Escapade dans les Hautes Fagnes
Gembloux, le 6 octobre 2018
Bonjour à toutes et
tous,
Une première pour
Copin’Age : visite, passer une nuit à l’hôtel et terminer par une belle
balade dans les Hautes Fagnes. Finalement, nous sommes 30 Copines et Copains à
participer à cette aventure des mardi 2 et mercredi 3 octobre. Le déplacement est laissé à l’initiative des
participants. Le départ se fait sous la pluie, mais le soleil se joint à nous
pour la marche.
Pour commencer, nous
nous rendons donc à « L’Ardoisière
& Musée de la pierre bleue » à Recht (Saint-Vith). Après avoir visionné un petit film expliquant, dans un langage très
clair, la genèse et l’exploitation de l’ardoisière ainsi que le travail très
dur et dangereux dans la mine, nous descendons dans la galerie pour visiter le
« chantier ». Heureusement, nous avons mis des vêtements chauds car
la température n’y est que de 7°C sous une humidité relative de l’air de
près de 100 % ! Par ailleurs, un casque protège notre tête étant donné que le
plafond est parfois assez bas. D’abord, nous parcourons le petit Musée de la pierre bleue de Recht où sont exposés des outils et quelques belles
réalisations comme par exemple des pierres tombales, un évier, un linteau de
porte ...
C’est en 1886 que les
frères Margraff de Recht décidèrent de creuser une première galerie souterraine afin de faciliter le
travail d’extraction et d’accéder à de l’ardoise de toiture. De 1890 à 1895, on
a creusé la galerie inférieure à une profondeur de 60 mètres en dessous du sol,
celle-ci étant reliée à la première par un puits d’aération. L’avancée du
creusement était de 30 cm par jour et se fit par charges explosives à la poudre
noire. Après environ 300 mètres, on avait enfin accès à de la pierre
utilisable. On détachait des blocs de schiste allant jusqu’à 750 kg qui étaient
transportés à l’aide de wagonnets vers l’extérieur ; les rails sont encore
en partie visibles. À ce moment, les frères Margraff employèrent quelque 25 personnes.
Des travailleurs
tyroliens (avec des noms connus comme Starck, Zangerle ou Graff) sont arrivés en renfort et ont prêté leur signature nouvelle au
travail de la pierre bleue à Recht. Ils étaient avant
tout des artistes sculpteurs. Ce fut un moment de grand essor dans la localité.
Néanmoins, seulement un peu plus de 20 % de la masse totale extraite sous terre
était réellement valorisable. De plus, cette pierre bleue ne se prêtait pas à
en faire des ardoises de toiture, car impossible de la fendre en plaques
suffisamment fines. Pour cette raison, mais aussi avec l’arrivée de nouveaux
matériaux, l’exploitation de la mine souterraine de schiste de Recht a été arrêtée peu avant la Première Guerre mondiale.
Mais depuis 2007,
c’est-à-dire quasiment un siècle après sa fermeture, la mine touristique
« Schieferstollen Recht »
a réouvert ses portes après de très importants travaux de remise en état par
des volontaires. Au cours de notre visite, deux guides locaux très sympas nous
ont fourni un tas d’informations passionnantes sur les caractéristiques
géologiques des lieux et sur les conditions pénibles du travail dans la mine,
le tout jonché par diverses anecdotes surprenantes. La visite se termine sur un
très joli spectacle de son et lumière. Après être remontés, nous avons bien sûr
mérité une bonne boisson chaude ou, pour certain, un petit verre de « Rechter Kräuterlikör Stollenschuss » ! Très belle découverte.
Après
un délicieux repas et un bon repos à l’hôtel « Domaine des Hautes Fagnes » (où quelques-uns ont pleinement
profité de l’espace Wellness), nous nous retrouvons
ce mercredi matin à la Baraque Michel pour
une magnifique balade d’environ 6 km
à travers des tourbières et des forêts. La Baraque Michel s’élève à 675 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle
doit son nom à un refugié rhénan (Michel Schmitz) qui y a construit une cabane
misérable en 1808, devenue plus tard la première auberge fagnarde.
L'établissement servit également de relais pour les malles-poste qui reliaient les villes d'Eupen et Malmedy à l'époque prussienne. Avant
l'annexion à la Belgique en 1919 de la partie orientale du plateau qui
appartenait jusque-là à la Prusse et qui comprend le signal de Botrange,
c’était le point le plus élevé de la Belgique.
Nous nous arrêtons
quelques instants à la chapelle
Fischbach dédiée à Notre-Dame de Bon Secours. Elle a été édifiée en 1830 à
l'intervention du chevalier Henri-Toussaint Fischbach, industriel de Malmedy,
en remerciement pour le sauvetage de son beau-père qui s’était égaré sur la
lande fagnarde et qui aurait été sauvé par le tenancier de la Baraque Michel.
La chapelle Fischbach fut longtemps un but de pèlerinage pour les villages des
alentours. Chaque année, le 15 août, des pèlerins venus de Jalhay, Sart, Xhoffraix, Hockai, Membach et Goé s’y rendaient en
procession.
À partir de la
chapelle, nous prenons le chemin de la Vecquée (anciennement Vèkée pour evêquée, étymologiquement chemin de l’évêque).
Il s’agit d’un des très anciens chemins de la région fagnarde, mentionné pour
la première fois dans un texte de 1569. On y trouve des bornes numérotées de
148 à 157 qui marquaient la frontière entre la Prusse et la Belgique
(1815-1919). À hauteur de la borne frontière 152 se trouve une espèce de
pyramide tronquée placée par les géographes de l’IGN : il s’agit d’un
point de référence altimétrique qui est ici de 652,098 mètres. La croix des
fiancés a été érigée en mémoire des jeunes fiancés François Reiff de Bastogne, terrassier travaillant au barrage de la Gileppe,
et Marie Solheid de Xhoffraix,
servante à Halloux près de Limbourg, qui furent pris
dans une tempête de neige le 22 janvier 1871 et moururent de froid. Sur ce
tronçon, nos mains caressent les herbes hautes de la fagne qui se présentent en
ce début octobre comme un lac de couleur or …
Plus loin, nous
empruntons des caillebotis qui, à un moment donné, nous demandent un grand
exercice d’équilibre et de « souplesse » ! Un deuxième test
d’adresse nous est demandé pour traverser le ruisseau d’Herbôfaye (encore appelé Ru de la
Baraque), un affluent de la Polleur qui coule en
contrebas. Elle devient La Hoëgne (Hoûgne en wallon) et se jette dans la Vesdre à Pepinster.
Nous pénétrons dans une armée d’épicéas disposés en rangs serrés. Ils sont le
résultat de l’exploitation humaine des Hautes Fagnes commencée au XIXe siècle quand les Prussiens tentèrent de relancer l’économie de la région, mise
à mal par l’échec des cultures céréalières.
Nous remontons ensuite
une petite route asphaltée qui longe une plantation d’épicéas et permet de
découvrir, de l’autre côté, la partie inférieure de la « Fagne de Polleur »
(on écrit encore Pôleur). À signaler encore l’un ou
l’autre espace clôturé appartenant à un projet
« LIFE Hautes-Fagnes »
financé par l’Europe qui vise la restauration d’habitats naturels de grand
intérêt biologique présents dans les milieux tourbeux sur les hauts plateaux.
C’est là que nous
quittons ce paysage qui compte assurément parmi les plus envoûtant de Belgique.
Bien sûr, nous avons pleinement mérité un petit repas typiquement fagnard, accompagné
pour la plupart d’une bière locale, avant de reprendre le chemin du retour.
Tous nos remerciements
vont à Robert pour avoir lancé cette initiative, mais aussi pour la
finalisation et l’organisation de cette escapade de deux jours. Belle réussite !
En vous souhaitant bonne lecture et à bientôt,
je vous adresse toutes mes amitiés

