La « Victoire » actuelle date de 1860; elle symbolise la ville d’Ath (armes et couleurs) et elle exalte le nationalisme local.

Le Cheval Bayard mesure 6,30m pèse 660 kg. Il nécessite 16 porteurs à cause du déséquilibre lors des danses. Il est attesté en 1462. Fruit d’une souscription populaire, il disparaît au XVII ème siècle. Grâce à une nouvelle souscription il est reconstruit en 1948. Les « 4 fils Aymon » qui le chevauchent sont des enfants de porteurs. Les écussons qui le garnissent évoquent les armes de la ville et les confréries.

Monsieur Goliath mesure 4m et pèse +/- 120 kg. Géant des arbalétriers, on l’atteste déjà en 1481.

Madame Goliath, 3,75 m et 105 kg, apparaît dès 1715.

Le combat entre David et Goliath est attesté en 1487. Monsieur et Madame Goliath présentent une danse traditionnelle à l’emplacement des ponts de la première ceinture urbaine.

On ignore l’origine de l’air « Grand Gouyasse » qui est joué pendant cette danse. Ce qui signifie Goliath en wallon. Tout le monde a été ravi de cette matinée. La mise en scène est parfaite, l’on n’a pas lésiné sur la mise en place de moyen techniques ultra modernes pour nous faire entrer dans ce monde folklorique.

A bientôt, et merci pour votre participation.