dernière mise à jour 14/06/17

 
2017
 

 

Aix-la-CHapelle

 

Gembloux, le 6 juin 2017,

 

Bonjour à toutes et tous,

 

Nous étions 47 pour ce déplacement à Aix-la-Chapelle, ville-frontière à deux pas de la Belgique et connue avant tout comme ancienne capitale de l’empire de Charlemagne. Aujourd’hui, c’est une métropole de près de 260.000 habitants dotée d’une grande université technique. C’est sous un soleil radieux et par des températures très agréables que Thierry nous a déposés au centre-ville. La journée a commencé au restaurant « Elisenbrunnen » avec un café/thé et un pistolet croquant au jambon.

Ensuite, nous nous sommes rendus au « Rathaus » (Hôtel de ville) qui se trouve à quelque  200 mètres de là et qui a été bâti sur une partie des fondations du palais monumental que Charlemagne fit construire à Aix-la-Chapelle. Ce palais fut probablement encore inachevé en 800, l’année de son sacre impérial. Il ne le quitta que très rarement pour en faire son lieu de résidence préféré et le centre de son pouvoir. Le choix du lieu est sans doute dû aux faits qu’il était situé au centre de l’empire et qu’il y avait des thermes et des forêts pour la chasse.

Après la chapelle palatine (voir plus loin), le plus grand monument conservé de l’époque de Charlemagne est la « Tour Granus ». ; le reste a disparu. Vers 1350, l’hôtel de ville fut inauguré ; il était construit dans le style gothique, un peu à l’image de ce qu’il est maintenant.


Cet édifice impressionna tellement son époque qu’il a inspiré de nombreux hôtels de ville en Flandre et en Brabant, notamment à Anvers, Bruges et Gand. L’incendie de 1656 détruisit les combles et les flèches des tours ; on opta rapidement pour la reconstruction des tours dans le style « moderne » du baroque, suivie du réaménagement de la façade. Fréderic-Guillaume IV décida de le regothiser, mais après un nouvel incendie en 1883, les tours furent reconstruites dans le style néogothique. Enfin, après les bombardements de 1943-44, le tout fut reconstruit à l’identique. La principale curiosité se trouve sur la façade nord, ornée de cinquante statues de souverains germaniques dont 31 ont été couronnés à Aix-la-Chapelle.

Notre visite de l’intérieur de l’hôtel de ville a débuté par la Salle du conseil. Le plafond de la première voûte dévoile une peinture de la Renaissance datant de 1628 et représentant les quatre vertus cardinales de Platon : la sagesse et la connaissance par un livre ; la justice par une balance ; la tempérance par un miroir ; la force par un lion. Les boiseries datent du début de la période baroque de l’édifice. A côté de la porte se trouve un portrait de l’empereur Napoléon 1er et un autre de son épouse Joséphine.

Nous sommes ensuite passés dans la Salle blanche somptueusement aménagée en petite salle de fête. Décorée en stuc, on peut y distinguer un cheval ailé ayant la tête d’une chèvre, la queue d’un oiseau et la poitrine d’une femme. La Chambre des contremaîtres constitue l’une des plus belles salles de style baroque. A côté de trois grandes peintures murales de Bollenrath, on y découvre un portrait de Charlemagne ainsi que les portraits des maires aixois ayant exercé leurs fonctions dans cette salle. Trois vitrines présentent le collier du maire et les pièces les plus importantes de la collection d’argenterie du conseil d’Aix-la-Chapelle.

La Cuisine des contremaîtres remémore la tradition des drapiers aixois. Dans la cheminée datant de 1668, chef-d’œuvre de la Renaissance, on aperçoit une plaque en fonte représentant Charlemagne entouré de la chapelle palatine et de l’aigle impérial à deux têtes.


En montant l’escalier, nous avons pu découvrir le Prix international Charlemagne et ses lauréats. Depuis 1949, ce prix récompense des grandes personnalités pour leur engagement particulier en faveur de l’Europe unie (avec notamment Paul-Henri Spaak et Léo Tindemans). De là, nous avons accédé à la somptueuse Salle des couronnements. Déjà durant le Moyen Age, les banquets de couronnement lui prêtaient toute sa dimension européenne et les trois blasons disposés au-dessus du podium y font référence. Pour terminer la visite, nous avons pu admirer les fresques réalisées par Alfred Rethel ainsi que les joyaux impériaux.
En nous rendant au restaurant pour un repas préparé selon une recette typiquement allemande, nous avons longé quelques jolies bâtisses témoignant du passé de la ville et nous nous sommes arrêtés quelques instants devant l’une des nombreuses fontaines caractéristiques de la ville. C’était également l’occasion de goûter les fameuses « Aachener Printen ». Nous sommes ensuite passés à proximité de la cathédrale dont l’origine remonte à Charlemagne. En effet, le palais qu’il fit ériger abritait une chapelle octogonale qui a servi par la suite de noyau à la Cathédrale d’Aix-la-Chapelle dont les travaux se sont étalés sur plusieurs siècles et qui est aujourd’hui inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a été depuis toujours dédiée à la Sainte Vierge Marie. Au Moyen Age, elle a entre autres été le lieu de couronnement des rois allemands.

Dans le porche, nous avons été accueillis par une louve en bronze (symbole du pouvoir terrestre de Rome), mais il s’agit en réalité d’une ourse ; y est exposé aussi une pomme de pin (symbole du pouvoir spirituel de Rome). La Chapelle palatine, construite selon les modèles byzantins de l’époque, fut achevée en 805. Le bâtiment a la forme d’un dôme, sur deux niveaux, à double coque octogonale reposant sur de puissants piliers, se terminant par une voûte entièrement en fenêtres hautes. Le tout culmine à 33 mètres de hauteur. Elle reste un exemple typique de l’art carolingien avec notamment une présence remarquée de portes et d’objets en bronze.   

Barberousse fit don à l’église d’un lustre (Lustre de Barberousse) en fer et cuivre doré, d’un diamètre de 4,20 mètres et portant 48 bougies. Il pend à une chaîne forgée de 26 mètres et représente la ville des Lumières qui descend du ciel à l’image de la couronne de vainqueur promise aux chrétiens. On peut y voir aussi une statue de la Vierge vêtue de véritables vêtements : elle posséderait plus de 50 robes et serait l’une des dames d’Aix-la-Chapelle détenant la plus riche garde-robe. En avançant vers le chœur, notre attention fut attirée par le maître-autel avec sa « Pala d’oro » (retable d’or) datant de 1000-1020 et comprenant 17 reliefs en or illustrant la Passion. Dans le chœur même, nous avons d’abord pu admirer le Reliquaire de la Vierge Marie réalisé entre 1220 et 1236-1238. Il a la forme d’une église et est fait en chêne recouvert d’or. Ensuite, il y a un pupitre à Aigle, le tombeau de l’empereur Otton III et la châsse de Charlemagne. Celle-ci contient des ossements de l’empereur et fut réalisée entre 1200 et 1215. Au mur méridional de l’espace du chœur se trouve un ambon : cette chaire somptueuse est faite en chêne recouvert de cuivre doré et fut un don de l’empereur Henri II  (✝ 1024).


Nous avons terminé la visite de la cathédrale en montant à l’étage où se trouve le trône de Charlemagne, constitué de quatre plaques de marbre de Paros retenues par des fixations en bronze. On y accède par six marches et il se tient dans l’axe de l’église juste en face du maître-autel. Tous les rois couronnés en ces lieux furent intronisés sur ce trône sur lequel ils devaient impérativement s’asseoir afin de pouvoir « s’emparer » du pouvoir.  

Il est vrai que, chronologiquement, nous sommes d’abord allés voir le Trésor de la Cathédrale d’Aix-la-Chapelle avant d’entrer dans la cathédrale même, mais l’ordre des visites n’a aucune importance. Il s’agit sans doute d’un des plus prestigieux trésors ecclésiastiques qui soit. Il loge depuis 1979 dans une partie du cloître. En fait, les objets du Trésor n’ont pas été réunis dans le but d’établir une collection d’intérêt artistique. Il s’agit plutôt d’éléments qui, au fil des siècles, enrichirent l’agencement de Sainte-Marie et dont la plupart sont liés à la célébration de la liturgie et au culte des reliques. Ci-après une sélection très restreinte des objets exposés.

Le célèbre Sarcophage de Proserpine (en marbre, datant du premier quart du IIIe siècle) est un élément de la tombe murale construite pour Charlemagne ; la dépouille mortelle du grand empereur y reposa de 814 à 1165. C’est un sarcophage romain montrant une scène mythologique représentant l’Enlèvement de Proserpine par Pluton.


Dans la pièce suivante se trouve un buste de Charlemagne qui est en même temps le reliquaire le plus connu de la cathédrale : il renferme une partie du crâne de l’empereur. Ce reliquaire, en argent doré, est serti de pierres précieuses et a été offert par Charles IV lors de son couronnement en 1349. Plus tard, durant les cérémonies de couronnement des rois à Aix-la-Chapelle, le buste était porté à la rencontre du nouveau roi. Charlemagne saluait ainsi symboliquement son successeur aux portes de la ville. Se trouve également au Trésor un reliquaire en forme de bras dans lequel sont conservés quelques ossements … présumés de Charlemagne.

 

Les guides nous ont ensuite amenés devant la vitrine contenant la « Croix de Lothaire », une œuvre offerte à la cathédrale par Otton III vers l’an 1000. Elle contient 144 pierres précieuses et affiche du cristal de roche au centre avec un camée de l’empereur romain Auguste. A l’arrière apparaît le Christ crucifié gravé dans le précieux métal. Cette croix processionnelle, un magnifique exemple de l’art sacré médiéval de la fin du Xe siècle, avait aussi sa place dans le cérémonial du couronnement.

 

Encore un mot du Retable de la Passion, triptyque gothique tardif représentant la Passion du Christ et qui est l’œuvre d’un maître anonyme. Il a été réalisé à Cologne vers 1515-1520. Les trois panneaux ouverts montrent des scènes depuis le couronnement d’épines jusqu’à l’ascension du Christ.

Bien sûr, le Trésor de la Cathédrale abrite encore bien d’autres merveilles comme par exemple trois récipients d’orfèvrerie gothique de grande valeur et de conception foncièrement diverses, destinés à recueillir les reliques de Charlemagne. Ou encore les précieux cadenas avec leur mystérieuse histoire pour ouvrir la châsse de la Vierge Marie …

Nous avons quitté Aix-la-Chapelle avec le sentiment que cette ville avait encore plein de choses passionnantes à nous dévoiler et à nous raconter. Mais il était temps de regagner la Belgique où nous avons fait une petite halte dans la ville voisine, Eupen, pour prendre un dernier verre accompagné d’une bonne crêpe. Un établissement bien sympa ! A partir d’ici, nous avons pris l’autoroute en direction de Gembloux.

En vous souhaitant bonne lecture et à bientôt, je vous adresse toutes mes amitiés