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Walcourt et l'Eau d'Heure

Sauvenière, le 15 avril 2003,

Notre deuxième excursion nous a conduits dans la région de Cerfontaine.

Au passage, nous avons aperçu Walcourt, petite ville paisible de l’Entre-Sambre et Meuse, située à environ 20 km. de Charleroi. Elle se trouve au confluent de l’Eau d’Heure et de l’Eau d’Yves dans la province de Namur et dans l’arrondissement de Philippeville. La ville d’aujourd’hui s’est développée autour du site médiéval dont on peut encore voir les traces dans la disposition des maisons situées le long des anciens remparts. Walcourt est surplombée par sa superbe basilique qui, par sa place sur le promontoire rocheux, domine la ville de sa masse imposante. Comme beaucoup de communes de cette région, Walcourt a une marche folklorique qui a pour mission d’escorter la procession religieuse en l’honneur de Notre-Dame de Walcourt. Elle est, en dehors dette activité, devenue une petite ville paisible et calme sur les rives de l’eau d’Heure.

Chastres.

C’est dans le zoning de Chastres, entité de Cerfontaine, que se situent les deux entreprises artisanales que nous avons visitées en matinée.

La Pendule d’Argent.

Le patron, Monsieur Pierre Deswysen, est la 3ème génération d’horlogers, diplômé en 1991 comme « technicien en microtechnique », il doit cependant une grande partie de la maîtrise de son métier à un artisan du Jura qu’il considère comme son maître. Entre sa sortie d’école et l’envol de son activité professionnelle en 1993, Mr Deswysen a complété sa formation par divers stages effectués dans le Jura, berceau des célèbres horloges comtoises. La spécialité de cet artisan est la restauration d’horloges des XVIII ème et XIX ème siècles. Cependant, la restauration ne concerne pas uniquement le mécanisme, elle peut également concerner le rafraîchissement du bronze doré ainsi que la restauration de la façade et de la gaine de l’horloge. Dans cette P.M.E., on réalise des assemblages qui peuvent être choisis parmi plus de 40 modèles différents.

Suivant leur propre système de fabrication, ils proposent différents mécanismes importés directement des dernières usines d’horlogerie. Le client choisit la façade de l’horloge qui peut être personnalisée suivant ses goûts. Pour réaliser ces différentes façades, ils recherchent dans de nombreux pays européens des artisans spécialisés dans la fabrication de fournitures d’horlogerie, d’émaillage, de cadrans, d’estampages, de balanciers etc. Les horloges qui sont fabriquées dans cet atelier sont donc chaque fois des pièces de fabrication  artisanale. Pour ce faire, il y a un atelier de machines-outils équipé de tours, d’une fraiseuse, de scies, d’une machine à tailler les engrenages, de bains de nettoyage, etc. Une salle est réservée au nettoyage des horloges anciennes;elle est équipée de bains spéciaux et de machines à ultrasons et d’un vibrateur.

En quoi consiste la restauration d’horloges anciennes ?

Elle consiste à remettre en état, dans les règles de l’art, un objet ancien. Mr Deswysen peut reconstituer les pièces manquantes d’un mécanisme défectueux en interne selon le modèle d’origine. La première phase de travail est donc le nettoyage. Le mouvement est plongé dans des bains d’acide pour dégraisser, enlever la peinture et traiter la rouille. Les pièces les plus délicates sont trempées dans un bain à ultra-sons. La deuxième phase est le polissage des pièces, remontage, rectification des jeux et usinage des pièces détériorées, usées ou disparues. Cette étape est le vrai travail du restaurateur de pendules. La troisième phase est le réglage.
Cette P.M.E a une autre branche d’activité : la restauration d’horloges monumentales. Pour cela, il faut une agréation officielle pour les travaux publics. Grâce à l’excellente qualité de réalisation, ces mécanismes ont pu assurer leurs fonctions d’affichage de l’heure publique pendant plusieurs dizaines d’années sans problèmes et ce malgré un faible entretien. Celui-ci a dû se limiter à un huilage épisodique, au remplacement des câbles anciens ou encore à un peu de peinture.

Deuxième entreprise visitée : la chocolaterie Vanlieffs

Le chocolat

Les premières traces de la culture du cacao remontent à l’ère précolombienne. Ce sont les Mayas qui font de la culture du cacaoyer l’une des bases de leur alimentation. Au cours de la seconde partie du XV ème siècle, les Aztèques envahissent et asservissent les Mayas. L’arrivée du Conquistador Herman Cortès en 1519 annonce la fin de la civilisation aztèque, et le début de la seconde vie du cacao.

Cortès va être le premier à faire connaître le chocolat en Europe. C’est également lui qui lance la culture du cacao à travers l’Amérique du Sud. La domestication du cacaoyer est en marche. Mais c’est l’adjonction du sucre qui donne naissance au chocolat. Dès la découverte des Caraïbes, les Espagnols y développent la culture de la canne à sucre. Elle est ensuite implantée au Mexique. Cacao et canne à sucre se rencontrent et c’est le mariage du sucré et de l’amer qui va donner le chocolat d’aujourd’hui.

En Europe, c’est l’Espagne qui est le berceau du chocolat dès le XVI ème siècle. En 1524, Charles-Quint découvre la fève de cacao : un présent adressé par Cortès. Le cacao bénéficie alors surtout d’une réputation de reconstituant, mais à mesure que les recettes proposées donnent la priorité à l’alliance du cacao et du sucre, le chocolat gagne sa réputation gustative. Très vite, le roi et sa cour adoptent ce mets des dieux.

La 1ère fabrique de chocolat est créée en Europe en 1580. Un siècle plus tard, c’est le temps qu’il faudra au chocolat pour séduire l’Europe entière. En France, les premiers chocolatiers s’installèrent dès 1609 au Pays Basque.

Depuis le milieu du XVI ème siècle. les Hollandais ont l’habitude de piller les navires espagnols. Ils ne sont pas longs à prendre conscience de la valeur du cacao. Amsterdam devient le principal port de commerce pour cette denrée. La route du cacao passe ensuite de la Hollande à l’Allemagne, puis dans les pays du nord de l’Europe. En 1595, il arrive en Italie où les chocolatiers raffinent et améliorent le chocolat imposant un style qui sera apprécié dans toute l’Europe.

En 1655, les Anglais vainqueurs des Espagnols en Jamaïque mettent la main sur un trésor de formidables plantations de cacao. En 1674, un café londonien propose les premiers chocolats à croquer. Ce n’est qu’à la fin du XVII ème siècle. que les bourgeois de Zürich découvrent le chocolat. Le premier fabricant de chocolat suisse apparaît en 1819.

L’histoire du chocolat belge débute en 1857 quand Jean Neuhaus, d’origine suisse, ouvre avec son beau-frère une pharmacie à la Galerie de la Reine à Bruxelles et y vend notamment du chocolat amer. Se passionnant pour ce produit, il l’affine et, avec l’aide de son fils Frédéric, en fait des confiseries. Son petit-fils Jean invente la praline et avec son épouse, ils créent le ballotin en 1915. Entre-temps  en 1870, un certain Charles Neuhaus tient une confiserie-chocolaterie à Bruxelles et en 1883 dépose la marque de fabrique « Chocolat Côte d’or ». De là sont nées tradition et qualité du chocolat et des pralines belges. Leur réputation, maintenant mondiale n’est plus à faire. Ainsi, parmi les Côte d’or, Galler, Jacques, Meurisse etc., citons aussi Callebaut qui est le leader mondial du chocolat de couverture. Côté pralines, c’est Léonidas qui vient en tête  avec ses 1750 points de vente à travers le monde, devant Neuhaus, Godiva, Corné, Wittamer, Daskalidès. Suivent alors quantité de petits artisans qui se lancent dans l’aventure, tel celui dont nous visitons l’entreprise aujourd’hui.

Les Barrages de l’Eau d’Heure.

La construction des barrages de l’Eau d’Heure était virtuellement terminée en 1977. Les raisons de ces travaux gigantesques sont multiples. Outre la nécessité d’assurer les besoins toujours croissants en eau potable, il fallait d’une part réduire, par dilution les effets de la pollution industrielle et urbaine et d’autre part, soutenir le débit d’étiage de la Sambre et sauvegarder l’alimentation du canal « Charleroi-Bruxelles » après sa mise au gabarit de 1350 tonnes.

Des études hydrologiques avaient montré qu’une réserve utile de 47 millions de m3 était nécessaire pour atteindre ces objectifs. Le choix se porta sur la vallée de l’Eau d’Heure, entre Silenrieux et Cerfontaine. Afin d’éviter qu’une partie de cette dernière ne doive être expropriée, une solution fut trouvée par l’érection d’un deuxième barrage supérieur, d’une longueur de 790 m. et une hauteur de 70 m, dénommé barrage de la Plate Taille, portant la capacité totale du complexe des barrages à plus de 86 millions de m3. Ce barrage constitue une sorte de réservoir supplémentaire dans une vallée latérale baignée par le ruisseau de Plate Taille. Ce minuscule cours d’eau ne permettant pas une alimentation naturelle suffisante, le barrage supérieur doit être rempli la nuit, par pompage, à partir du barrage de l’Eau d’Heure. A côté de ces deux barrages principaux sont construits trois pré-barrages : Falemprise, Ry et Feronval destinés à éviter la formation de marécages en maintenant l’eau à un niveau constant lors des fluctuations du niveau.

A la base du mur d’aménagement du barrage de la Plate Taille d’un volume de 630.000 m3 se dresse une tour de 107 m de hauteur due à l’architecte Barthélemy de Mons. Un vaste plan d’aménagement touristique est en voie de réalisation mais dès à présent, les 5 plans d’eau, d’une superficie totale de + 650 hectares, accueillent différentes disciplines nautiques.

L’aménagement de l’Eau d’Heure en aval des barrages.

En vue de permettre la réalisation du principal objectif assigné au complexe des barrages, pour rappel, le soutien du débit d’étiage de la Sambre, sans inconvénients pour les riverains de l’Eau d’Heure, un programme d’amélioration et de régulation du cours de la rivière entre Silenrieux et l’aval du barrage de l’Eau d’Heure et Marchienne-au-Pont, confluent avec la Sambre, a été établi.

Il consiste essentiellement à supprimer les barrages existants, vétustes, par des ouvrages mobiles automatiques afin d’assurer un meilleur écoulement des débits de lâchage et de supprimer toute intervention des riverains concernés lors des variations de régime.

Ces barrages répartis sur 35 km de rivière et destinés à maintenir des plans d’eau à un certain niveau, comportent essentiellement une vanne à clapet fonctionnant sans apport extérieur d’énergie : le niveau de la crête de la vanne déversoir s’adapte automatiquement au débit de la rivière. La vanne est solidaire d’un contrepoids placé dans une chambre, elle même en liaison avec le niveau en amont par l’intermédiaire d’un déversoir à seuil réglable, et avec le niveau en aval, par un orifice inférieur. Quand le débit de la rivière est faible, la chambre du contrepoids est vide d’eau, et le clapet, en position de retenue, est parfaitement équilibré par le contrepoids.  Un accroissement du débit provoque une élévation du niveau en amont du barrage et dans la chambre de contrepoids, un débordement supérieur aux possibilités d’évacuation de l’exutoire inférieur. La chambre se remplit progressivement et la poussée d’Archimède qui en résulte engendre un allégement correspondant du contrepoids : son relèvement provoque un abaissement de la vanne jusqu’à rétablissement des conditions d’équilibre. Si le débit et le niveau continuent à augmenter le contrepoids se lève complètement, et le clapet, tout à fait couché, dégage totalement la section d’écoulement. Inversement, quand le débit diminue, le niveau en amont s’abaisse, la chambre du contrepoids n’est plus alimentée, l’eau qu’elle contient s’écoule par l’orifice inférieur, ce qui provoque une modification d’équilibre dans le sens inverse, le contrepoids s’abaisse et le clapet se relève.

La première partie de la journée a conquis tout le monde. Les artisans nous ont expliqué, avec beaucoup d’amour de leur métier, comment restaurer une horloge, comment rectifier un engrenage, comment redonner vie à des horloges ayant compté patiemment tant les heures de joie que de peines des habitants des maisons qu’elles ont emplies de leur tic-tac incessant. A la chocolaterie, les narines étaient agréablement titillées par un délicieux fumet de chocolat. Madame nous a clairement expliqué la naissance du chocolat, Monsieur la réalisation, démonstration à l’appui, de délicieuses pralines ou des articles offerts traditionnellement aux fêtes pascales. Ce qui était émouvant, c’est la volonté de ces gens de ne vouloir utiliser que des produits de qualité supérieure : pas d’additifs cependant autorisés par le législateur qui font que finalement, nous n’avons pratiquement plus que le nom de chocolat dans un article, mais où l’on est très loin de la fève du cacaoyer.

Au barrage les explications étaient évidemment beaucoup plus techniques, mais nous avons été impressionnés par le gigantisme de celui-ci.

Une sortie de plus ;la quantième... ? Je ne sais plus le dire, mais néanmoins une journée de plus au cours de laquelle, outre les retrouvailles entres copains et copines,  nous avons encore appris quelque chose, ce qui ne gâte rien, et luxe suprême, nous avons eu l’occasion de pouvoir apprécier le savoir-faire et le travail plus que laborieux des artisans