Croisière gourmande sur la Meuse et visites d’un élevage d’autruches
et de l’abbaye de Leffe
Gembloux, le 19 août 2017
Bonjour à toutes et
à tous,
Nous avons retrouvé Thierry en pleine forme après ses vacances et nous
étions 51 Copines et Copains pour commencer cette journée avec un café/thé et un
croissant au pied de la citadelle de Dinant. Nous nous sommes rendus ensuite à
Sorinnes pour visiter « L’Autrucherie
du Pont d’Amour » dont le nom est directement lié au lieu-dit. Installée
depuis une vingtaine d’années en pleine campagne dinantaise, cette ferme
héberge quelque 200 animaux exotiques : principalement des autruches, mais
aussi quelques autres ratites (oiseaux coureurs) et cousins proches des
autruches, à savoir des émeus, nandous et casoars. L’exigence première est de
garantir un élevage sain dans un milieu naturel pour une production de qualité.
Avec un grand chapeau de chasse sur la tête et des lunettes fumées,
Réginald, le propriétaire, nous fait découvrir de A à Z les conditions d’élevage
de ses animaux. Dans un hangar, il nous explique que l’autruche est sans
conteste un oiseau d’exception qui détient de nombreux records dans le monde
animal : elle est le plus grand oiseau, elle possède les plus gros yeux de
tous les animaux terrestres, elle est le plus rapide des bipèdes et elle pond
les plus gros œufs !
D’une taille pouvant
atteindre 2,75 mètres et d’un poids jusque 150 kg, les autruches sont plutôt
impressionnantes ; les femelles restent néanmoins plus petites que les
mâles. |
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Tout ce qui rend possible le vol chez les oiseaux a subi chez l’autruche
de sensibles modifications. Sans rentrer dans les détails, retenons qu’elle est
dotée de membres postérieurs (pattes) très développés et terminés par deux
doigts, ce qui est unique chez les oiseaux. Le doigt interne, plus imposant que
l’autre, porte un ongle robuste qui peut être utilisé comme arme redoutable
contre les prédateurs et autres « ennemis » à l’occasion de puissants
coups de pied. La longueur des pattes, leur volumineuse musculature et la
conformation des pieds autorisent des déplacements très rapides. Ainsi,
l’autruche atteint facilement 30 km/h (et même 50 km/h) pendant un quart
d’heure, voire une demi-heure. En cas de nécessité vitale, elle peut pousser
des pointes jusqu’à 70, voire même 100 km/h. |
Les autruches vivent
en famille ou en groupes bien organisés. Les mâles sont polygames, mais ce sont
les femelles qui commandent et dirigent ! Ainsi, les mâles peuvent avoir
jusqu’à trois ou quatre concubines de second rang, mais c’est la première élue
qui, ainsi dominante, choisit celles-ci en s’interposant quand
« son » mâle courtise des femelles dont elle ne veut pas. Si le mâle
a un harem, les femelles pondent volontiers ensemble. La femelle principale
donne jusqu’à huit œufs, les autres seulement trois ou quatre, soit au total
une vingtaine d’œufs par nid. La couvaison demande 39 à 42 jours. En général,
le mâle couve la nuit et la femelle le jour, son plumage plus camouflé lui
permettant d’être moins repérable par les prédateurs. |
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En élevage, les œufs
sont évidemment ramassés tous les jours. Ici, la période de ponte s’étend
d’avril à septembre et une femelle peut pondre jusqu’à 50 œufs, avec un œuf
tous les un à trois jours. L’œuf est de forme « ovale » (comme les
œufs des reptiles) et sa coquille est très épaisse (de 2,2 à 2,5 mm). Il peut
peser jusqu’à 1.600 g et représenter l’équivalent d’une trentaine d’œufs de
poule. Il est bien sûr comestible et avec un seul œuf d’autruche, on peut faire
120 crêpes ou 12 omelettes ! Pour la reproduction, les œufs sont placés
dans des incubateurs (la poche d’air vers le haut !) dans des conditions
de température, d’humidité de l’air et d’inclinaison parfaitement surveillées. |
La longévité des
autruches se situe en moyenne à 30 ans, mais peut atteindre 50 à 55 ans et même
jusqu’à 70 ans en captivité. La maturité sexuelle apparaît vers 4 à 5 ans. Pour
terminer, retenons que l’autruche a quand même hérité « quelque
chose » des dinosaures et que la légende de « mettre la tête dans le
sable pour échapper à un péril » n’a absolument rien de véridique.Bien qu’elle soit
omnivore, l’autruche se nourrit essentiellement de végétaux (dominance
herbivore). A l’instar d’autres oiseaux, elle ingurgite quotidiennement
l’équivalent de plusieurs poignées de graviers et de cailloux pour faciliter la
trituration des végétaux dans le gésier. Par ailleurs, elles sont des
véritables insomniaques : elles passent les nuits en somnolant d’une à
quatre fois et seulement pendant 1 à 16 minutes, elles tombent dans un profond
sommeil ! |
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Après avoir côtoyé
de près les animaux pendant notre petit parcours sur le terrain, nous avons dû
abréger quelque peu cette visite bien sympathique et nous n’avons pas eu le
temps de nous attarder sur les intérêts de la viande d’autruche. Eh oui,
c’était déjà l’heure pour nous diriger vers le bateau « Le Sax » pour une croisière gourmande sur la Meuse. Le MS Sax a fait peau neuve en 2016 et peut accueillir jusque 250
personnes sur ses deux niveaux, mais ce 3 août, nous étions seuls à bord. Notre
petit voyage de Dinant en direction d’Anseremme, Freÿr, Waulsort et retour a
duré trois heures ce qui nous a permis de prendre un bon repas à bord servi par
un équipage charmant et dynamique. |
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En sus, dès les premiers mouvements du
bateau, le soleil s’est joint à nous, faisant de cette petite croisière un
moment hors du commun et offrant un autre angle de vue sur la vallée mosane. Ainsi,
nous sommes passés par l’écluse d’Anseremme permettant aux bateaux de franchir
une dénivellation de 2,40 mètres avant d’accéder au bief le plus sauvage de la
Haute Meuse. Nous avons également pu admirer le Prieuré, le célèbre château de
Freÿr avec ses jardins français, ainsi que les rochers Freÿr qui forment le
plus grand massif d’escalade de Belgique. Bref, ce fut un moment très
agréable ! |
Nous nous sommes
rendus ensuite à l’Abbaye Notre-Dame de
Leffe où le Frère Jean-Baptiste (un vrai Ardennais) nous attendait pour une
visite pas comme les autres. Le ton était déjà donné par sa phrase d’accueil
« Apportez tout de chez vous chez
nous et n’emportez rien de chez nous chez vous ! ». A Leffe, ils
sont encore 13 Frères appartenant à l’ordre qui a été créé en 1121 par
Saint-Norbert dans la commune française de Prémontré. C’est ainsi qu’on les
appelle aussi « Les Prémontrés ».
Ils ne sont pas à proprement parler des moines, mais ils vivent une vie
conventuelle forte ; ce sont des chanoines. Les trois vœux sont :
obéissance, pauvreté et chasteté. Leur habit blanc fait référence à la
dénomination de Prémontrés. Ils veulent propager l’Evangile afin que les hommes
puissent y puiser du courage et de la confiance. |
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Mais ils veulent également
réaliser cet évangile ensemble, en tant que confrères dans une communauté de
prière et de services ; ils recherchent une unité entre la vie en
communauté, la prière et l’engagement pastoral. En d’autres termes, la
fondation de l’abbaye de Leffe est à replacer dans la Réforme grégorienne du XIe siècle ; la communauté a choisi la règle de Saint-Augustin mais ne renonce
pas à prendre en charge les paroisses rurales.
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Le prieuré de Leffe,
fondé en 1152 par l’abbaye de Floreffe, ne fut élevé au rang d’abbaye qu’en
1200, compte tenu du nombre sans cesse grandissant de novices qui y
séjournaient. Son histoire relativement paisible fut cependant secouée par le
sac de Dinant en 1466 qui vit la perte d’une quantité considérable d’archives.
En 1792, à l’approche des troupes révolutionnaires, les religieux trouvèrent
asile à Givet ; en 1796, les biens du clergé étant devenus propriété
étatique, l’abbaye de Leffe s’éteignit. Les bâtiments ainsi désertés furent
occupés successivement par une verrerie, une papeterie et une fabrique de lin.
Plus tard, 1903 vit l’arrivée de religieux français ; après leur départ,
l’abbaye de Tongerloo rendit, à son tour, sa raison d’être au sanctuaire. Aujourd’hui, il ne subsiste rien des églises abbatiales antérieures au XVIIIe siècle. |
Le porche d’entrée qui demeure au débouché de la route de la vallée de Leffe
constitue le seul vestige de l’église de la première moitié du XVIIe siècle. L’ensemble des bâtiments disposés de manière rectangulaire compose un
bel édifice des XVIIe et XVIIIe siècles. Seule la
bibliothèque est isolée en dehors de l’enceinte ; à noter son élégant
portique datant, comme le reste du monument, de 1720.
Avec plein
d’anecdotes et une bonne dose d’humour, le Frère Jean-Baptiste nous fait
découvrir cette abbaye paisible, le sort des bâtiments au cours des siècles
mais aussi l’histoire et la vie actuelle de la communauté des Prémontrés. Le
site est classé « monument historique ». Après un petit tour à l’extérieur
des bâtiments en passant par la cour d’honneur, nous avons visité l’abbaye même
avec l’ancien cloître. Il faut noter qu’une partie importante de l’abbaye, communément
appelée la « clôture », est exclusivement réservée aux chanoines et
malgré leur sens fort de l’hospitalité, ils sont intransigeants sur le respect
de la clôture par les visiteurs. |
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Pour terminer,
encore un mot sur l’église abbatiale avec sa grande voûte de bois, installée
dans la grange de l’ancienne ferme. Ici, notre regard s’est d’abord posé sur
l’immense retable (2,53 x 4,05 mètres) intitulé « L’adoration des Bergers », d’une grande richesse symbolique et
peint vers 1470 par Hugo van der Goes (pour être exact, il s’agit ici d’une
copie à l’identique, car l’original se trouve dans la « Galerie des
Offices » à Florence). Puis il y a le fameux orgue de Leffe qui s’inspire
des instruments construits au début du XVIIIe siècle par le facteur
d’orgues Gottfried Silbermann en Saxe. |
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Construit en chêne de Bourgogne, il est
recouvert d’une huile naturelle. Il s’élève à près de 7 mètres pour une largeur
de 4,64 mètres et une profondeur de 3,30 mètres ; les claires-voies sont
sculptées et recouvertes d’une peinture et de feuilles d’or. Nous y avons
encore pu voir le vitrail avec le blason de l’abbaye et avons appris que chaque
abbé a son propre blason …
Qu’en est-il alors
de la fameuse bière ? Retenons simplement que, sans être brassée sur
place, la bière de Leffe permet à l’abbaye d’être moins gênée par des soucis
financiers. Et pour terminer cette visite très intéressante, nous n’oublierons
certainement pas « l’histoire de la vengeance de
Saint-Joseph » ! Un tout grand merci au Frère Jean-Baptiste.
Pour clôturer cette
belle journée, nous sommes retournés au pied de la citadelle où nous avons
encore pris un café ou une bonne bière de Leffe avec un morceau de tarte avant
de reprendre le car pour le chemin de retour, cette fois en suivant la vallée
de la Meuse.
En vous souhaitant bonne lecture et à bientôt,
je vous adresse toutes mes amitiés
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