dernière mise à jour 19/10/17

 
2017
 

 

Tournai

Gembloux, le 19 août 2017

 

Bonjour à toutes et à tous,

 

Nous étions 49 pour ce déplacement à Tournai, ville marquée par l’histoire et par les arts. Avec Arlon et Tongres, il s’agit d’une des plus vieilles cités de Belgique. Elle est également la ville natale de Clovis et abrite un très riche patrimoine architectural protégé par l’Unesco. Tout cela nous a été conté d’abord au moyen d’un petit film, puis par deux guides au cours d’un parcours à pied dans le centre-ville et, enfin, durant un circuit commenté dans un train touristique. Pour terminer notre visite, nous avons fait un arrêt au Musée des Beaux-Arts.

Après une tasse de café/thé pris sur la place Saint-Pierre, nous avons été accueillis dans le bâtiment flambant neuf de l’Office du Tourisme, mais qui abrite en sous-sol une salle médiévale datant du XIIe siècle. Confortablement installés, nous avons d’abord visionné le film « De la pierre au ciel ». En vingt minutes, Frédéric Gersal, chroniqueur histoire et patrimoine sur  France 2, relate en images toute l’histoire de la Cathédrale Notre-Dame. Partant de l’extraction de la matière première jusqu’à la beauté de ses clochers, ce récit nous a permis de comprendre l’évolution au cours des siècles de ce bâtiment unique en Europe de par sa conception, sa taille et son architecture hors normes.


Surnommée la ville aux cinq clochers, son histoire est riche et mouvementée et beaucoup de ses bâtiments civils, militaires et religieux témoignent encore de son passé. Ses origines remontent au Ier siècle avant notre ère : cité royale sous Childéric, elle sera sous Clovis la première capitale de ce qui deviendra la France. La nomination de l’évêque Éleuthère pour représenter Clovis à Tournai sera le point de départ d’un gouvernement d’évêques détenant les pouvoirs civils et religieux durant plusieurs siècles au cours desquels Tournai subira le fléau des invasions normandes et celui de la peste.

L’âge d’or se situe entre les XIIe et XVIe siècles où la population s’accroît, le commerce prospère, de nouveaux remparts s’élèvent et la construction de la Cathédrale débute, suivie par celles du Beffroi et du Pont des Trous. La ville, par les privilèges obtenus, s’affranchit du pouvoir religieux et relève désormais du Royaume de France. Par ailleurs, les arts se développent durant cette période.

Dès le XVIe siècle commence le déclin et la ville connaît plusieurs périodes de troubles. En effet, clé et entrée du Royaume de France, Tournai attise la convoitise des grandes puissances. Elle deviendra anglaise, française à plusieurs reprises, espagnole, autrichienne et hollandaise. La « Nouvelle Genève du Nord » connaîtra la répression sous l’Inquisition.


À partir de 1830, Tournai, qui a gardé l’empreinte d’Henri VIII et de Louis XIV, s’ouvre au progrès. Bien que la Deuxième Guerre mondiale touche durement la ville, elle se relève et se reconstruit dans le respect du passé.

Tournai peut s’enorgueillir de posséder deux monuments classés au titre de Patrimoine mondial de l’Humanité : le Beffroi et la Cathédrale Notre-Dame. Cette dernière est un joyau de l’architecture médiévale par ses dimensions impressionnantes (134 mètres de long pour 66 mètres de large), son alliance harmonieuse des styles roman et gothique et son audace architecturale. La façade principale est précédée d’un porche du XIVe siècle décoré de sculptures de différentes époques.

Entre les deux portes, une statue de la Vierge, patronne de la cathédrale, est vénérée sous le titre de Notre-Dame des Malades. Cet immense vaisseau gris qui domine la ville de ses cinq clochers subit malheureusement les outrages du temps. Depuis 2006, un vaste chantier de restauration est à l’œuvre et cela pendant plusieurs années encore : stabilisation du chœur gothique, remplacement des toitures, nettoyage des murs en pierre, restauration des vitraux …

Au pied de la cathédrale, nous passons devant un ensemble en bronze émaillé réalisé par le célèbre orfèvre bruxellois Marcel Wolfers. Il transpose un tableau de Roger de La Pasture, dit Van der Weyden (né à Tournai en 1399 et mort à Bruxelles en 1464) présentant Saint-Luc en train de peindre le portrait de la Vierge et l’Enfant.

Non loin de là se dresse le Beffroi, un des plus anciens de Belgique (XIIe siècle). Il domine la Grand-Place avec ses 72 mètres de haut et symbolise les libertés communales. Il a été construit en deux phases : une tour de guet construite en 1188 et rehaussée en 1294 afin de rivaliser en hauteur avec la cathédrale (une belle illustration de la rivalité entre le pouvoir civil et le pouvoir ecclésiastique). Sa cloche, la Bancloque, avertissait la population des procès et exécutions, invasions, incendies, etc. Il servit de tour de guet, prison, clocher et Hôtel de ville. Encore aujourd’hui, la Grand-Place est le centre de la vie communale. Sa particularité est sa forme triangulaire, mais elle se caractérise aussi par l’architecture à la flamande des maisons qui forment un ensemble harmonieux.

En dehors de ces deux monuments exceptionnels, Tournai connaît un patrimoine civil et militaire très riche et varié avec notamment les remparts des XIe, XIIe et XIIIe siècles.  Le Pont des Trous (porte d’eau du XIIIe siècle) est l’un des plus prestigieux vestiges de l’architecture militaire médiévale ; il faisait partie de la seconde enceinte de la ville.


Ensuite, il faut citer le Fort Rouge, tour d’enceinte du XIIe siècle, l’Hôpital militaire datant des XIXe et XXe siècles (reconverti en logements et bureau sous le nom de « Quartier De Bongnie »), la Halle aux Draps probablement inspirée de la façade Renaissance de l’hôtel de ville de Gand, l’Hôtel de Ville qui occupe une partie de l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Martin (monastère tournaisien du XIe siècle mais dont la plupart des bâtiments ont disparu) …, ainsi que bon nombre de maisons d’architecture romane, de maisons de style gothique et d’immeubles marqués par l’Art Nouveau.

En ce qui concerne le patrimoine religieux, il faut citer l’Église Saint-Nicolas datant des XIIe-XIIIe siècles et réaffectée au culte orthodoxe, l’Église Saint-Brice située près de l’Escaut et qui abrite une crypte romane du XIIe siècle, l’Église Sainte-Marguerite qui est la seule église abbatiale que Tournai ait conservée, l’Église Saint-Piat dont l’édifice actuel date du XIIe siècle et sous lequel on a retrouvé une basilique mérovingienne du début du VIe siècle, elle-même construite au-dessus d’une sépulture chrétienne du milieu du IVe siècle, …

Sans oublier le patrimoine arboré de Tournai. La plupart des espaces verts ont été créés suite au démantèlement des fortifications à la fin du XIXe siècle. Le plus grand parc de la ville est celui dit de Marvis, mais le parc de la Tour Henri VIII est également remarquable. Et puis il y a plein d’autres endroits où la végétation s’associe harmonieusement avec l’architecture.

Après la découverte de cette belle ville, nous nous sommes arrêtés au Musée des Beaux-Arts qui constitue un ensemble patrimonial exceptionnel à la fois par son architecture et par l’importance de ses collections artistiques. Seul musée conçu en tant que tel par l’architecte Victor Horta, le bâtiment, inauguré en 1928, se présente en forme de « tortue » et est surmonté de coupoles en verre conférant une lumière naturelle aux œuvres exposées. Les salles d’expositions s’articulent autour d’un grand hall consacré à la sculpture et qui s’ouvre sur les différentes salles de peintures.

Le musée possède la collection d’œuvres d’art moderne du mécène bruxellois Henri Van Cutsem ainsi que les deux seules œuvres de Manet exposées en Belgique. Les peintures et sculptures présentées vont des primitifs flamands (Campin, de La Pasture ou Van der Weyden, Brueghel …) aux artistes contemporains. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont représentés par Rubens, Jordaens, Snyders, Watteau, etc. Du côté des impressionnistes, nous avons pu admirer des œuvres de Manet, Monet, Seurat et Van Gogh. Une place importante y est laissée aux artistes belges (Ensor, de Braekeleer …) et aux artistes tournaisiens (Gallait, Pion, Dumoulin, etc.), avec en particulier les deux œuvres monumentales « L’abdication de Charles Quint » et « La peste de Tournai » de Gallait.

C’est ici que s’achève cette journée qui nous a dévoilé la ville de Tournai sous la forme d’un passionnant livre d’histoire grandeur nature. Bien entendu, ce compte rendu n’est qu’un condensé non exhaustif de tout ce que nous avons vu et entendu au cours de cette visite. Et comment aurions-nous pu faire mieux que de prendre le temps pour boire un bon verre, accompagné d’un morceau de gâteau Clovis, avant de prendre la route du retour.

En vous souhaitant bonne lecture et à bientôt, je vous adresse toutes mes amitiés