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"Maman de fille, maman de garçon"
par Madame BaillySauvenière, fin janvier 2003.
Bonjour tout le monde,
Le courrier de décembre était parti de quelques heures à peine que l’on m’a fait part du décès de l’un de nos membres. Charly Mostade s’est éteint à son domicile le 27 décembre. Tout Copin’Age s’associe à la peine de Maguy et de ses enfants et les prie d’accepter leurs plus sincères condoléances.
Il y a un adage qui dit : « les absents ont toujours tort ». Je ne serai pas aussi catégorique, mais je dirai simplement que les membres qui ne sont pas venus écouter la conférence de ce mois, parce qu’ils ne se croyaient pas intéressés par le sujet présenté ont raté quelque chose. En effet, notre conférencière de ce mois, Madame Bailly qui est venue nous entretenir du sujet : « Maman de fille, maman de garçon » nous a présenté son sujet avec un tel brio, que même après 1 h30 de conférence les personnes présentes étaient déçues que ce soit fini. On l’écouterait pendant des heures ! Ancienne infirmière, mais passionnée par les relations humaines, Madame Bailly a approfondi ses connaissances de base en effectuant une licence en philosophie. Elle organise des séminaires, reçoit une clientèle privée et mène tout de front avec un enthousiasme extraordinaire.
Je vais de mon côté tenter de faire un résumé de son exposé.
Il serait faux d’isoler le rôle de la mère, elle dépend d’un vaste réseau qui la conditionne ; son lien à sa propre famille et à sa propre mère et son lien à son mari et/ou le père de ses enfants. D’autre part, la mère est un régulateur entre amour de soi et amour d’autrui, fusion et autonomie, proximité et distance. Tout être humain est sans cesse confronté à la double polarité : appartenance/différenciation.
Une des grandes difficultés des mères est de répondre à la question : « Comment agir en bonne mère » Les bouleversements sociaux du 20ème siècle ont en effet radicalement changé l’image du couple, de la famille, de la femme et du rôle du père et de la mère. Tout au long de l’histoire, la femme a été essentiellement mère. Prise par des maternités nombreuses, la femme n’a été reconnue que pour sa capacité de reproduction et ses qualités de maternage. Elle était aidée dans ce rôle par la communauté des femmes qui vivaient entre elles et se soutenaient. Les mères ont donc toujours été, jusqu’au 20ème siècle, une communauté de mères uniquement centrées sur le maternage et la préparation de la nourriture. D’une part, dès que les enfants étaient sevrés, ils étaient pris en charge par la communauté des femmes et prenaient beaucoup d’autonomie par rapport à leur mère biologique. D’autre part, dans toutes les sociétés primitives ou antiques, on enlevait les petits garçons très tôt au monde des femmes (entre trois et sept ans maximum) et on confiait leur éducation aux hommes de la société ou, plus tard, à des maîtres et percepteurs. Après l’initiation, pratiquée à la puberté, ils ne pouvaient plus avoir aucun contact avec leur mère ou les femmes de la tribu mais rester entre hommes pour parfaire leur virilité. Quant aux filles, elles étaient mariées entre onze et quatorze ans et quittaient leur famille pour entrer dans celle de leur mari. Plus tard est apparue la famille mononucléaire et la femme au foyer. Peu à peu, la mère s’est retrouvée de plus en plus seule pour élever ses enfants. Une dernière étape a eu lieu avec l’allongement de la scolarité, l’interdiction du travail et du mariage des jeunes enfants. Les jeunes sont alors restés plus longtemps au foyer et la charge a considérablement augmenté pour les mères. L’avènement de la contraception a permis de diminuer le nombre d’enfants et de leur consacrer plus de temps. A l’heure actuelle, les enfants étudiant de plus en plus tard, ils restent parfois au foyer jusque 25-30 ans. Et les mères se trouvent seules soit avec un mari absent de l’éducation, soit séparées ou veuves : la relation d’une mère seule avec 1, 2 ou 3 enfants, trop liés à elle, crée de nouvelles difficultés relationnelles.
Comment une mère peut-elle trouver son équilibre ?
Elle doit prendre en charge ses manques et ses blessures vis-à-vis de sa propre enfance et ne pas compter sur ses enfants pour remplir son vide. Elle doit être lucide, bien se connaître et pouvoir détecter ses faiblesses et ses manques. La mère symbiotique, en prenant soin de son bébé, revit son propre maternage et comble ses propres manques affectifs, du moins fantasmatiquement. D’où parfois, les terribles colères contre l’enfant s’il déçoit ou s’il tente de se séparer : il est ingrat, égoïste etc.
Beaucoup de femmes quittent la symbiose avec leur mère pour en former une avec leur mari, puis le quittent pour en former une avec leurs enfants : elles n’arrivent jamais au stade adulte et autonome. Les enfants ne doivent rien à leurs parents, mais ils donneront eux-mêmes à leurs enfants.
Il est utile de clarifier sa relation avec ses propres parents et oser devenir adultes face à eux. Une femme qui ne s’est pas séparée de sa propre mère s’accroche à son enfant pour refaire le plein d’affectif. Ce type de mère immature affectivement devient alors possessive, anxieuse et ne laisse pas son enfant se détacher d’elle, car elle a peur d’être seule et abandonnée.
La mère doit apprendre à vivre pour soi et avoir des projets personnels en dehors de ses enfants. Elle doit continuer à exister en tant que personne. Quand les enfants acceptent qu’il y ait une femme à côté de leur mère, ils peuvent accepter et aimer leur mère en adulte.
La femme doit rester en relation amoureuse et sexuelle et donner une place au père de ses enfants. Elle doit vivre une relation de couple positive et chaleureuse. Beaucoup de femmes en devenant mère refoulent leur sexualité et renoncent ainsi au lien qui les rattache à leur mari. Le rôle de la mère est inséparable du rôle du père.
Etre mère, c’est prendre soin des besoins de l’enfant. Elle doit pousser son enfant à exister, poser sur lui un regard positif et l’aimer d’un amour inconditionnel. Elle doit lui donner sécurité et confiance dans la relation à autrui dans le monde. Elle doit créer une relation fusionnelle de corps à corps dans la tendresse et le contact physique qui sont les bases du rapprochement sensuel et érotique du futur. Elle doit protéger son enfant contre le monde extérieur, mais en l’avertissant et en lui apprenant comment se préserver.
Elle doit autoriser l’apprentissage et le droit à l’erreur. Elle doit accompagner son enfant dans son développement et lui montrer de l’estime et le soutenir sincèrement dans le sentiment de sa valeur.
Il faut accepter la différence et permettre l’individualisation progressive de l’enfant, lui laisser créer son propre espace psychique et physique.
Notre culture confond amour maternel et symbiose. Or, la symbiose n’est qu’une étape du maternage jusque 3 ans. Après amour et symbiose s’excluent mutuellement. L’amour véritable suppose une séparation.
Laisser partir un enfant implique de la confiance en soi et de la générosité. C’est accorder sa liberté à l’autre pour qu’il puisse faire sa vie et devenir lui-même. La séparation affective n’est pas la fin de l’amour, elle crée l’amour parce qu’elle est la fin de la symbiose.
Il faut accepter de passer à une relation d’adulte avec ses enfants et les autoriser à choisir leur vie. Si chaque fois que l’enfant veut se distancier « il brise le cœur de maman », il éprouve un sentiment de culpabilité et reste accroché dans une ambivalence amour/haine, visites/disputes. Et mères et enfants vivent dans la terreur de se perdre et de se séparer, mais s’ils ont le courage de se séparer, ils deviendront amis pour la vie.
La mère doit accepter qu’ils aient une vie amoureuse et sexuelle. L’irruption du sexuel détourne l’enfant de sa mère et c’est sain. Il faut respecter le couple et le foyer de ses enfants adultes : accepter d’être disponible sans devenir envahissante et surtout ne pas donner des conseils non demandés.
Venons en maintenant aux mères et leurs filles.
Il existe là une véritable problématique. La mère va se retrouver en miroir dans sa fille. Si la mère s’apprécie, elle va demander à sa fille de lui ressembler et refuser la différence. Si elle ne s’apprécie pas, elle va demander à se fille de faire mieux où de réaliser ses rêves ou de réussir ce qu’elle n’a pas réussi. La pression peut être consciente, claire et formulée ou inconsciente.
La mère insère sa fille dans une lignée féminine : elle lui transmet consciemment ou non, tous les mythes et croyances, valorisation ou dévalorisation d’après l’histoire familiale de la féminité et de la maternité : puberté, règles, séduction, valeur de la femme par rapport aux hommes, rapport au corps, à la sexualité, aux enfants, à l’accouchement…Elle peut lui transmettre toutes ses peurs par rapport aux malheurs des femmes et au danger qu’elles courent à cause de la vulnérabilité de leur sexe. Il est prouvé que les mères ont plus de réticence et de pudeur à caresser leur petite fille que leur petit garçon .Cela peut donner aux filles un sentiment d’amour insatisfaisant... Cela peut provoquer que la fille ne soit pas satisfaite d’elle-même. La mère peut soutenir sa fille en lui présentant le corps de la femme comme une merveille plutôt qu’une honte et la sexualité féminine comme un cadeau.
La mère doit pouvoir accepter et aimer sa fille dans sa différence. La fille n’est pas le clone de la mère, elle a une identité propre à se créer. Elle peut vivre son enfance et être une enfant sans devoir être le faire-valoir ou la poupée de sa mère. Elle doit pouvoir la complimenter, l’encourager, la valoriser, même si elle est différente de ce qu’elle avait rêvé. La mère doit pouvoir accepter que sa petite fille va grandir et la laisser de plus en plus autonome. Elle doit aussi pouvoir rester sereine, même si sa fille se rebelle ou s’oppose à elle ou à ses valeurs. Accepter qu’elle vive sa féminité, son corps, sa sexualité, son couple, sa maternité, l’éducation de ses enfants en évitant de la critiquer, la conseiller excessivement ou la rejeter.
La mère doit pouvoir accepter que sa fille devienne une autre femme sans vouloir la jalouser ou l’écraser. Il est normal que la fille teste son pouvoir de séduction et essaie de rivaliser avec sa mère. Il est important surtout de ne pas couper la fille de son père. Si la relation du couple est bonne, cela ne prête pas à conséquences.
La mère doit aussi l’encourager à faire des études, à se rendre indépendante pour pouvoir compter sur ses propres forces dans la vie. Elle doit l’aider à se faire respecter en tant que femme.
La fille doit pouvoir avoir la liberté de choisir son compagnon qui ne plaise pas nécessairement à sa mère.
Les mères et leurs fils :
Le fils est une découverte à la fois inquiétante et excitante pour une mère. Elle va vivre un défi : aider un enfant différent et de l’autre sexe à grandir. Ici aussi, il est important d’être lucide. Si une femme s’est valorisée en tant que fille, elle peut être heureuse de découvrir le masculin à travers son fils. Ou l’ignorer, car trop différent. Si par contre, elle a été dévalorisée en tant que fille, elle peut idéaliser son fils et se réparer à travers lui ou se venger sur lui et le faire payer sa dévalorisation.
Le fils étant une image d’homme en miniature peut représenter pour une mère frustrée, un complément affectif et amoureux inconscient. Le petit garçon malléable peut se laisser dorloter, séduire et donner beaucoup d’amour à sa mère, mais il est dangereux que celui-ci prenne la place du père fantasmatiquement. Il s’agit alors d’une relation incestueuse qui peut ligoter le garçon dans son évolution. Le petit garçon a droit à son enfance et ne doit jamais remplacer le père absent ou défaillant mais pouvoir être un enfant.
A l’inverse une mère blessée par les hommes peut voir en son fils le portrait négatif de son père, de son mari, et elle risque alors de le dévaloriser, le critiquer, le rejeter.
La mère doit pouvoir accepter que son fils ne soit pas son complément affectif : c’est dans la relation avec un homme adulte qu’elle doit trouver la complémentarité avec le masculin.
Elle doit pouvoir accepter que son fils devienne différent d’elle et se rapproche d’autres garçons et de son père. Elle doit pouvoir encourager sa virilité.
Elle doit pouvoir éduquer son fils aux valeurs et aux tâches féminines de manière à le préparer à une société mixte et à un couple égalitaire. Ne pas le servir comme un prince.
Elle doit pouvoir accorder à son fils de vivre son indépendance, de s’éloigner d’elle, accepter qu’il puisse aimer ailleurs. En étant trop possessive elle peut rendre son fils timide, complexé ou inadapté. Elle doit surtout le laisser aimer une autre femme sans faire barrage ou la dévaloriser ; ne jamais le mettre en demeure de choisir entre sa mère et sa femme.
En conclusion, aimer un enfant c’est accepter progressivement qu’il devienne lui-même, qu’il puisse quitter le nid et voler de ses propres ailes sans rien lui demander en retour et le traiter en adulte dès qu’il a quitté la maison.
Rubrique tam–tam
Personne ne m’ayant demandé de communiquer quoi que ce soit, j’inaugure donc ce petit encart en signalant aux personnes inscrites à notre voyage annuel, que suite à l’annonce de la date des élections qui se dérouleront le dimanche 18 mai, date correspondant au jour de notre départ, j’ai pu obtenir, non sans peine, auprès de nos différents prestataires de reculer tout notre voyage d’un jour. Nous partirons donc le 19 et rentrerons le 29 mai. J’aurais évidemment pu vous demander que vous fassiez votre vote par procuration. J’ai estimé qu’il était plus logique que j’assume moi-même les ennuis plutôt que de vous donner à tous des contrariétés.
- Merci aux nombreux membres qui se sont déjà mis en ordre de cotisation. Puis-je me permettre de rappeler les montants dus si vous souhaiter bien entendu rester fidèles à Copin’Age au cours de l’année 2003 : 12,50 € pour les personnes isolées et 19 € pour les couples. Merci pour votre attention à ce sujet
- Si vous désirez recevoir votre courrier mensuel par mail, veuillez me communiquer votre adresse.
- A tout hasard je pose une question : seriez-vous éventuellement intéressés par l’organisation d’un déplacement de 3 à 4 jours avec réveillon de nouvel an en Alsace ? Ceci n’est qu’un sondage et ne vous engage en aucune manière. La préparation d’un voyage est un travail de longue haleine et encore plus pour ces dates. Il est donc inutile que je fasse le travail si je n’ai qu’une dizaine de personnes intéressées ; comme cela n’a jamais été réalisé à ce jour parmi les activités de Copin’Age, je suis totalement dans l’expectative et vos réactions me feraient plaisir car si c’est pour le faire, je dois prendre des options pour des chambres dès maintenant.
- Vous recevez dans ce courrier, les indications concernant les deux déplacements du mois de mars, à savoir l’opéra à Liège et le Ballet Béjart à Bruxelles. Je le fais afin que vous puissiez prendre vos dispositions car, je suppose que je ne dois pas vous le rappeler, le 6 avril se déroulera notre banquet annuel. Je suis consciente que 3 activités importantes se dérouleront à quelques jours d’intervalle, mais je dois bien accepter les programmations. Je ne puis rien y changer et pour notre banquet je suis tributaire de la firme de cars, de la salle et du traiteur. Cela fait beaucoup de choses à coordonner.
- Je vous rappelle que cette rubrique vous est ouverte si vous désirez communiquer l’une ou l’autre chose aux « copains »
Au grand plaisir de vous rencontrer lors de l’un de nos prochaines activités, je vous envoie toutes mes amitiés