Jeudi 11 mai
2017 : Portsmouth avec sa tour et ses
docks historiques
Après la journée assez
longue d’hier, nous pouvons faire la grasse matinée vu que nous allons ce matin
à Portsmouth, pas très loin de notre hôtel. Pour les bouquinophiles, retournons
un peu en arrière en rappelant que c’est entre autres la ville natale de
Charles Dickens, le célèbre écrivain d’Oliver Twist.
La ville de Portsmouth compte près de 200.000 habitants
et appartient au comté cérémoniel de Hampshire, mais forme une autorité
unitaire. Surnommée Pompey, elle abrite un des trois plus importants ports
militaires d’Angleterre. En fait, la ville est située sur l’île de Portsea et
séparée du reste de l’Angleterre par le Portsbridge Creek. Elle est une des
seules ville-îles du Royaume-Uni et l’espace limité pour le nombre d’habitants
important en fait le deuxième endroit le plus densément peuplé du Royaume après
le centre de Londres. |
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Nous commençons la
journée par une petite croisière dans le port. Le
rendez-vous est donné sur la marina et nous prenons place sur un petit bateau
pour explorer la ville depuis la mer avec une perspective bien agréable.
Pendant près d’une heure, nous voguons de phare en phare en découvrant les
différents aspects du port. Dommage qu’il n’y ait pas la moindre explication en
français, ne fût-ce qu’un petit feuillet pour nous orienter. Il est évident que
Portsmouth occupe une admirable position maritime ; le port est l’essence
même de la ville et tout s’articule autour de son activité et de son histoire. Pas
étonnant, car la ville est entourée d’eau de tous côtés et les plus grands
navires peuvent entrer dans le port. Et bien logiquement, il y a aussi des
chantiers de construction navale (dock-yards), des bassins de radoub et de
carénage (4 km de quai), des cales couvertes, des ateliers, etc. |
Portsmouth est aussi
l’un des plus grands ports militaires britanniques. C’est de là que sont partis
les centaines de milliers de Tommies et de GIs une certaine nuit précédant le 6
juin 1944. Nous avons la chance de passer tout près et de pouvoir prendre l’un
ou l’autre cliché de quelques fleurons de la Royal Navy se trouvant en ce
moment à quai. Cela n’a strictement plus rien à voir avec les bateaux de guerre
que nous visiterons cet après-midi ! |
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Avant de prendre le
repas de midi, nous montons sur la « Emirates Spinnaker Tower »,
une tour haute de 170 mètres. Inaugurée en 2005, c’est un bâtiment construit
lors du réaménagement du port de Portsmouth et qui est devenu un des symboles
de la ville. Sa forme calquée sur celle d’une voile a été choisie par les
résidents de Portsmouth à la suite d’un concours d’architectes et elle reflète
l’histoire maritime de la ville.
L’ascenseur
panoramique nous emmène en un clin d’œil jusqu’au premier niveau où nous
pouvons regarder le bas à travers une plate-forme en verre, la plus haute
d’Europe (personne n’a osé enlever ses chaussures pour marcher dessus !).
Pour ceux qui n’ont toujours pas le vertige, rendez-vous est donné au deuxième
étage où des télescopes permettent de zoomer sur le passé de la côte sud et de
le ramener vers le présent. Et pour ceux à qui cela ne suffit toujours pas, ils
sont attendus au « nid d’aigle » à ciel ouvert du troisième étage.
Avec le vent qui nous chatouille le cou, il est difficile de savoir si la chair
de poule est due au froid ou à la vue impressionnante sur la mer scintillante
et les plages de sable qui s’étendent devant nous. Une chose est sûre, en
descendant de là-haut, nous avons tous envie d’un casse-croûte avec une bonne
boisson. |
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Au
programme de l’après-midi figure la visite des Docks historiques de Portsmouth (« Portsmouth Historic Dockyard »), gérés par le Musée national de la Marine royale. Nous
commençons tous par les deux grands navires de guerre qui ont profondément
marqué l’histoire de la ville : le HMS
Victory et l’épave du Mary Rose,
deux bateaux légendaires qui contrastent profondément avec les patrouilleurs
modernes, genre « Star wars », de la Royal Navy que nous avons pu apercevoir
ce matin dans le port de Portsmouth
Le HMS Victory (HMS signifie « Her
(ou His) Majesty’s Ship ») est l’un des deux seuls spécimens
originaux au monde de navires de guerre du XVIIIe siècle qui sont encore
intacts. Il s’agit d’un navire de ligne de 1er rang britannique à
trois mâts gréés en carré, permettant le déploiement de 37 voiles. Les hauteurs
de travail sur voiles étaient vertigineuses : le grand mât atteint 62,5
mètres et, à chaque changement de manœuvre de voile, les gabiers devaient
monter dans les gréements.
Le HMS Victory connut une succession de victoires à la tête de la flotte
britannique entre 1778 et 1812 et il est principalement connu comme vaisseau de
l’Amiral Nelson lors de la bataille de Trafalgar. Au total, huit cent vingt marins
servaient alors le Victory : le plus jeune avait 12 ans et le plus âgé 67. |
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Comme sur la majorité des navires de guerre de l’époque, les conditions de
logement à bord étaient spartiates : près de 500 membres d’équipage
étaient logés dans la batterie inférieure où les conditions étaient humides,
sombres et malodorantes. Ils dormaient dans des hamacs de 40 cm de large,
suspendus à des crochets. Les lieux de vie n’étaient pas suffisamment grands
pour tous les marins et n’étaient occupés que par le quart qui n’était pas de
service. Tout à fait à l’opposé, les cabines du quartier des officiers s’étendaient
sur trois niveaux et étaient vastes, lumineuses et luxueuses. |
L’artillerie navale du Victory est composée d’une série de canons de
différents calibres (il y en avait une centaine) : les plus lourds sont
placés le plus bas pour optimiser la stabilité du navire. Quant à la cale du
navire, elle servait de magasin où étaient stockés la poudre et les réserves en
vivres assurant une autonomie de six mois de navigation.
« L’Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir » est
le célèbre message que donna l’amiral Nelson, par fanions, depuis le HMS
Victory avant de livrer la bataille à Trafalgar. Il est sorti victorieux de la
bataille, mais a été blessé mortellement par un franc-tireur français. Une
plaque commémorative sur le pont du navire illustre l’admiration de Nelson par
le peuple britannique. |
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Quant au Mary Rose,
c’était une caraque emblème des Tudors et faisait partie du programme du Roi
Henri VIII (l’explication courante pour le nom du navire est qu’il fut inspiré
par la sœur préférée d’Henri VIII, Marie Tudor, et par le rose qui est
l’emblème de la Maison Tudor).
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Après avoir servi durant 33 ans dans plusieurs
guerres, le navire a combattu pour la dernière fois le 19 juillet 1545. Alors
qu’il menait l’attaque contre les galères françaises, il coula dans le Solent.
Sur l’équipage d’environ 400 hommes, il n’y eut que 35 survivants. Plusieurs
hypothèses ont été avancées, mais la cause exacte du naufrage reste et restera sans
doute inconnue pour toujours.
L’épave du Mary Rose fut découverte en 1971 et une opération de
sauvetage fut organisée en 1982. Celle-ci permit de renflouer une large section
du navire et des milliers d’objets datant de la période des Tudors. Le tout est
exposé aujourd’hui dans un tout nouveau musée qui a ouvert ses portes en 2013. |
Après ces visites très impressionnantes qui nous rappellent l’enfer horrible
vécu par les équipages des navires durant les batailles, le moment est venu
pour certains de se désaltérer avec un thé accompagné d’un cake anglais.
D’autres se dirigent vers le HMS
Warrior, surnommé « le serpent noir », qui fut le premier
cuirassé à vapeur ayant une coque en fer de la Royal Navy, lancé en 1860. Il
était le plus grand, le plus lourdement armé et le mieux blindé des navires de
guerre de son époque, mais il fut rapidement supplanté par le développement de
la marine à moteur plus moderne.
La balade sur le « Portsmouth
Historic Dockyard » permet de découvrir encore bien d’autres trésors, curiosités,
objets fascinants, anciens combattants du chantier naval de Portsmouth, navires,
etc., qui ont contribué à façonner l’histoire britannique. Par exemple, il y a
la porte Victoria qui date de 1711 et qui était l’entrée principale du chantier
naval, la statue du célèbre explorateur Robert Scott, la tour sémaphore, les
deux hangars à bateaux, les sites interactifs concernant les innovations
technologiques contemporaines de la marine …
Le site est bien trop vaste pour tout explorer sur une après-midi et il
est temps de regagner Hayling Island, car la fin de notre séjour approche et
nous devons encore boucler les valises ce soir. C’est le dernier souper
« british » avant de profiter une ultime fois de la bonne literie de
l’hôtel. |
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