dernière mise à jour 28/06/17

 
2017
 

 

Jeudi 11 mai 2017 :  Portsmouth avec sa tour et ses docks historiques

 

Après la journée assez longue d’hier, nous pouvons faire la grasse matinée vu que nous allons ce matin à Portsmouth, pas très loin de notre hôtel. Pour les bouquinophiles, retournons un peu en arrière en rappelant que c’est entre autres la ville natale de Charles Dickens, le célèbre écrivain d’Oliver Twist.

La ville de Portsmouth compte près de 200.000 habitants et appartient au comté cérémoniel de Hampshire, mais forme une autorité unitaire. Surnommée Pompey, elle abrite un des trois plus importants ports militaires d’Angleterre. En fait, la ville est située sur l’île de Portsea et séparée du reste de l’Angleterre par le Portsbridge Creek. Elle est une des seules ville-îles du Royaume-Uni et l’espace limité pour le nombre d’habitants important en fait le deuxième endroit le plus densément peuplé du Royaume après le centre de Londres.

Nous commençons la journée par une petite croisière dans le port. Le rendez-vous est donné sur la marina et nous prenons place sur un petit bateau pour explorer la ville depuis la mer avec une perspective bien agréable. Pendant près d’une heure, nous voguons de phare en phare en découvrant les différents aspects du port. Dommage qu’il n’y ait pas la moindre explication en français, ne fût-ce qu’un petit feuillet pour nous orienter. Il est évident que Portsmouth occupe une admirable position maritime ; le port est l’essence même de la ville et tout s’articule autour de son activité et de son histoire. Pas étonnant, car la ville est entourée d’eau de tous côtés et les plus grands navires peuvent entrer dans le port. Et bien logiquement, il y a aussi des chantiers de construction navale (dock-yards), des bassins de radoub et de carénage (4 km de quai), des cales couvertes, des ateliers, etc.

Portsmouth est aussi l’un des plus grands ports militaires britanniques. C’est de là que sont partis les centaines de milliers de Tommies et de GIs une certaine nuit précédant le 6 juin 1944. Nous avons la chance de passer tout près et de pouvoir prendre l’un ou l’autre cliché de quelques fleurons de la Royal Navy se trouvant en ce moment à quai. Cela n’a strictement plus rien à voir avec les bateaux de guerre que nous visiterons cet après-midi !


Avant de prendre le repas de midi, nous montons sur la « Emirates Spinnaker Tower », une tour haute de 170 mètres. Inaugurée en 2005, c’est un bâtiment construit lors du réaménagement du port de Portsmouth et qui est devenu un des symboles de la ville. Sa forme calquée sur celle d’une voile a été choisie par les résidents de Portsmouth à la suite d’un concours d’architectes et elle reflète l’histoire maritime de la ville.

L’ascenseur panoramique nous emmène en un clin d’œil jusqu’au premier niveau où nous pouvons regarder le bas à travers une plate-forme en verre, la plus haute d’Europe (personne n’a osé enlever ses chaussures pour marcher dessus !). Pour ceux qui n’ont toujours pas le vertige, rendez-vous est donné au deuxième étage où des télescopes permettent de zoomer sur le passé de la côte sud et de le ramener vers le présent. Et pour ceux à qui cela ne suffit toujours pas, ils sont attendus au « nid d’aigle » à ciel ouvert du troisième étage. Avec le vent qui nous chatouille le cou, il est difficile de savoir si la chair de poule est due au froid ou à la vue impressionnante sur la mer scintillante et les plages de sable qui s’étendent devant nous. Une chose est sûre, en descendant de là-haut, nous avons tous envie d’un casse-croûte avec une bonne boisson.


Au programme de l’après-midi figure la visite des Docks historiques de Portsmouth  (« Portsmouth Historic Dockyard  »), gérés par le Musée national de la Marine royale. Nous commençons tous par les deux grands navires de guerre qui ont profondément marqué l’histoire de la ville : le HMS Victory et l’épave du Mary Rose, deux bateaux légendaires qui contrastent profondément avec les patrouilleurs modernes, genre « Star wars », de la Royal Navy que nous avons pu apercevoir ce matin dans le port de Portsmouth

Le HMS Victory (HMS signifie « Her (ou His) Majesty’s Ship ») est l’un des deux seuls spécimens originaux au monde de navires de guerre du XVIIIe siècle qui sont encore intacts. Il s’agit d’un navire de ligne de 1er rang britannique à trois mâts gréés en carré, permettant le déploiement de 37 voiles. Les hauteurs de travail sur voiles étaient vertigineuses : le grand mât atteint 62,5 mètres et, à chaque changement de manœuvre de voile, les gabiers devaient monter dans les gréements.

Le HMS Victory connut une succession de victoires à la tête de la flotte britannique entre 1778 et 1812 et il est principalement connu comme vaisseau de l’Amiral Nelson lors de la bataille de Trafalgar. Au total, huit cent vingt marins servaient alors le Victory : le plus jeune avait 12 ans et le plus âgé 67.


Comme sur la majorité des navires de guerre de l’époque, les conditions de logement à bord étaient spartiates : près de 500 membres d’équipage étaient logés dans la batterie inférieure où les conditions étaient humides, sombres et malodorantes. Ils dormaient dans des hamacs de 40 cm de large, suspendus à des crochets. Les lieux de vie n’étaient pas suffisamment grands pour tous les marins et n’étaient occupés que par le quart qui n’était pas de service. Tout à fait à l’opposé, les cabines du quartier des officiers s’étendaient sur trois niveaux et étaient vastes, lumineuses et luxueuses.

L’artillerie navale du Victory est composée d’une série de canons de différents calibres (il y en avait une centaine) : les plus lourds sont placés le plus bas pour optimiser la stabilité du navire. Quant à la cale du navire, elle servait de magasin où étaient stockés la poudre et les réserves en vivres assurant une autonomie de six mois de navigation.

« L’Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir » est le célèbre message que donna l’amiral Nelson, par fanions, depuis le HMS Victory avant de livrer la bataille à Trafalgar. Il est sorti victorieux de la bataille, mais a été blessé mortellement par un franc-tireur français. Une plaque commémorative sur le pont du navire illustre l’admiration de Nelson par le peuple britannique.



Quant au Mary Rose, c’était une caraque emblème des Tudors et faisait partie du programme du Roi Henri VIII (l’explication courante pour le nom du navire est qu’il fut inspiré par la sœur préférée d’Henri VIII, Marie Tudor, et par le rose qui est l’emblème de la Maison Tudor).

Après avoir servi durant 33 ans dans plusieurs guerres, le navire a combattu pour la dernière fois le 19 juillet 1545. Alors qu’il menait l’attaque contre les galères françaises, il coula dans le Solent. Sur l’équipage d’environ 400 hommes, il n’y eut que 35 survivants. Plusieurs hypothèses ont été avancées, mais la cause exacte du naufrage reste et restera sans doute inconnue pour toujours.  

L’épave du Mary Rose fut découverte en 1971 et une opération de sauvetage fut organisée en 1982. Celle-ci permit de renflouer une large section du navire et des milliers d’objets datant de la période des Tudors. Le tout est exposé aujourd’hui dans un tout nouveau musée qui a ouvert ses portes en 2013.

Après ces visites très impressionnantes qui nous rappellent l’enfer horrible vécu par les équipages des navires durant les batailles, le moment est venu pour certains de se désaltérer avec un thé accompagné d’un cake anglais. D’autres se dirigent vers le HMS Warrior, surnommé « le serpent noir », qui fut le premier cuirassé à vapeur ayant une coque en fer de la Royal Navy, lancé en 1860. Il était le plus grand, le plus lourdement armé et le mieux blindé des navires de guerre de son époque, mais il fut rapidement supplanté par le développement de la marine à moteur plus moderne.  

La balade sur le « Portsmouth Historic Dockyard » permet de découvrir encore bien d’autres trésors, curiosités, objets fascinants, anciens combattants du chantier naval de Portsmouth, navires, etc., qui ont contribué à façonner l’histoire britannique. Par exemple, il y a la porte Victoria qui date de 1711 et qui était l’entrée principale du chantier naval, la statue du célèbre explorateur Robert Scott, la tour sémaphore, les deux hangars à bateaux, les sites interactifs concernant les innovations technologiques contemporaines de la marine …

Le site est bien trop vaste pour tout explorer sur une après-midi et il est temps de regagner Hayling Island, car la fin de notre séjour approche et nous devons encore boucler les valises ce soir. C’est le dernier souper « british » avant de profiter une ultime fois de la bonne literie de l’hôtel.