dernière mise à jour 12/09/17

 
2017
 

 

Croisière gourmande sur la Meuse et visites d’un élevage d’autruches et de l’abbaye de Leffe

 

Gembloux, le 19 août 2017

 

Bonjour à toutes et à tous,

 

Nous avons retrouvé Thierry en pleine forme après ses vacances et nous étions 51 Copines et Copains pour commencer cette journée avec un café/thé et un croissant au pied de la citadelle de Dinant. Nous nous sommes rendus ensuite à Sorinnes pour visiter « L’Autrucherie du Pont d’Amour » dont le nom est directement lié au lieu-dit. Installée depuis une vingtaine d’années en pleine campagne dinantaise, cette ferme héberge quelque 200 animaux exotiques : principalement des autruches, mais aussi quelques autres ratites (oiseaux coureurs) et cousins proches des autruches, à savoir des émeus, nandous et casoars. L’exigence première est de garantir un élevage sain dans un milieu naturel pour une production de qualité.

Avec un grand chapeau de chasse sur la tête et des lunettes fumées, Réginald, le propriétaire, nous fait découvrir de A à Z les conditions d’élevage de ses animaux. Dans un hangar, il nous explique que l’autruche est sans conteste un oiseau d’exception qui détient de nombreux records dans le monde animal : elle est le plus grand oiseau, elle possède les plus gros yeux de tous les animaux terrestres, elle est le plus rapide des bipèdes et elle pond les plus gros œufs !

D’une taille pouvant atteindre 2,75 mètres et d’un poids jusque 150 kg, les autruches sont plutôt impressionnantes ; les femelles restent néanmoins plus petites que les mâles.


Tout ce qui rend possible le vol chez les oiseaux a subi chez l’autruche de sensibles modifications. Sans rentrer dans les détails, retenons qu’elle est dotée de membres postérieurs (pattes) très développés et terminés par deux doigts, ce qui est unique chez les oiseaux. Le doigt interne, plus imposant que l’autre, porte un ongle robuste qui peut être utilisé comme arme redoutable contre les prédateurs et autres « ennemis » à l’occasion de puissants coups de pied. La longueur des pattes, leur volumineuse musculature et la conformation des pieds autorisent des déplacements très rapides. Ainsi, l’autruche atteint facilement 30 km/h (et même 50 km/h) pendant un quart d’heure, voire une demi-heure. En cas de nécessité vitale, elle peut pousser des pointes jusqu’à 70, voire même 100 km/h.

Les autruches vivent en famille ou en groupes bien organisés. Les mâles sont polygames, mais ce sont les femelles qui commandent et dirigent ! Ainsi, les mâles peuvent avoir jusqu’à trois ou quatre concubines de second rang, mais c’est la première élue qui, ainsi dominante, choisit celles-ci en s’interposant quand « son » mâle courtise des femelles dont elle ne veut pas. Si le mâle a un harem, les femelles pondent volontiers ensemble. La femelle principale donne jusqu’à huit œufs, les autres seulement trois ou quatre, soit au total une vingtaine d’œufs par nid. La couvaison demande 39 à 42 jours. En général, le mâle couve la nuit et la femelle le jour, son plumage plus camouflé lui permettant d’être moins repérable par les prédateurs.

En élevage, les œufs sont évidemment ramassés tous les jours. Ici, la période de ponte s’étend d’avril à septembre et une femelle peut pondre jusqu’à 50 œufs, avec un œuf tous les un à trois jours. L’œuf est de forme « ovale » (comme les œufs des reptiles) et sa coquille est très épaisse (de 2,2 à 2,5 mm). Il peut peser jusqu’à 1.600 g et représenter l’équivalent d’une trentaine d’œufs de poule. Il est bien sûr comestible et avec un seul œuf d’autruche, on peut faire 120 crêpes ou 12 omelettes ! Pour la reproduction, les œufs sont placés dans des incubateurs (la poche d’air vers le haut !) dans des conditions de température, d’humidité de l’air et d’inclinaison parfaitement surveillées.

La longévité des autruches se situe en moyenne à 30 ans, mais peut atteindre 50 à 55 ans et même jusqu’à 70 ans en captivité. La maturité sexuelle apparaît vers 4 à 5 ans. Pour terminer, retenons que l’autruche a quand même hérité « quelque chose » des dinosaures et que la légende de « mettre la tête dans le sable pour échapper à un péril » n’a absolument rien de véridique.Bien qu’elle soit omnivore, l’autruche se nourrit essentiellement de végétaux (dominance herbivore). A l’instar d’autres oiseaux, elle ingurgite quotidiennement l’équivalent de plusieurs poignées de graviers et de cailloux pour faciliter la trituration des végétaux dans le gésier. Par ailleurs, elles sont des véritables insomniaques : elles passent les nuits en somnolant d’une à quatre fois et seulement pendant 1 à 16 minutes, elles tombent dans un profond sommeil !

 


Après avoir côtoyé de près les animaux pendant notre petit parcours sur le terrain, nous avons dû abréger quelque peu cette visite bien sympathique et nous n’avons pas eu le temps de nous attarder sur les intérêts de la viande d’autruche. Eh oui, c’était déjà l’heure pour nous diriger vers le bateau « Le Sax » pour une croisière gourmande sur la Meuse. Le MS Sax a fait peau neuve en 2016 et peut accueillir jusque 250 personnes sur ses deux niveaux, mais ce 3 août, nous étions seuls à bord. Notre petit voyage de Dinant en direction d’Anseremme, Freÿr, Waulsort et retour a duré trois heures ce qui nous a permis de prendre un bon repas à bord servi par un équipage charmant et dynamique.

En sus, dès les premiers mouvements du bateau, le soleil s’est joint à nous, faisant de cette petite croisière un moment hors du commun et offrant un autre angle de vue sur la vallée mosane. Ainsi, nous sommes passés par l’écluse d’Anseremme permettant aux bateaux de franchir une dénivellation de 2,40 mètres avant d’accéder au bief le plus sauvage de la Haute Meuse. Nous avons également pu admirer le Prieuré, le célèbre château de Freÿr avec ses jardins français, ainsi que les rochers Freÿr qui forment le plus grand massif d’escalade de Belgique. Bref, ce fut un moment très agréable !

 

Nous nous sommes rendus ensuite à l’Abbaye Notre-Dame de Leffe où le Frère Jean-Baptiste (un vrai Ardennais) nous attendait pour une visite pas comme les autres. Le ton était déjà donné par sa phrase d’accueil « Apportez tout de chez vous chez nous et n’emportez rien de chez nous chez vous ! ». A Leffe, ils sont encore 13 Frères appartenant à l’ordre qui a été créé en 1121 par Saint-Norbert dans la commune française de Prémontré. C’est ainsi qu’on les appelle aussi « Les Prémontrés ». Ils ne sont pas à proprement parler des moines, mais ils vivent une vie conventuelle forte ; ce sont des chanoines. Les trois vœux sont : obéissance, pauvreté et chasteté. Leur habit blanc fait référence à la dénomination de Prémontrés. Ils veulent propager l’Evangile afin que les hommes puissent y puiser du courage et de la confiance.

Mais ils veulent également réaliser cet évangile ensemble, en tant que confrères dans une communauté de prière et de services ; ils recherchent une unité entre la vie en communauté, la prière et l’engagement pastoral. En d’autres termes, la fondation de l’abbaye de Leffe est à replacer dans la Réforme grégorienne du XIe siècle ; la communauté a choisi la règle de Saint-Augustin mais ne renonce pas à prendre en charge les paroisses rurales.

Le prieuré de Leffe, fondé en 1152 par l’abbaye de Floreffe, ne fut élevé au rang d’abbaye qu’en 1200, compte tenu du nombre sans cesse grandissant de novices qui y séjournaient. Son histoire relativement paisible fut cependant secouée par le sac de Dinant en 1466 qui vit la perte d’une quantité considérable d’archives. En 1792, à l’approche des troupes révolutionnaires, les religieux trouvèrent asile à Givet ; en 1796, les biens du clergé étant devenus propriété étatique, l’abbaye de Leffe s’éteignit. Les bâtiments ainsi désertés furent occupés successivement par une verrerie, une papeterie et une fabrique de lin. Plus tard, 1903 vit l’arrivée de religieux français ; après leur départ, l’abbaye de Tongerloo rendit, à son tour, sa raison d’être au sanctuaire. Aujourd’hui, il ne subsiste rien des églises abbatiales antérieures au XVIIIe siècle.

Le porche d’entrée qui demeure au débouché de la route de la vallée de Leffe constitue le seul vestige de l’église de la première moitié du XVIIe siècle. L’ensemble des bâtiments disposés de manière rectangulaire compose un bel édifice des XVIIe et XVIIIe siècles. Seule la bibliothèque est isolée en dehors de l’enceinte ; à noter son élégant portique datant, comme le reste du monument, de 1720.

Avec plein d’anecdotes et une bonne dose d’humour, le Frère Jean-Baptiste nous fait découvrir cette abbaye paisible, le sort des bâtiments au cours des siècles mais aussi l’histoire et la vie actuelle de la communauté des Prémontrés. Le site est classé « monument historique ». Après un petit tour à l’extérieur des bâtiments en passant par la cour d’honneur, nous avons visité l’abbaye même avec l’ancien cloître. Il faut noter qu’une partie importante de l’abbaye, communément appelée la « clôture », est exclusivement réservée aux chanoines et malgré leur sens fort de l’hospitalité, ils sont intransigeants sur le respect de la clôture par les visiteurs.

Pour terminer, encore un mot sur l’église abbatiale avec sa grande voûte de bois, installée dans la grange de l’ancienne ferme. Ici, notre regard s’est d’abord posé sur l’immense retable (2,53 x 4,05 mètres) intitulé « L’adoration des Bergers », d’une grande richesse symbolique et peint vers 1470 par Hugo van der Goes (pour être exact, il s’agit ici d’une copie à l’identique, car l’original se trouve dans la « Galerie des Offices » à Florence). Puis il y a le fameux orgue de Leffe qui s’inspire des instruments construits au début du XVIIIe siècle par le facteur d’orgues Gottfried Silbermann en Saxe.

Construit en chêne de Bourgogne, il est recouvert d’une huile naturelle. Il s’élève à près de 7 mètres pour une largeur de 4,64 mètres et une profondeur de 3,30 mètres ; les claires-voies sont sculptées et recouvertes d’une peinture et de feuilles d’or. Nous y avons encore pu voir le vitrail avec le blason de l’abbaye et avons appris que chaque abbé a son propre blason …

Qu’en est-il alors de la fameuse bière ? Retenons simplement que, sans être brassée sur place, la bière de Leffe permet à l’abbaye d’être moins gênée par des soucis financiers. Et pour terminer cette visite très intéressante, nous n’oublierons certainement pas « l’histoire de la vengeance de Saint-Joseph » ! Un tout grand merci au Frère Jean-Baptiste.

Pour clôturer cette belle journée, nous sommes retournés au pied de la citadelle où nous avons encore pris un café ou une bonne bière de Leffe avec un morceau de tarte avant de reprendre le car pour le chemin de retour, cette fois en suivant la vallée de la Meuse.

En vous souhaitant bonne lecture et à bientôt, je vous adresse toutes mes amitiés