Mercredi 10 mai 2017 : Île de Wight
Cela faisait longtemps que nous voulions voir
à quoi cette île mythique ressemblait. Pourquoi donc ? A cause de Michel Delpech, à cause de la maison de la reine Victoria … Quoi qu’il en soit, les
réveils sonnent tôt ce matin car le ferry nous attend pour la traversée entre
Portsmouth et Fishbourne (sur l’île de Wight). C’est une traversée bien
sympathique où on peut observer plein de bateaux de tous genres ; les plus
attentifs aperçoivent même un hovercraft (« aéroglisseur » en
français). |
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L’Île
de Wight est la plus grande île de la Grande-Bretagne dont elle est
séparée par un bras de mer : le Solent.
Les courants et les vents qui balayent le Solent expliquent pourquoi Wight est
devenue la capitale mondiale de la voile. Elle a aussi un riche passé
historique et a même été brièvement indépendante durant le XVe siècle. Elle a une superficie de 384 km2 et une population d’environ
140.000 habitants. Sa forme massive rappelle celle d’un diamant.
Ce matin, nous partons pour un circuit
panoramique. Dès l’arrivée, l’île nous offre un spectacle d’une austère
beauté : la craie blanche des falaises contraste étonnamment avec le vert
intense des prairies dans l’intérieur des terres. Le paysage est composé de
collines verdoyantes : le centre de l’île est traversé par une dorsale
calcaire avec les caractéristiques « Rolling
Hills » dont les pointes se sont érodées au fil du temps, ce qui nous
procure cette sensation particulièrement douce et reposante du paysage. Pas
pour rien que l’île de Wight est considérée comme un des endroits les plus
charmants d’Angleterre avec, en prime, son climat doux en raison de la
proximité du Gulf Stream et ses petits cottages aux toits de chaume qui font
tout particulièrement le bonheur de nombreux artistes. Et des cottages, il y en
a partout, les uns plus mignons que les autres.
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Ce qui nous interpelle en traversant les
villages, ce sont les affiches de partis politiques que l’on voit à de
nombreuses maisons. Et oui, ici on montre publiquement de quelle couleur
politique on est et pour qui on vote. Autre particularité, architecturale cette
fois : lorsqu’on observe bien les maisons, on constate qu’il n’y a pas de
volets et que les fenêtres de l’étage sont directement accolées aux gouttières,
sans espace muré entre les deux. C’est ce genre de petits détails qui nous
rappellent que nous sommes bien chez les Anglais ! |
Nous gagnons rapidement le sud de l’île en
passant par de très jolis villages comme Carisbrooke et Shorwell. D’ailleurs, d’aucuns
prétendent que Shorwell figurait parmi les lieux favoris visités par la Reine
Victoria. Nous nous arrêtons quelques instants à Brighstone, village pittoresque qui abrite une petite église toute
mignonne et différents cottages qui ne le sont pas moins. Ensuite, nous
traversons encore d’autres villages typiques comme Mottistone, Hulverstone, Totland … Le sud de l’île est aussi la
partie la plus agricole de Wight avec des fermes lovées dans le creux des
vallons où paissent chevaux, moutons et vaches à longue frange. |
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Puis, nous arrivons à « Alum Bay », située à l’extrémité
ouest de l’île et d’où on extrait l’alun. Sa particularité géographique est
remarquable : ses falaises de grès se terminent par trois stacks en forme
d’aiguilles, appelés pour cette raison « The Needles »
(les Aiguilles) et qui sont sans doute l’emblème le plus célèbre de l’île. De
la falaise, nous prenons un télésiège pour faire un tour en bas. La descente
est impressionnante, très pentue, mais la vue est magnifique. C’est un régal
pour nos amateurs photographes !
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Pour le dîner, nous nous dirigeons vers Yarmouth, une toute petite ville connue
pour ses maisons en pierres ses voiliers et son front de mer. Le château de
Yarmouth n’a de château que son nom ; c’est une petite forteresse
construite en 1547 par le Roi Henri VIII pour protéger le détroit du Solent des
attaques françaises. En revanche, la jetée, avec ses 186 mètres de long, est
encore aujourd’hui la plus longue jetée en bois de l’Angleterre. |
Une des raisons pour laquelle nous voulions
aller sur l’île de Wight est évidemment la visite d’Osborne House,
ancienne résidence de vacances de la Reine Victoria. Durant le trajet, Laurent
raconte l’histoire de Mohammed Abdul Karim, employé musulman de la Reine et
connu comme « le Munshi » (enseignant). Il a conquis l’affection de
la souveraine au cours des quinze dernières années de son règne. Ceci a conduit
à des frictions au sein de la Cour et Edouard VII, le successeur de Victoria, a
renvoyé Karim en Inde et a ordonné la confiscation et la destruction de sa
correspondance avec la Reine. Persiste juste l’un ou l’autre portrait de Karim
perdu parmi de nombreux autres portraits exposés à la fin de la visite de la
résidence. |
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Soyons honnêtes, comme résidence secondaire,
ce n’est pas mal ! Osborne House est située à Cowes dans un des panoramas les plus splendides de la côte de l’Ile
de Wight. Après son acquisition en 1845, il a fallu trois ans pour mener à bien
les travaux d’agrandissement et d’aménagement selon le goût de Victoria et sur
la base des plans dessinés par l’époux de cette dernière, le Prince Albert. Tous
les souverains européens ont eu le privilège de goûter à l’ambiance
décontractée d’Osborne House. Après la mort de son mari en 1861, Victoria a
continué à y séjourner pendant les fêtes de fin d’année. C’est d’ailleurs dans
ces circonstances que la souveraine décéda en 1901. |
A l’intérieur du logis royal, tout semble
attendre le retour des propriétaires. Les pièces de réception, dans une
débauche d’or, de marbre et de soie, regorgent d’œuvres d’art et de souvenirs
du vaste empire de la Reine Victoria. N’oublions pas que Victoria portait
également le titre d’Impératrice des
Indes. Pas étonnant donc qu’on ne peut pas faire un pas dans le
« Durbar Room », décoré à l’orientale, sans y voir un vase en argent,
un tapis Agra ou un palais indien miniature. Si l’escalier est majestueux, le
moment « waouh » de notre visite est sans aucun doute la salle à
manger : ici, les murs et les plafonds sont sculptés minutieusement comme
de la dentelle. |
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Dans les étages supérieurs, on pénètre l’intimité du couple en
parcourant les pièces privées au mobilier bourgeois et aux tissus fleuris. On
se retrouve plongé dans l’ambiance d’une maison de famille qui comptait neuf
enfants. Tout est montré, y compris les salles de bains et aussi l’ascenseur de
la Reine, installé en 1890 avec un ingénieux système de contrepoids et actionné
par des valets qu’on imagine plutôt musclés.
Le Prince Albert adorait l’endroit et c’est
lui qui a veillé aux aménagements des vastes jardins à l’italienne. On croirait
un morceau d’Italie installé au beau milieu d’une île anglaise ! Les
jardins en terrasses sur lesquels s’ouvre le palais sont retenus par un
balustre semé de vases Médicis qui débordent de fleurs. |
L’ensemble relié par un
jeu d’escaliers et de fontaines s’ouvre sur le parc, réduit aujourd’hui à 600
hectares contre 2.400 hectares à l’origine, et qui descend jusqu’à la mer. Le
parc offre d’ailleurs deux autres curiosités : d’une part, le chalet suisse
construit pour les enfants, sorte de maison de poupée où ils apprenaient à jardiner
et à cuisiner sur des petits fourneaux adaptés à leur taille et, d’autre part,
la plage avec une étonnante roulotte qu’on descendait dans l’eau pour permettre
à Victoria de se baigner sans être vue … |
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C’est ici que nous
disons au revoir à la Reine, sans pour autant quitter Wight tout de suite car
nous sommes attendus au « Albert
Cottage Hotel » pour un dîner un peu festif, un moment décontracté
avec la bonne humeur au menu. Utilisé par la plus jeune fille de la Reine
Victoria à la mort de sa mère, ce petit manoir est à présent un hôtel de charme
et un restaurant réputé. Après un bon repas, nous reprenons le ferry qui nous
ramène à Portsmouth. De là, il ne reste plus qu’un petit bout de chemin avant
de regagner notre hôtel sur Hayling Island.
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