dernière mise à jour 14/12/17

 
2017
 

 

Le "MusVerre" à Sars-Poteries et le repas d'automne

 

Gembloux, le 4 décembre 2017

 

Bonjour à toutes et tous,

 

Pour l’ensemble des deux sorties, nous étions 76 à prendre la direction vers le nord de la France. A chaque fois, la météo était relativement clémente. Après une petite halte technique à mi-chemin (Bomerée), nous nous sommes dirigés vers Sars-Poteries en France pour visiter le « MusVerre », un musée entièrement dédié au verre.  

Entre Sars-Poteries et le verre, c’est une longue histoire. Celle-ci débute en 1801 avec la famille Imbert qui ouvre ici deux verreries, l’une spécialisée dans le flaconnage et l’autre dans la gobeleterie. Hélas, cette production semi-industrielle s’éteint en 1937, victime de manufactures plus modernes. L’affaire aurait pu s’arrêter là, sans l’arrivée en 1958 d’un homme providentiel : Louis Mériaux. Confronté à des habitants qui ont perdu travail et fierté, le curé saisit vite l’importance de ce savoir-faire, dénichant chez les ouvriers de véritables trésors : « les bousillés ». Il s’agit de petits objets que les ouvriers créaient durant leur pause à partir de chutes de verre, avec l’aval de leur patron. Destinés à leur usage personnel, ils exprimaient toute leur fantaisie et leur créativité à travers ces objets.  

En 1967, Louis Mériaux monte avec ses trouvailles une première exposition au château Imbert, attirant un nombre impressionnant de visiteurs. C’est ainsi que le musée est né dans l’ancienne demeure du patron des verreries du village. Il est suivi d’un atelier, puis d’un symposium et d’un colloque attirant des artistes renommés du monde entier. Ces événements firent de Sars-Poteries un lieu incontournable du verre, artistique cette fois. Les œuvres s’accumulaient jusqu’à rendre cette grande maison bourgeoise trop étroite. 

C’est pour accueillir comme il se doit cette collection de plus de 3.500 pièces que le Département du Nord a décidé la construction d’un nouveau bâtiment capable de réaliser les ambitions du musée-atelier du verre : le MusVerre est inauguré le 1er octobre 2016. Il comprend une surface de 3.500 m2 dont 1.000 m2 sont consacrés aux expositions. Tout en pierre bleue du Hainaut, le bâtiment adopte la forme d’un cristal de silice épousant un paysage en dénivelé. Dans le jardin, on aperçoit quelques sculptures contemporaines comme la « Cascade (2009) »réalisée par l’artiste australien Scott Chasseling ou encore un ensemble de plateaux « Mémoire du paysage, Mémoire de l’homme (2015) » réalisé par l’artiste belge Alexander Ketele.

Cliquez sur cette photo afin de voir toutes celles du "Musverre".
Jacques

L’intérieur est composé de larges espaces très lumineux. La visite se déroule en deux groupes et sur deux niveaux : le rez-de-chaussée est dédié aux collections historiques alors que l’étage est consacré aux œuvres contemporaines. En bas, l’exposition s’ouvre sur les fameux « bousillés », éminemment poétiques, qui sont les reflets de l’imagination des ouvriers. Utilitaires ou décoratifs, souvent fabriqués pour être offerts, ces trésors étaient destinés à embellir le quotidien des ouvriers. Ainsi, ils ont créé des objets qui les libéraient des contraintes d’un métier très dur, très physique. Il s’agit véritablement de créations artistiques.  

L’intérieur est composé de larges espaces très lumineux. La visite se déroule en deux groupes et sur deux niveaux : le rez-de-chaussée est dédié aux collections historiques alors que l’étage est consacré aux œuvres contemporaines. En bas, l’exposition s’ouvre sur les fameux « bousillés », éminemment poétiques, qui sont les reflets de l’imagination des ouvriers.

Utilitaires ou décoratifs, souvent fabriqués pour être offerts, ces trésors étaient destinés à embellir le quotidien des ouvriers. Ainsi, ils ont créé des objets qui les libéraient des contraintes d’un métier très dur, très physique. Il s’agit véritablement de créations artistiques.  

Pour commencer, nous découvrons une œuvre exceptionnelle réalisée en cachette par les ouvriers des verreries de Sars-Poteries : la grande « Lampe Imbert » offerte au patron le jour de ses noces en février 1882. Dans les vitrines, les objets sont regroupés en fonction de leur usage et de leur fonctionnalité : la vaisselle « à boire et à manger » (avec entre autres des gourdes – les ouvriers buvaient jusqu’à 8 litres par jour – ou encore ce verre « deux sous-quat’sous » utile au bistrot pour des débuts de mois heureux et ses fins plus difficiles), les objets à caractère religieux ou rituel et les objets à caractère décoratif tels que pipes, cannes, porte-montre, encriers-revanche, boules de Noël, lampions, sujets animaliers … Nous sommes surpris par les couleurs vives de ces objets, témoignant de l’imagination des artistes verriers de l’époque. Certaines pièces comme les épées de mariage et les pipes en verre représentent des prouesses inimaginables. Dans une autre salle, une place particulière est réservée pour la glette ou palet de marelle et l’épi de faîtage dont le musée perpétue la tradition depuis 1999. 

Deux œuvres rares méritent qu’on s’y attarde un instant, à savoir deux bouteilles-passion (dites « bouteilles de Liesse ») soufflées par Alexandre Soudart. Ces bouteilles en verre incolore sont soufflées au chalumeau et fermées à leur sommet en pointe rabattue. Elles contiennent de l’eau où flottent sur deux niveaux des ludions en verre coloré représentant les éléments et attributs de la Passion du Christ. Merveilleux !

Dans une troisième salle sont exposés des pièces réalisées par des artistes internationaux des années ’80 témoignant du renouveau de la création en verre dans le sillage du mouvement américain « Studio Glass » cofondé par Harvey Littleton, véritable alchimiste et plasticien du verre et dont nous pouvons admirer quelques réalisations exceptionnelles.

Dans la grande salle à l’étage sont représentées des œuvres contemporaines sur quatre socles-rubans. On s’aperçoit que les artistes français étaient pendant longtemps tournés vers des objets utilitaires, alors qu’à l’étranger, notamment en Tchéquie, l’art pur prédominait. Parmi tous ces chefs-d’œuvre exposés, deux ont particulièrement attiré notre attention. D’abord, la table figée dans le verre, réalisée en 2008 par Joan Crous (Espagne), représentant le « Dernier dîner ». Rappelant les ruines de Pompéi, l’événement s’articule autour d’une table où les invités servent à mettre involontairement en scène les traces d’une atmosphère conviviale et animée. Ces traces, ces restes de table, ces assiettes, ces plats, ces verres et gobelets, dans le désordre évocateur du repas terminé, sont ensuite « fossilisés » dans le verre selon une technique propre à l’artiste. Ce moment de vie est ainsi figé et prêt à être redécouvert et interrogé par l’observateur. Un peu plus loin, nous sommes fascinés par « La robe » réalisée en 2007 par la sculpteure américaine Karen LaMonte. Cette fameuse robe diaphane de verre étonne d’emblée par la dextérité de sa facture et la prodigieuse technique qui l’a produite. Bien qu’habitée par le vide, la première étape dans la réalisation a consisté à mouler un corps d’après un modèle vivant. Des contremoulages et de longues étapes préparatoires ont finalement permis à l’artiste de procéder à la mutation du modèle en verre. Tout simplement splendide ! 

Et bien sûr, les œuvres de nombreux autres artistes y sont exposées : Till Augustin (Bloc de verre radial), Ales Vasicek (Monochrome bleu), Jaroslava Brychtova et Stanislav Libensky (Espace bleu), Marta Klonowska (Philip IV chasseur), Arthur Menet et Zénon Degrelle (Ensemble de chevaux décoratif) … et beaucoup d’autres. Puis, il y a l’alcôve sur la société humaine ou encore celle sur la nature ; impossible de tout citer. Époustouflant de voir tout ce qu’il est possible de réaliser avec du verre ! Le MusVerre se veut un musée vivant et les pièces exposées sont constamment renouvelées. Voilà une raison de plus pour y retourner …

En partant, nos regards sont braqués sur les pignons des maisons du village. Effectivement, bon nombre d’entre elles sont ornées d’épis de faîtage en verre. Après un court trajet, nous arrivons au Château de la Motte à Liessies pour le repas d’automne. Situé dans un environnement préservé au cœur du Parc naturel régional de l’Avesnois, cette ancienne dépendance de l’abbaye de Liessies nous accueille avec une très bonne cuisine pour un bon moment de détente et de convivialité. Même davantage : le chef nous a préparé un véritable festin gastronomique ; difficile de résister à toutes ces choses délicieuses !

Je termine ce petit compte rendu en vous signalant que la tombola littéraire organisée à cette occasion a rapporté au total 525 euros qui ont été versé dans la cagnotte B.A. Sauf erreur de ma part, tout le monde est rentré avec un livre sous les bras ; donc, bonne lecture ! Enfin, je tiens à vous remercier de tout cœur pour votre participation, votre aide et surtout votre générosité lors de cet événement.

Dans l’attente de vous revoir le 21 décembre pour la dernière conférence de cette année, je vous adresse toutes mes amitiés